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La santé et le populisme

La santé et le populisme

Une jeune femme de 22 ans est décédée, mercredi 26 juillet, quelques heures après avoir accouché d’un mort-né dans la voiture de sa famille​, à Djelfa​. La justice s’est saisie de l’affaire. Cinq personnes, dont trois sages-femmes travaillant dans trois hôpitaux de cette wilaya, ont été inculpées et écr​ouées. Au total, quinze personnes ont été entendues par la justice. Pour sa part, le ministère de la Santé a dépêché une commission d’enquête sur place.

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Ce drame a constitué une occasion pour beaucoup d’Algériens de pointer une nouvelle fois les défaillances dans le système de santé. Sur les réseaux sociaux et dans la presse, des affaires similaires à celle de Djelfa, ou plus graves encore dans certains cas, sont relatée​s. Ici, on a laissé mourir un patient. Là, on a refusé l’accès à l’hôpital à une femme enceinte par manque de places. Dans un autre hôpital, c’est tout le personnel qui est « inhumain ».

Des photos montrant des hôpitaux sales, des malades délaissés ou comparant nos hôpitaux à ceux d’autres pays développés avec la virulence habituelle des commentateurs.

Le drame de Djelfa aurait pu servir de déclencheur pour enfin lancer un débat sérieux sur notre système de santé. Ce dernier​ doit d’abord être pensé dans sa globalité, comme un système intégré qui commence de la prévention dès la naissance jusqu’aux soins palliatifs et l’accompagnement du malade en fin de vie.

Comme la majorité des habitants de la Planète, les Algériens vivent de plus en plus longtemps. Et qui dit espérance de vie plus longue, dit des soins médicaux réguliers. Plus on vieillit, plus le corps a besoin d’être régulièrement soigné. Nos hôpitaux, et plus globalement notre système de santé, n’ont pas intégré cette nouvelle donne. L’Algérie doit penser à développer les soins à domicile et à distance. Des applications issues des nouvelles technologies offrent aujourd’hui de telles solutions qui permettent de désengorger nos hôpitaux.

En plus du vieillissement, les Algériens sont touchés par les nouvelles pathologies qui touchent les sociétés modernes : les maladies chroniques. Ces maladies, directement liées à l’alimentation et au mode de vie, ont en commun d’avoir des traitements très coûteux. Même aux États-Unis et en Europe, les coûts des traitements anticancéreux par exemple sont jugés excessifs par les gouvernements qui critiquent régulièrement les laboratoires pharmaceutiques.

Sur la gestion de ces maladies, notre système de santé pèche à la fois par une absence totale de prévention – nous subventionnons le sucre et l’huile de tournesol – et un manque flagrant de moyens. Le budget de la santé en Algérie est dérisoire au regard des coûts de ces traitements.

Ces coûts élevés ont une répercussion sur la globalité de notre système de santé. Et bien entendu, ce sont les plus faibles qui paient la facture, à commencer par les hôpitaux de province.

À Djelfa, les sages-femmes ont peut-être péché par excès de prudence ou par manque de rigueur. La justice et la commission d’enquête du ministère fourniront peut-être la réponse. Mais ces sages-femmes ne doivent pas être les seules à payer pour des dysfonctionnements qui les dépassent et dont elles ne sont pas responsables.

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