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Les boucs émissaires du système de santé algérien

Les boucs émissaires du système de santé algérien

Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a dénoncé, ce jeudi, les arrestations des professionnels de la Santé effectuées à la suite du décès tragique d’une femme enceinte et son bébé à Djelfa. Cinq personnes dont trois sages-femmes travaillant dans trois hôpitaux où la victime s’est déplacée sans être prise en charge, ont été placées en détention provisoire et poursuivies pour négligence et refus de porter assistance à une personne en danger.

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Le syndicat SNPSP a exprimé son soutien aux personnes en détention et a lancé un appel aux autorités pour la « libération immédiate de toutes les personnes incarcérées ». « C’est l’enquête administrative et judiciaire qui doit déterminer les causes exactes du décès et situer les responsabilités de chaque partie », affirme le syndicat qui estime que « le personnel soignant est désigné comme la principale cause des défaillances de notre système de santé » et il est présenté « de fait comme bouc émissaire pour la vindicte populaire suite à la situation dramatique qui a secoué la wilaya de Djelfa ».

La colère gronde parmi les médecins et le personnel médical en général. Plus de deux semaines après le décès de la jeune maman enceinte, ces arrestations interpellent en effet par leur approche vindicative. Alors que la tragédie a ému toute la région et le pays, les autorités semblent avoir privilégié l’option d’assouvir les instincts de justice les plus basiques sans s’attaquer au réel problème de fond auquel est confronté le système de santé en Algérie.

Le fait que des sages-femmes aient été dans chaque hôpital en position de prendre une décision sur le sort de la défunte patiente révèle les très graves dysfonctionnements desdits hôpitaux. Avant de parler de la non-assistance et du manque de professionnalisme à peu près certain des sages-femmes qui ont refusé la prise en charge de la patiente, il est vital d’aborder la question des procédures de prise en charge des malades qui n’ont clairement pas été respectées.

Où était donc l’administration de l’hôpital, pourtant en charge de s’assurer que l’hôpital soit fonctionnel à tout moment ? La responsabilité des directeurs des trois hôpitaux est clairement engagée, pourquoi ne font-ils pas pour l’instant l’objet de mesures disciplinaires, voire de poursuites ? La pire issue qui pourrait aboutir de cette tragédie serait de voir quelques sages-femmes dépassées être sacrifiées sans que ne soit résolu le problème endémique affectant les hôpitaux et le système de santé algérien en général. Les choses devront changer en profondeur, faute de quoi ce débat sera ouvert très bientôt lorsque interviendra inévitablement la prochaine tragédie humaine.

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