Économie

Le rush attendu des Algériens en Tunisie suscite la polémique

L’Algérie rouvre à partir de vendredi 15 juillet ses frontières avec la Tunisie, après plus de deux ans de fermeture pour cause du Covid-19.

La décision de rouvrir les frontières terrestres avec le voisin de l’est a été annoncée mardi 5 juillet par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.

L’annonce a été faite à Alger en présence du président tunisien, Kaïs Saïed, lors de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance nationale.

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Cette décision a suscité de l’engouement de part et d’autre des frontières. Les Tunisiens aux prises avec une crise économique comptent sur les touristes algériens pour redynamiser leur économie en berne.

En quête d’évasion et de loisirs, les Algériens attendaient cette réouverture avec autant d’impatience que les Tunisiens, pour aller passer leurs vacances faute de pouvoir en bénéficier localement.

Fait regrettable, cette annonce s’est accompagnée d’une augmentation inexpliquée des tarifs de séjour dans les hôtels tunisiens, ces derniers anticipant d’ores et déjà sur un rush des touristes algériens.

Une attitude dénoncée par le président de l’association de protection du consommateur (APOCE), Mustapha Zebdi, contacté par TSA.

« Après l’annonce de la réouverture (des frontières) il y a eu un changement des prix au niveau de tous les centres d’accueil, hôtels, des appartements de location ou chez les particuliers…D’ailleurs, pour l’anecdote, une agence ayant fait un travail de supervision pour une famille a vu le coût du séjour augmenter après que la direction de l’hôtel eût donné accord », raconte-t-il.

« Nos amis et frères Tunisiens ont profité de la situation. Ils faisaient des offres que je dirais acceptables juste parce que le transport n’était possible que par l’avion. Le nombre de touristes algériens était réduit, d’autant qu’ils ne sont pas nombreux à pouvoir s’offrir des billets d’avion dont les prix ont fortement augmenté », ajoute-t-il.

Et de faire remarquer que l’annonce de la réouverture a entraîné une affluence très importante sur les réservations. « Avec ces augmentations, l’Algérien n’a pas beaucoup de choix. Et même en hausse, les prix restent très abordables par rapport à ce qui est offert sur le territoire national comme hôtels et structures d’accueil », relève M. Zebdi.

« Le tarif d’une nuitée est le même du 1er janvier au 31 décembre »

Un fait qui, dans la foulée, remet sur la table la faiblesse de l’offre touristique en Algérie. En effet, le rush attendu des Algériens sur les villes balnéaires tunisiennes en est une parfaite (et triste)illustration de la situation déplorable du secteur du tourisme en Algérie.

Sinon comment expliquer que les Algériens attendent avec impatience la réouverture des frontières pour aller passer des vacances en Tunisie, alors que leur pays dispose de tous les atouts d’une grande destination touristique.

 « Cette situation est déplorable. Malheureusement on n’a pas investi dans le secteur touristique et le peu qu’on a se sature en début d’année par les réservations avec des prix inacceptables », déplore Mustapha Zebdi.

Pour pallier cette insuffisance et à la recherche d’opportunités, les Algériens ont recours aux solutions de rechange. « Pour louer un bungalow dans un centre touristique moyen, c’est entre 15 000 et 22 000 DA la nuitée. D’où le fait que des vacanciers recourent à la location d’appartements avec des prix accessibles et acceptables », note M. Zebdi.

Il assure qu’il n’y a de possibilité à trouver une réservation actuellement pour ces mois de juillet et aout, faute d’offre suffisante.  Un opérateur privé affirme qu’il n’existe pas de tourisme balnéaire en Algérie du fait d’un dysfonctionnement entre l’offre et la demande.

« La demande dépasse l’offre », explique-t-il à TSA. Une situation qui permet aux hôteliers de dicter les règles avec notamment des tarifs exorbitants et sans le moindre effort en matière d’accueil et de conditions de séjour.

« On est le seul pays au monde où le tarif d’une nuitée dans un hôtel est le même du 1er janvier au 31 décembre », pointe-t-il. Fort de leur position, les hôteliers ne procèdent à aucun rabattement sur les prix.

« Dans les pays qui ont la culture du tourisme, il y a la haute, la moyenne et la basse saison. Ils font travailler leurs hôtels à longueur d’année. Chez nous, la concentration c’est pendant la période juillet-aout », observe-t-il.

Pour bénéficier des avantages de la mer et face à cette cherté des hôtels, les vacanciers algériens quand ils ne voyagent pas à l’étranger, se rabattent sur la location d’appartements de particuliers, un choix plus économique et plus avantageux, note interlocuteur.

Il cite l’exemple d’une famille de 8 personne ayant loué un appartement à Chenoua-plage dans la wilaya de Tipasa pour 13 000 DA la nuitée, début juillet. Avec toutes les commodités qui vont avec.

 «Vous avez un grand salon, de l’eau chaude, un téléviseur… », énumère-t-il. L’opérateur dénonce le fait que les hôteliers ne fassent aucun effort en matière d’accueil car la clientèle y vient par défaut. « Quand la demande dépasse l’offre, les hôteliers savent pertinemment que ceux qui viennent séjourner chez eux n’ont pas véritablement le choix. Il n’y a donc pas de concurrence », déplore-t-il.

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