Depuis quelques jours, toute la France parle de Malika Sorel-Sutter, l’essayiste et femme politique qui vient d’être recrutée par l’extrême-droite.

Cette intellectuelle d’origine algérienne a été désignée numéro 2, juste derrière Jordan Bardella, sur la liste du Rassemblement national (ex-Front national, extrême droite) aux élections européennes de juin prochain.

Le parti fondé par Jean-Marie Le Pen étant crédité par les sondages d’environ 30 % des intentions de vote, Malika Sorel est assurée d’entrer au Parlement de Strasbourg.

Née en France de parents algériens, elle a passé une grande partie de son enfance et de sa jeunesse, une quinzaine d’années, en Algérie avant de retourner s’installer définitivement en France.

Dans le pays de ses origines, Malika Sorel a fréquenté la prestigieuse école polytechnique d’Alger où elle a obtenu son diplôme d’ingénieur. Elle est aussi titulaire d’un MBA de l’école des sciences politiques (Sciences Po) de Paris, obtenu en 1996. Essayiste, elle s’est spécialisée dans les sujets de société, la famille, l’éducation et bien sûr l’immigration.

Son parcours politique, elle l’a fait entièrement au sein de la droite. En 2009, Nicolas Sarkozy l’a désignée dans le Haut conseil à l’intégration. En 2017, elle a fait partie du staff du candidat de la droite François Fillon.

Se décrivant comme « gaulliste », Malika Sorel a néanmoins peu à peu versé dans un discours résolument anti-immigration. Celle que certains n’hésitent pas à qualifier d’ « intégriste de la laïcité » a fini logiquement dans les rangs du Rassemblement national, « le seul parti qui défende les intérêts supérieurs de la France et du peuple français », selon ses propos.

« Je souhaite participer à la recomposition française », dit-elle.

Parallèlement à ses écrits résolument anti-immigration, dénonçant une « décomposition de la France », Malika Sorel ne cachait pas son admiration grandissante pour Marine Le Pen, qui, déclarait-elle en 2017, « regarde un certain nombre de réalités en face », selon elle.

Son ralliement au Rassemblement national n’est donc pas une surprise, mais chez Les Républicains, on ne le digère pas.

« La vie politique n’est pas dénuée d’opportunisme », a réagi Éric Ciotti, le président des Républicains, non sans une pique pour les origines de la femme, mettant en avant le fait que la liste LR est composée « d’hommes et de femmes enracinés ».

« Je n’ai pas trouvé, chez LR, de personnalité qui ait suffisamment de courage politique pour redresser la France », a rétorqué Malika Sorel.

Mais les soupçons d’opportunisme à son égard ont été confortés par des révélations du Canard Enchaîné qui soutient qu’avant d’atterrir chez le Rassemblement national, Malika Sorel avait proposé ses services à Emmanuel Macron juste avant le remaniement ministériel de janvier dernier. Elle voulait, semble-t-il, le poste de ministre de l’Éducation.

Malika Sorel n’a pas nié, reconnaissant avoir « voulu servir la France » et échangé des SMS avec le président de la République avant le remaniement.

« J’ai redit ma volonté d’aider la France, en particulier sur les questions de l’éducation », a-t-elle déclaré à des médias qui l’ont interpellée lors d’un événement du RN, tout en disant qu’elle a constaté qu’Emmanuel Macron est « à l’opposé de ce que je porte en termes de principes républicains et de laïcité ».

On ne lui a pas encore demandé si le RN l’a mise en haut de sa liste comme faire-valoir dans le cadre de sa stratégie de « normalisation », mais Malika Sorel a déjà répondu, en 2017, lorsque la question lui a été posée à propos de son engagement par François Fillon. « Fillon ne m’a pas choisie pour sacrifier au dogme diversitaire. Il m’a choisie pour mes compétences », avait-elle dit.

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