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Législatives : des enjeux qui vont au-delà du renouvellement du Parlement

Législatives : des enjeux qui vont au-delà du renouvellement du Parlement

Toufik Doudou / NEWPRESS

ANALYSE. Que se passera-t-il jeudi 4 mai au soir ? C’est la question que se posent les observateurs. Le pouvoir mise gros sur les législatives de ce jeudi. Le président Abdelaziz Bouteflika s’est impliqué personnellement. Il a appelé les Algériens à « un vote massif ». Sur le terrain, les représentants du pouvoir ont été mobilisés durant la campagne pour « sensibiliser » les électeurs.

Présidentielle de 2019 et succession de Bouteflika

Ahmed Ouyahia a quitté pour la première fois son cabinet à la présidence pour se consacrer à la campagne électorale. De son côté, Abdelmalek Sellal a programmé une série de visites d’inspection dans plusieurs wilayas pour tenter de convaincre les électeurs d’aller voter. Tout au long de la campagne, le pouvoir a établi un lien direct entre « la stabilité » du pays et la réussite du scrutin.

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Une chose est sûre : les enjeux du scrutin de jeudi dépassent le seul renouvellement d’un Parlement sans réels pouvoirs. Djamel Ould Abbes a affirmé dans plusieurs de ses meetings que les législatives sont étroitement liées aux présidentielles, sans toutefois préciser la nature du lien entre les deux rendez-vous électoraux.

Ould Abbes n’a certainement pas tort. Les législatives sont en effet l’antichambre de la présidentielle. Le vainqueur de cette course électorale pourra peser en 2019. Les scores du FLN et du RND ce jeudi renseigneront beaucoup sur les nouveaux équilibres au sein du système, plus de 18 mois après le départ du général Toufik de la tête du DRS. Ils pourraient également donner une indication sur le processus de succession du chef de l’État dont l’état de santé, de l’aveu même de ses partisans, s’est beaucoup dégradé ces dernières semaines.

Bouteflika ira-t-il voter ?

Le premier signe sera donné dès demain. Le président Bouteflika ira-t-il voter ? Si oui, dans quel état sera-t-il ? Votera-t-il devant les photographes et les caméras ? Ou les images seront contrôlées comme lors des rares auditions qu’il a accordées à des visiteurs étrangers ces derniers mois ?

Complètement effacé de la scène politique, le Président, dont l’état de santé fait souvent l’objet de spéculations, n’a fait aucune apparition publique depuis plusieurs semaines. Certes, en 2014, Bouteflika a voté sur une chaise roulante, mais les dernières images diffusées par la télévision publique ont montré un président très fatigué, le visage blême, la voix éteinte, le regard hagard et des mains collées à l’accoudoir. Son absence demain constituerait une première : jamais le chef de l’ État n’a raté un rendez-vous électoral. Son apparition pourrait permettre aux Algériens de constater l’évolution de son état de santé. Dans les deux cas, la santé du chef de l’État sera présente dans les débats aux côtés des résultats de l’élection.

Le DRS et la transparence du scrutin

Le premier élément des résultats qui sera attentivement scruté est le taux de participation. L’enjeu est de taille pour le pouvoir. Plus le taux de participation est élevé plus le système se renforce et renforce sa « crédibilité », aussi bien à l’intérieur qu’au plan international. Une forte participation sera brandie comme le symbole de l’attachement des Algériens à ce que le pouvoir appelle « la stabilité ». Or pour le pouvoir, « la stabilité » est forcément synonyme de statu quo au sommet de l’ État et donc d’absence de changement politique.

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En plus du taux de participation, c’est le remodelage de la cartographie partisane qui constitue l’autre enjeu du scrutin. Les partis de l’opposition qui ont fait le choix de participer aux législatives jouent gros. Certains y laisseront des plumes. D’autres forces pourraient émerger. Le pouvoir va sans doute mettre à profit les résultats pour remodeler le paysage politique. Reste à savoir quelle sera l’ampleur du remodelage et ses objectifs.

Enfin, ces élections interviennent aussi après la dissolution de l’ancien DRS, considéré comme l’architecte de la fraude électorale. L’administration sera-t-elle en mesure de garantir la transparence des élections de demain et de concrétiser « l’impartialité » défendue par Bouteflika dans son dernier discours ?

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