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Loi immigration en France : cette disposition « vise apparemment les musulmans »

Loi immigration en France : cette disposition « vise apparemment les musulmans »

La loi Immigration a été adoptée par la France grâce à la réunion de la majorité présidentielle, de la droite et de l’extrême-droite. Les pro-Israéliens savourent leur victoire et l’ONG HRW pointe une disposition qui « vise apparemment les musulmans » en France.

Un front non-officiel inquiétant qui semble s’être formé lors de la marche du 12 novembre contre l’antisémitisme, en offrant une place de choix à l’extrême-droite.

Le chef de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon a bien fait le lien entre cette marche controversée et l’adoption d’une loi régressive sur l’immigration dont l’un des articles vise apparemment les musulmans, selon Human Rights Watch (HRW).

« Le retrait ou le refus de renouvellement des titres de séjour pour les personnes qui ne se conforment pas aux « principes de la République », une mesure qui vise apparemment les musulmans considérés comme s’engageant dans le « séparatisme » », a pointé l’ONG de défense des droits de l’Homme dans un communiqué publié le 18 décembre.

La France a pris un virage majeur avec l’adoption de la Loi Immigration qui vise à réguler l’immigration grâce au durcissement de ses règles d’accueil et d’intégration des étrangers sur son territoire.

Ce revirement historique, qui a été majoritairement soutenu par l’extrême-droite, renforce la politique anti-étranger menée par la France depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron.

Parmi les mesures phares de la loi Immigration, on trouve la mise en difficulté du regroupement familial, la fin du droit du sol automatique ou encore l’expulsion des délinquants étrangers, voire la déchéance de nationalité des binationaux pour de certains crimes.

En outre, la loi vise à enlever un maximum d’aides et de soutien aux étrangers au nom de la préférence nationale, chère au Rassemblement national.

La France assume clairement sa politique à deux vitesses en imposant des droits inégaux entre « vrais » Français et ceux d’adoption. Le pays utilise l’argument classique de l’extrême-droite, « La France aux Français ». Ce que Marine Le Pen, cheffe du groupe parlementaire du Rassemblement National n’a pas manqué de souligner. D’ailleurs l’extrême-droite y voit une « victoire idéologique ».

De nombreux députés de gauche ont dénoncé cette loi liberticide, notamment ceux du parti présidentiel qui n’ont pas voté pour cette loi. Le ministre de la Santé a même présenté sa démission pour dénoncer la loi portée par Gérald Darmanin.

Cependant ces frondeurs restent minoritaires. Majoritairement les représentants politiques ont félicité cette démarche. Ils la justifient comme le besoin de protéger le pays d’une sorte de menace venant des étrangers. Le président Macron a même parlé d’un « bouclier qui manquait à la France ». Un moyen de lutter contre l’insécurité, l’immigration clandestine et la menace terroriste.

Un mélange de valeurs et de combats incompatibles derrière cette loi

Cette loi aussi choquante soit-elle révèle surtout une nouvelle organisation politique qui étonne. Sur les bancs des défenseurs de la loi Immigration on retrouve un large éventail de personnalités politiques allant de l’extrême-droite à la gauche, en passant par le parti d’Emmanuel Macron et sa fameuse neutralité politique.

Mais ce qui choque c’est le symbole de cette union. Parmi eux on trouve des politiques capables de lutter contre l’antisémitisme et en même temps contre des droits humains essentiels qui ont toujours fait partie des valeurs françaises.

Des combats qui semblaient incompatibles mais qui pourtant ont trouvé une forme de cohabitation. Ce drôle de front uni contre les étrangers – et sans les nommer les Français d’origine arabe ou de confession musulmane – semble bien décidé à effacer ses différences internes pour réduire, voire effacer, la présence de cette catégorie d’étrangers qu’ils estiment « indésirables ».

Si l’extrême-droite joue son rôle traditionnel, ce qui inquiète c’est la radicalisation de la droite française et surtout des acteurs politiques qui incarnent la frange la plus intolérante.

Quel lien entre la marche contre l’antisémitisme et la loi immigration ?

Parmi eux, on trouve Meyer Habib, député des Français de l’étranger (du parti Les Républicains). Il est surtout l’un des plus fervents défenseurs du gouvernement israélien extrémiste de Benyamin Netanyahu en France, allant parfois jusqu’à prôner la violence assumée contre les Palestiniens dans le conflit israélo-palestinien.

Il fait actuellement l’objet de plaintes de députés de la NUPES (union de gauche) pour avoir, au sein même de l’Assemblée Nationale, encouragé au sein de l’hémicycle des bombardements israéliens de bâtiments abritant des civils gazaouis.

Ce député qui a une double nationalité, française et israélienne, est l’un des meilleurs promoteurs de la loi Immigration. Quelques heures après le vote de la loi Immigration il tweete avec fierté sur X :

« Nous avons brisé un tabou historique sur l’immigration, à présent il faut imposer la primauté du droit national et reprendre notre destin en main »

En citant fièrement les droits qui seront ôtés aux étrangers : « fin de l’automaticité du droit du sol, déchéance de nationalité pour les binationaux coupables d’homicides envers les forces de l’ordre, conditionnement des prestations sociales non contributives à 5 années de résidence pour les étrangers, restriction du regroupement familial, caution obligatoire pour les étudiants étrangers, expulsion des délinquants étrangers… »

Un post lu plus d’1,6 million de fois et qui a suscité beaucoup de réactions positives.

Il est devenu normal qu’un député de droite, lié à Israël puisse faire écho à des propos clairement d’extrême-droite. Parfois même plus virulents que ceux des leaders extrémistes.

Cette réunion bien étrange de personnalités politiques n’étant pas censées se retrouver autour d’une cause commune ne cesse de se renforcer depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier.

Jean-Luc Mélenchon, le leader d’extrême-gauche, l’a fait remarquer après le vote de la loi Immigration. Dans son tweet, il s’inquiète du projet commun de la droite, de l’extrême-droite et du parti d’Emmanuel Macron.

« Les Français veulent une immigration plus conforme à la réalité de la culture française »

La présence de l’extrême-droite avec la venue de Marine Le Pen à la manifestation contre l’antisémitisme du 12 novembre dernier à Paris aux côtés des membres du gouvernement a marqué un tournant dans la vie politique en France. C’est la première fois dans l’histoire de la France que l’extrême-droite manifeste conjointement avec le gouvernement.

Marine Le Pen, rappelons-le, est l’héritière et la fille de Jean-Marie Le Pen, l’ex-leader du Front National connu pour ses positions négationnistes.

Depuis l’arrivée d’un groupe parlementaire du Rassemblement National à l’Assemblée Nationale, l’extrême-droite devient un parti qui se normalise. C’est d’ailleurs ce qu’a tweeté Marine Le Pen, « Aujourd’hui, nous sommes le centre de gravité de la vie politique française. »

Le fait d’introduire ce parti politique dans ce combat pro-israélien n’est pas anodin. Cela envoie le message, que le seul combat qui compte est une lutte sourde contre les communautés arabo-musulmanes. Peu importe les idéologies des uns et des autres, peu importe les différends historiques.

C’est pourquoi on retrouve de nombreux politiques clairement pro-Israéliens dans l’équipe des défenseurs de la loi Immigration. Le conflit israélo-palestinien a cristallisé les débats sur la place des musulmans et de l’islam en France. Tout est ramené au terrorisme, n’importe quel musulman, n’importe quelle cause arabe.

La loi Immigration est une nouvelle étape visant à catégoriser les bons et mauvais étrangers en France. En leur enlevant constamment des droits, des conditions correctes d’accueil et d’intégration, elle promeut une précarisation et une surveillance constante des étrangers. Du moins pas n’importe lesquels.

Charles Sitzenstuhl, député du parti Renaissance du Bas-Rhin, a bien résumé l’esprit de la nouvelle loi immigration. « Le pays est en train de sortir du consensus immigrationniste », a-t-il dit mardi 19 décembre sur Cnews.

« Les Français veulent beaucoup moins d’immigration et surtout une immigration plus conforme à la réalité de la culture française et que nous soyons certains que les personnes qui viennent dans notre pays respectent les us et coutumes, travaillent, maîtrisent le français », a-t-il expliqué sur le plateau de l’Heure de pro, l’émission animée par le journaliste d’extrême-droite Pascal Praud.

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