search-form-close
Nouvelle loi immigration : la France bascule dans l’extrême-droite

Nouvelle loi immigration : la France bascule dans l’extrême-droite

La France s’apprête à valider un nouvelle loi immigration inspirée et adoptée grâce à l’extrême-droite dans un contexte marqué par la montée des attaques contre les musulmans.

L’extrême-droite française jubile après l’adoption par les deux chambres du Parlement de la loi sur l’immigration. Marine Le Pen a revendiqué une « victoire idéologique » pour son parti, le Rassemblement national, dont le programme sur les questions liées à l’immigration a, dans une certaine mesure, inspiré les amendements qui ont grandement durci le texte après son rejet en deuxième lecture par l’Assemblée nationale le 11 décembre.

L’avis de la fille de Jean-Marie Le Pen est partagé, et depuis longtemps, par les observateurs de la scène politique française.

Depuis plusieurs années, le parti et tout le courant anti-immigration met une grande pression par ses succès électoraux sur le reste de la classe politique, notamment la droite dite républicaine et même les partis de la majorité présidentielle, qui copient désormais sans complexe ses positions et propositions. C’est ce que les politologues en France appellent à juste titre « le triomphe des idées de l’extrême-droite ». Il reste le triomphe électoral qui n’est peut-être qu’une question de temps.

« Macron et le gouvernement n’ont pas pris les voix du Front national, mais ont pris ses idées », a assené l’ancien président de la République François Hollande dans un entretien au quotidien Le Monde mercredi.

Par les concessions qui lui sont faites régulièrement, le Rassemblement national est aidé dans son entreprise de dédiabolisation et de normalisation entamée sous l’impulsion de Marine Le Pen.

L’objectif de lui faire barrage risque, au train où vont les choses, de déboucher sur l’effet contraire. Le vote de ce mardi 19 décembre fera date car le RN a voté, avec les partis au pouvoir et l’opposition dite républicaine, un texte conforme à son programme.

C’est un vote qui rapproche davantage du pouvoir le parti fondé il y a cinquante ans par Jean-Marie Le Pen autour de tout ce que la France comptait comme antisémites, xénophobes et nostalgiques de l’Algérie française.

Symboliquement, l’extrême-droite est déjà au pouvoir en France

Le journal en ligne de gauche Mediapart a même anticipé ce mercredi matin la nouvelle en titrant : « Ça y est, l’extrême-droite est au pouvoir ».

Symboliquement, c’est peut-être déjà le cas en effet, tant, au moins sur les questions liées à l’identité et à l’immigration, c’est ce courant qui semble mener la danse en France. Et même depuis quelque temps sur les questions de politique étrangère comme le laisse penser la position de la France jugée plus favorable à Israël qu’aux Palestiniens dans la guerre en cours au Moyen-Orient.

Le parti pris de l’extrême-droite française, pourtant au lourd passif antisémite, pour Israël trahit les véritables motivations de son discours anti-immigration.

L’immigration indésirable en France est d’abord celle issue du monde musulman, donc du Maghreb, au nom de la défense de l’identité française du spectre de l’islamisation galopante.

Et c’est, dans une certaine mesure, l’objet et l’enjeu inavouables de la loi qui vient d’être adoptée, avec les voix du Rassemblement national et celles du parti les Républicains dont les positions sont identiques avec celles de l’extrême droite.

Que la France suive une telle voie, ce n’est pas une bonne nouvelle pour le monde. Le courant extrémiste et antimusulman monte partout en Europe, il est au pouvoir en Italie, il vient de remporter les élections aux Pays-Bas et a failli tout récemment entrer au gouvernement en Espagne.

Mais la France est un pays d’une autre dimension. C’est une puissance nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité et patrie de la révolution qui a impulsé la liberté dont jouit aujourd’hui la vieille Europe et une partie du monde.

S’il est louable que les républicains français (au sens large) tentent de faire barrage au Rassemblement national, la voie empruntée pour y parvenir n’est peut-être pas la bonne. Le deal qui a entouré le vote de la loi sur l’immigration est à la fois dangereux et doublement inutile.

D’abord, parce que les 88 vois des députés RN n’étaient pas déterminantes pour l’adoption du texte. Ensuite, les mesures qualifiées de « dures » contenues dans la nouvelle loi risquent de n’être restrictives que pour l’immigration légale et qualifiée, celle justement dont la France a besoin pour son rayonnement international selon des présidents d’université, et pour que son économie de s’arrête pas comme l’a souligné le président du MEDEF.

L’ancienne ministre de la Santé Agnes Byzun a résumé la situation : « Au lieu de s’attaquer à l’immigration clandestine, on en vient à réduire l’attractivité de notre pays pour les étrangers légaux, a-t-elle réagi sur Franceinfo mercredi. « L’AME n’est pas un facteur d’attractivité. S’il y a des abus, ils sont totalement minoritaires. »

Les clandestins, eux, se moquent des lois, restrictives ou pas, et trouveront toujours le moyen de continuer à affluer et donner des arguments supplémentaires au Rassemblement national.

Finaliste des deux dernières élections présidentielles, Marine Le Pen a fait mieux en termes de voix en 2022 par rapport à 2017 et dispose désormais de plus d’atouts pour faire encore mieux en 2027. Autrement dit, de gagner haut la main.

SUR LE MEME SUJET : 

« Rester ou partir ? » : le dilemme des musulmans issus de l’immigration en France

  • Les derniers articles

close