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Multipartisme et presse privée : les critiques de Said Sadi

Multipartisme et presse privée : les critiques de Said Sadi

Said Sadi refuse de parler « d’échec » en ce qui concerne l’expérience de l’ouverture démocratique de la fin des années 1980. « Il ne faut pas parler d’échec, la leçon de Cherif Kheddam est justement de tirer le meilleur parti de toute situation », a-t-il estimé lors de son passage au Direct de TSA, ce dimanche 23 avril, à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, « Cherif Kheddam, le chemin du devoir. »

« Il appartient, peut-être, à ma génération, qui n’est plus dans l’activité politique, même si je sais que je ne convaincs pas grand monde en disant cela, de témoigner de ce qu’il est possible de faire dans des conditions complètement délétères  sur le plan politique, social, éthique etc (…). Il appartient à votre génération aussi de ne pas avoir de sectarisme professionnel », a-t-il recommandé.

« C’est un dérapage sanglant (octobre 1988) qui a ramené l’ouverture politique et médiatique. Cela ne nous empêche pas de prendre appui sur cet événement pour essayer de lui donner plus de consistance, plus de rigueur et d’efficacité, plus d’efficience en tous cas », a soutenu Saïd Sadi, en ajoutant : « On n’est pas dans une démocratie mais dans un pluralisme formel ».

Comment le pouvoir a pollué la scène politique et médiatique

L’auteur de Amirouche, une vie, deux morts et un testament est revenu sur la méthode adoptée par le gouvernement Hamrouche, qu’il ne cite pas, après l’ouverture démocratique et qui consistait à « polluer la scène politique » et médiatique. « On a porté le nombre des partis politiques à 74 avec l’encouragement qui consistait à dire : vous êtes 15 personnes, vous faites une liste de 15, vous avez 250 millions, ce qui était beaucoup à l’époque », relate-t-il.

« Pour la presse, on a fait plus grave, j’en ai parlé avec le concerné (Hamrouche, NDLR). Qu’on subventionne une entreprise de presse une fois qu’elle est constituée, c’est très bien parce qu’il y a une notion de service public même. Mais on ne paie pas les journalistes durant deux ans, c’est une manière de les asservir, de les aligner, de les conditionner et de leur enlever toute capacité d’esprit critique », assure-t-il.

Toute idée a le droit d’être formulée

Interrogé sur le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) qui prend du terrain face aux partis traditionnels, Said Sadi répond : « Je ne suis pas sûr de ce que vous dites, même si je sais qu’on le dit souvent. J’étais hier à Tizi Ouzou (pour la marche). Ce qui est difficile est d’appeler à froid, deux ou trois jours après, à marcher, sous sa propre bannière et là on voit la capacité de mobilisation ».

Pour lui, il y a d’abord le « principe de l’idée ». « Personnellement, je pense qu’intellectuellement, toute idée a le droit d’être formulée dès lors qu’elle n’appelle pas à la violence. Maintenant, il y a la manière de la présenter, de la structurer, la façon de la populariser, je ne sais pas du tout comment », avance-t-il.

Ensuite, il est nécessaire, selon lui, de se poser la question « de savoir si ce n’est peut-être pas à cause du système politique, qui a fermé d’autres segments pouvant s’exprimer de manière plus organisée et plus rationnelle, et qui sont autrement plus menaçants, que les jeunes vont vers ces idées qui peuvent surprendre », développe-t-il.

« Quand vous fermez tout. C’est le principe de la cocote minute. La pression monte et il arrive que quand l’espace que vous laissez à l’expression n’est pas suffisant, cela peut mener à l’exclusion », prévient-il. « Donc oui au débat car il y a un moment où toutes les propositions devront être argumentées. On ne peut pas vendre n’importe quoi, n’importe comment », a-t-il conclu.

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