Politique

Ligue arabe : ce qu’il faut retenir du sommet de Djeddah

Le 32e sommet des chefs d’État de la Ligue arabe s’est clôturé vendredi 19 mai à Djeddah, en Arabie saoudite. Le président Abdelmadjid Tebboune n’a pas fait le déplacement. Il s’est fait représenter par le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane.

Le sommet aura été différent des précédents par la présence du président ukrainien Volodymyr Zelenski, l’invité surprise du prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane dit MBS, et pour la première fois depuis 12 ans, du président Syrien Bachar Al Assad.

C’est aussi le premier sommet à se tenir après la réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran, conclue en mars dernier.

Si le retour de la Syrie était acté depuis la réunion des ministres des Affaires étrangères arabes au Caire, le 7 mai, la présence de Zelenski était complètement inattendue et les observateurs se demandent quel sens lui donner.

Une tribune a été offerte au président ukrainien qui a défendu la justesse de la cause de son pays et sollicité le soutien des pays de la région qui, jusque-là, tentent de rester à équidistance entre la Russie et l’Occident.

Dans un entretien bilatéral avec MBS à son arrivée en Arabie saoudite, il a remercié cette dernière pour son soutien à « l’intégrité territoriale » de l’Ukraine, mais a critiqué l’attitude de certains pays arabes qui « ferment les yeux » devant l’invasion russe de son pays.

L’initiative d’inviter le président de l’Ukraine est prêtée dans le monde arabe à Mohamed Bensalmane, qui aurait pris seul la décision sans consulter les autres dirigeants arabes. « MBS a privatisé le sommet arabe », note un observateur algérien.

Même si la déclaration finale a soigneusement évité de prendre position sur l’un ou l’autre camp, gardant le principe de non-alignement adopté depuis le début du conflit en Ukraine, il n’en reste pas moins que certains observateurs estiment qu’une telle présence risque d’être mal vue par Moscou.

En Occident, on y voit plutôt un « coup de maître » du prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane, dont le geste peut être perçu comme un gage donné à l’Occident, aux États-Unis en particulier, après le récent rapprochement de l’Arabie saoudite avec la Russie sur les questions pétrolières.

Les prochains développements éclaireront sur l’objectif véritable recherché à travers l’invitation de Zelensky et sur ses retombées. Le monde arabe gardera-t-il ou pas sa position de non-alignement vis-à-vis du conflit ukrainien et, surtout, parviendra-t-il à préserver son unité sur la question ?

Sommet arabe : Al Assad « oublie » de remercier l’Algérie

Beaucoup d’interrogations entourent également l’attitude du président Syrien. Après un refus catégorique de certains pays, dont l’Arabie saoudite, la Syrie a enfin été réintégrée dans la Ligue arabe.

L’Algérie a fait un véritable forcing en faveur de cette option. Le retour de la Syrie devait d’ailleurs se faire au sommet d’Alger en novembre 2022, mais Damas a renoncé volontairement à reprendre son siège pour ne pas approfondir les divisions au sein des pays arabes.

À quelques semaines de ce sommet de Djeddah, l’Arabie saoudite a mené des pourparlers avec un nombre restreint de pays pour réintégrer la Syrie. À la surprise de tous, l’Algérie, principal soutien du retour de la Syrie ces 12 dernières années et qui assure de surcroît la présidence de la Ligue arabe, n’a pas été associée à ces discussions.

Pour la première fois depuis 12 ans, Bachar Al Assad a pris la parole devant les dirigeants arabes réunis en sommet. Dans son discours, il a remercié l’Arabie saoudite pour ses efforts pour la réintégration de son pays, et n’a pas eu un mot pour l’Algérie.

Le rôle de l’Algérie et son soutien à la Syrie sont pourtant indéniables. Al Assad a d’ailleurs appelé le président algérien pour le remercier, le 8 mai, soit 24 heures après la décision prise par les ministres des AE au Caire. Cette « omission » du président syrien est, pour le moins, incompréhensible.

La reconnaissance pour le rôle de l’Algérie est venue du président Tunisien. Dans son intervention, Kais Saied a souligné les efforts de l’Algérie pour l’unification des rangs pendant toute la période de sa présidence de l’organisation panarabe.

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