search-form-close
Mémoire : la France va restituer deux millions d’archives à l’Algérie

Mémoire : la France va restituer deux millions d’archives à l’Algérie

Doucement mais sûrement. Quinze mois après sa mise en place, la commission mixte d’historiens, chargée de se pencher, « loin de la politique », sur le dossier mémoriel algéro-français a tenu sa première réunion en « présentiel ».

Très symboliquement sans doute, c’est la ville de Constantine, dans l’Est de l’Algérie, qui a abrité la rencontre mercredi 22 novembre.

En plus d’être la ville d’origine de nombreux rapatriés d’Algérie à l’indépendance, Constantine est aussi la ville natale de Benjamin Stora, l’historien qui dirige le panel désigné côté français et qui compte par ailleurs les historiens Tramor Quemeneur, Jacques Fremeaux, Florence Hudowicz et Jean-Jacques Jordi.

Ces cinq connaisseurs du dossier pour avoir travaillé pendant longtemps sur la période coloniale, ont été nommés par le président Emmanuel Macron en janvier 2023.

Un mois plus tôt, son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune avait choisi de son côté cinq historiens non moins émérites : Mohamed El Korso, Mohamed Lahcen Zighidi, Djamel Yahiaoui, Idir Hachi et Abdelaziz Filali.

La création de la commission mixte a été décidée conjointement par les deux présidents à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron en Algérie en août 2022, un mois après une audience accordée par Abdelmadjid Tebboune à Benjamin Stora.

L’historien né à Constantine est l’auteur d’un rapport commandé par M. Macron sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie ». Remis en janvier 2021, le rapport contient des propositions d’actions concrètes pour avancer dans cette œuvre de « réconciliation des mémoires ».

C’est ce rapport qui a inspiré la création de la commission mixte. Benjamin Stora avait proposé la création d’une commission « mémoire et vérité » en France chargée d’impulser des actions communes entre les deux pays sur les questions mémorielles, et une autre, composée d’historiens français et algériens avec comme mission de faire la lumière sur les enlèvements d’Oran en juillet 1962.

Première réunion du panel algéro-français sur la mémoire : la France fait un nouveau geste

Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont affiché une grande volonté d’avancer sur la voie de la réconciliation mémorielle entre l’Algérie et la France. Des pas ont été faits de part et d’autre mais, régulièrement, cette même question de la mémoire est venue brouiller l’entente entre les deux pays. A plusieurs reprises, le président Tebboune a mis en cause l’action de « lobbies » en France qui ne voient pas d’un bon œil le rapprochement entre les deux pays.

En août 2022, les deux chefs d’Etat se sont mis d’accord pour extirper le dossier à la politique et le mettre entre les mains des historiens.

Sa mission est de « regarder l’ensemble de cette période historique, qui est déterminante pour nous, du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabou, avec une volonté de travail libre, historique, d’accès complet à nos archives », avait déclaré Emmanuel Macron au premier jour de sa visite en Algérie le 25 août 2022.

La commission s’est réunie une première fois en avril dernier en visioconférence, mais c’était plus une prise de contact qu’autre chose. La première véritable séance, en présence des dix historiens, a eu lieu mercredi 22 novembre à Constantine. Il s’agit de la première rencontre d’une longue série puisque le panel se réunira désormais tous les deux mois, alternativement en Algérie et en France.

Le rencontre de mercredi a duré toute la journée et les deux parties ont sensiblement avancé sur de nombreux aspects, apprend-on de source proche du dossier.

Les deux parties ont décidé d’intensifier le travail académique, avec des échanges d’universitaires. Dans ce cadre, une quinzaine d’historiens algériens et autant de leurs homologues français se rendront prochainement dans les deux pays respectifs.

Les avancées les plus significatives concernent le volet archives, selon notre source. Outre la numérisation et l’ouverture d’un portail permettant l’accès aux archives des premières décennies de la colonisation, il a été convenu de la restitution de deux millions de documents « numérisés » à l’Algérie ainsi que des « rouleaux » de documents de la période ottomane, deux crânes de résistants algériens et des objets ayant appartenu à l’Emir Abdelkader.

SUR LE MEME SUJET : 

Mémoire Algérie-France : l’approche de Tebboune sera-t-elle la bonne ?

  • Les derniers articles

close