search-form-close
Les montages financiers douteux de la famille Kouninef en Suisse

Les montages financiers douteux de la famille Kouninef en Suisse

Ce mercredi 24 avril, trois membres de la fratrie Kouninef (Réda, Noah-Tarek et Abdelkader-Karim) ont été placés en détention provisoire. Cette riche famille de milliardaires, notamment propriétaire du groupe KouGC (entreprise de bâtiments et de travaux publics), proche de la famille Bouteflika, a été arrêtée deux jours auparavant par la Gendarmerie nationale avant d’être auditionnée dans la nuit de mardi à mercredi par le juge d’instruction de Sidi M’Hamed.

Selon une source proche du dossier qui s’est confiée à TSA, les frères Kouninef sont poursuivis pour quatre chefs d’inculpations : trafic d’influence avec des fonctionnaires publics pour l’obtention de privilèges, détournement de fonciers et de concessions publiques, blanchiment d’argent et financement occulte de partis politiques.

Hydraulique, diamants et voyages organisés

Ce jeudi, nos confrères de l’hebdomadaire français Le Point révèlent que les frères Kouninef, qui résident à Lausanne, sont également impliqués dans des montages financiers douteux en Suisse.

Ainsi, ces derniers auraient pris l’habitude de monter des entreprises à la durée de vie très limitée dans des domaines aussi variés que l’étude d’équipement, de travaux hydrauliques et électriques sous haute et moyenne tension, la livraison et la pose de pipe-lines avec LITL SA (inscrite en 2003 au registre des sociétés suisse et dissoute en 2007), le traitement de diamants et autres pierres précieuses brutes avec FIMATRADE S.A. (inscrite en 1992, dissoute en 1999), l’édition de magazines et l’organisation de voyages de vacances et de loisirs avec Bol d’Air SA (enregistrée en 1990 au registre des commerces, radiée en 2008).

On retrouve aussi Spot S. A. dédiée à l’exploitation d’établissements publics (1999-2005), Vinikimex, S. A. décrit comme « commerce de tout produit » (1999-2005), Procurment and Engineering consacré au matériel électrique (2004-2008)

D’après Le Point, toutes les sociétés de la famille Kouninef ont pour point commun d’afficher un capital à 100 000 francs suisses.

Des documents obtenus par TSA et que nous publions confirment ces montages douteux. De nombreuses entreprises créées par les membres de la famille Kouninef ont été radiés au bout de quelques mois.

Le père Kouninef, « as des montages financiers »

Le magazine Le Point est par ailleurs parvenu à recueillir le témoignage d’un proche de la famille Kouninef, un homme d’affaires algérien qui assure avoir fréquenté le patriarche, il y a plusieurs années. « C’était un as des montages financiers complexes. Il était très pointu pour créer des sociétés-écrans dans les paradis fiscaux, ce qui n’est pas forcément illégal », précise-t-il.

Le déficit de contrôle en amont et en aval facilitant la fuite des capitaux vers l’étranger. « C’est une pratique très connue qui tend à se répandre. On lance une activité, on engrange des bénéfices et on simule une liquidation ! », explique l’avocat Me Lezzar Nassredine, joint par téléphone..

Comprendre ce que sont les sociétés-écrans

Les sociétés-écrans, rappelle maître Nasr Eddin Lezzar, n’ont pas de patrimoine ou d’activité déterminée. Elles sont des entités fictives. « Ce sont des  structures opaques et  l’opacité est toujours une technique de dissimulation, elle brouille la traçabilité  des opérations financières, permet l’évasion fiscale et couvre le  blanchiment d’argent », explique-t-il. La Suisse ? Une « destination de choix pour la création de sociétés-écrans », ajoute-t-il. Maître Lezzar rappelle ainsi que dans ce pays, « chaque banque est dans l’obligation de respecter le secret bancaire sous peine de subir des sanctions et des poursuites judiciaires ».

Maître Lezzar souligne d’autre part que les titulaires des comptes, s’ils résident en Suisse, sont protégés par la législation helvétique. « Autrement dit, les conventions bilatérales qui obligent la levée du secret bancaire ne sont pas applicables aux ressortissants et résidents suisses ». Et l’avocat de conclure : « La loi suisse a, certes enregistré des ouvertures sous la pression internationale mais une réforme législative ne peut mettre fin à une pratique ancestrale ».








 



















 

  • Les derniers articles

close