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« Les ressortissants algériens bloqués à l’étranger n’en peuvent plus »

« Les ressortissants algériens bloqués à l’étranger n’en peuvent plus »

Le député de l’émigration, Noureddine Belmeddah, revient dans cet entretien sur la très faible participation de la communauté algérienne à l’étranger lors du référendum sur la révision constitutionnelle tenu dimanche 1er novembre, et évoque la situation des ressortissants algériens bloqués à l’étranger à cause de la fermeture des frontières.

Le vote de l’émigration lors du référendum sur la révision constitutionnelle a été très faible (un peu plus de 4 %). Comment l’expliquez-vous ?

Noureddine Belmeddah : Malheureusement, le confinement qui a été instauré dans certains pays européens a fait que les gens ne pouvaient pas sortir, ceci d’un côté. D’un autre côté, des citoyens ont voulu exprimer leur mécontentement par rapport à la fermeture des frontières mais ce n’est qu’un facteur.

Comment s’est déroulée la campagne pour le référendum pour la communauté nationale à l’étranger. Y a-t-il eu un défaut de communication ?

Dans des pays européens et même aux États-Unis, les rassemblements sont interdits. Dans certains États, les gens ne peuvent même pas se rassembler au-delà de six personnes. Cet état de fait a fait qu’une bonne partie de notre communauté à l’étranger n’a pas pu prendre connaissance du contenu de la nouvelle Constitution ; de plus, beaucoup de personnes étaient dans l’impossibilité de se déplacer. Dans cette conjoncture, ce qu’ont fait certains partis politiques et des organisations de la société civile en Algérie, dans le cadre de la campagne référendaire, aucun n’a pu le faire à l’étranger. Cette campagne pour le référendum a été impactée plus par la pandémie de Covid-19 et le confinement qui a été instauré par certains pays. C’est pourquoi, je dis que le mécontentement par rapport à la fermeture des frontières n’est qu’un facteur. Le référendum s’est déroulé dans des conditions très difficiles pour la communauté algérienne à l’étranger à cause de la crise sanitaire.

Le gouvernement algérien reste inflexible sur la question relative à la réouverture des frontières, surtout que de nombreux pays européens connaissent une 2e vague de l’épidémie du Covid-19. Que comptez-vous faire en tant que député de l’émigration ?

Personnellement, j’ai adressé un courrier à l’adresse du président de la République le 31 août dernier. Par la suite, je me suis entretenu avec plusieurs responsables, dont des membres du comité scientifique de suivi de l’épidémie du Covid-19 et tout particulièrement le Dr Mohamed Bekkat Berkani. Je leur ai exposé les souffrances de la communauté nationale établie à l’étranger et dont ils n’étaient pas au courant. Il y a parmi les personnes bloquées à l’étranger des citoyens qui ont une carte de résidence à l’étranger mais qui vivent en Algérie où ils ont leur travail et leurs familles. Il y a des ressortissants dont les proches sont décédés sans qu’ils aient la possibilité d’assister à leur enterrement, d’autres ont des parents malades. Il y a aussi des Algériens dont les enfants n’ont pas pu passer leur Bac en Algérie, etc. C’est cette réalité que j’ai exposée aux membres du comité scientifique et dont ils n’avaient pas connaissance.

Et quelle a été la réponse des autorités ?

Je dois dire que Dr Bekkat Berkani s’est montré très compréhensif et m’a promis de transmettre ces problématiques. Et effectivement, il y a eu un changement dans le discours des membres du comité qui ont commencé à dire qu’il fallait aller vers la prise en charge des cas exceptionnels. D’après les échos qui me sont parvenus, des propositions dans ce sens ont été présentées au président de la République, et qu’après les élections (référendum sur la Constitution, ndlr), une rencontre devrait avoir lieu avec le président de la République et les membres du comité scientifique. Ces derniers devraient exposer les cas exceptionnels pour lesquels des mesures sanitaires seront appliquées.

Quel message voulez-vous faire passer aux autorités algériennes ?

Nous souhaitons une issue à cette question car les ressortissants algériens bloqués à l’étranger n’en peuvent plus. Nous sommes en train de faire des collectes en faveur des personnes mourantes pour leur rapatriement, mais la situation ne peut plus durer plus que cela. Nous comprenons parfaitement les appréhensions des autorités quant à une éventuelle reprise de l’épidémie si on laisse rentrer les ressortissants, d’autant que les premiers malades algériens atteints de Covid l’ont été par un parent vivant à Marseille. Nous ne cherchons pas à ce que les frontières soient ouvertes à tout le monde, nous voudrions seulement qu’il soit permis aux Algériens de l’étranger de rentrer au pays. Je l’ai déjà dit au Dr Bekkat Berkani et je le répète ici : nous sommes prêts à nous plier à toutes les exigences sanitaires. Nous sommes prêts à prendre en charge notre séjour dans les hôtels. Pour les tests PCR, nous sommes prêts à fournir les tests en 48h au lieu de 72h, avant le voyage. Nous n’accepterons jamais de mettre en péril la santé des Algériens.

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