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Menaces sur la vie politique

Menaces sur la vie politique

Louisa Hanoune est en détention, Said Sadi et d’autres hommes politiques qui se sentent menacés, la révolte des médias publics étouffée : faute de pouvoir vendre cette recette aux ingrédients périmés, le régime voudrait la faire avaler par la coercition, en sachant qu’il y a des risques de rejet à se prendre dans la figure.

En se jetant dans l’arène politique, le général Gaid Salah a appris en quelques semaines à flatter la volonté populaire. Si bien qu’il ne lui est pas aisé de changer de braquet en constatant que cette volonté est à l’opposé de ses propres intentions. Du coup, c’est à une « task force » juridico-médiatique que le régime a délégué la mission de baliser les frontières à ne pas dépasser aux opposants politiques.

Sur la toile, les trolls diffusent la terreur : il y aurait des centaines de personnes susceptibles d’être arrêtées, personnalités politiques et journalistes se recrutant dans tous les supports, selon des rumeurs jamais démenties par le pouvoir. Le but évident est d’étouffer la critique avant même qu’elle jaillisse.

Découvrant après la déchéance de Bouteflika qu’il fut « un monarque », le vaillant quotidien El Moudjahid – qui a défendu toutes les options proposées par le pouvoir depuis le début – va moissonner dans le champ lexical guerrier. Il y découvre le sort qui attend ces opposants. Ceux qui ne voudront pas de la recette électorale concoctée par Bedoui seront « mis hors d’état de nuire » par le gouvernement de l’expert en fraude.

Pendant que l’éditorialiste d’El Moudjahid se laisse glisser dans l’uniforme d’une brigade de répression du banditisme, les journalistes de l’ENTV sont invités à reprendre leur camisole de force et à bien ouvrir des yeux de voyeurs. Les sanctions pleuvent sur ceux qui ont cru reprendre leur mission de service public après la démission de Bouteflika. La révolte doit cesser et la télévision publique se mettre au garde-à-vous.

Après la parenthèse enchantée de la fin des années 80, les journalistes ont démontré ailleurs ce qu’ils n’ont pas pu faire au 21 Boulevard des martyrs. Ils ne sont donc pas en cause.

Derrière un édito d’El-Djeïch, le fondateur du RCD a cru déceler des menaces le concernant directement. Said Sadi a retrouvé sa vigueur de jeune militant affranchi de la peur et s’en prend directement au vice-ministre de la Défense, ne voulant pas gaspiller de munitions contre les impuissants Bensalah et Bédoui. Sur sa page Facebook, il dit voir des « mouches électroniques » qui annoncent son « arrestation imminente » par le chef d’état-major. Procédés éculés, dit-il, en rappelant qu’il a eu à en souffrir comme d’autres militants, par le passé.

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Le risque majeur est de dissoudre le lien qui s’est noué entre l’ANP et le peuple qui défile aux cris de « Djeïch chaâb, khawa khawa ». Les manifestants qui ne se privent pas de stipendier le chef d’état-major ont toujours la délicatesse de ne pas critiquer l’institution. Mais faute d’un pouvoir politique légitime qui lui servirait de protection, le face-à-face peut se révéler fatal.

A son propre secours, le pouvoir ne pourra même pas appeler les arguments classiques de la main étrangère, du risque terroriste et l’unité nationale. Ils ont été démontés l’un après l’autre par la « silmiya » qui unit dans ses cortèges l’ensemble des Algériens.

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