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« Notre essence se trouve dans le non-alignement, trouvons-nous notre force »

« Notre essence se trouve dans le non-alignement, trouvons-nous notre force »

TRIBUNE. Le non-alignement face aux bouleversements actuels : une approche pertinente !

L’Algérie, longtemps attachée à sa liberté de ne pas vouloir appartenir à un cartel, un pôle, une communauté ou une idéologie politique, se demande si cette position lui permettra de bénéficier de la perspective imminente de la multipolarisation.

Les occasions manquées, qui sont regrettées tant par la communauté internationale et nos partenaires que par les acteurs économiques nationaux, pourraient-elles se transformer en opportunités imprévues ?

Il est à rappeler que l’Algérie a délibérément choisi l’autarcie financière après avoir remboursé sa dette externe. Cela s’est manifesté notamment à travers la Loi de finance complémentaire de 2009 et cette politique a perduré jusqu’à présent, refusant tout financement extérieur.

Au cœur des bouleversements actuels, l’Algérie a été le témoin de nombreux événements économiques, tant internes qu’externes, qui ont secoué le paradigme capitaliste dominé par le modèle dollar suprême.

Le monde tout entier est plongé dans une effervescence sans précédent, car ce modèle économique a atteint ses limites et se montre impuissant à contrôler l’économie mondiale.

L’ouverture effrénée aux développements dans diverses régions du globe a eu pour effet la désindustrialisation de l’Occident et a engendré des conflits internes, notamment la rivalité entre l’économie spéculative et l’économie réelle, ce qui est particulièrement évident au sein des Brics.

Toutes ces évolutions précipitent l’arrivée de nouvelles réalités économiques mondiales, où l’amorce de ce nouveau modèle ne laissera guère de place aux bulles financières et aux modélisations qui contrôlaient le pouvoir économique mondial.

Le modèle économique anglo-saxon-occidental, dirigé par les États-Unis et le Royaume-Uni, et adopté par les alliés de la triade, qui était imposé au monde entier en termes de politiques monétaires par le biais du dollar en tant que monnaie suprême et des échanges internationaux, montre aujourd’hui ses limites. Il semble être contraint de céder du terrain face aux perspectives de ses détracteurs.

Les pays du Brics, avec la Chine en tête, ont effectivement connu un développement et une prospérité grâce au modèle économique en place. Cependant, à mesure qu’ils atteignent un niveau d’essor avancé, ce modèle devient un frein à leur croissance.

Pour y remédier, ces pays ont commencé à réagir en se dotant de leurs propres institutions financières de soutien et de développement, ainsi que de mécanismes pour échapper au contrôle accablant des modèles et schémas soutenus par l’OMC, le FMI et la Banque mondiale.

La dédollarisation progressive est en marche, avec une diminution de la part des actifs en dollars américains dans les réserves des banques centrales.

De 2000 à 2020, cette part a baissé de 71 % à 59 %, et cette tendance continue à un rythme accéléré. Malgré cela, le dollar demeure en tête, bien loin devant les autres monnaies, car une chute brutale aurait un impact considérable sur l’économie mondiale, ce qui n’est souhaité par personne.

Cependant, il est inévitable qu’un équilibre soit trouvé, car la suprématie du dollar pourrait s’essouffler, ouvrant ainsi la voie à un nouvel ordre mondial multipolaire, étant donné que les Brics, en essence, restent ouverts à l’économie mondiale. Une nouvelle monnaie pourrait alors voir le jour pour faciliter les échanges entre ces grands pays émergents, sans vouloir l’imposer brutalement.

Sur le plan politique, les États-Unis n’écartent pas d’autres réactions visant à retarder ce processus, voire à l’empêcher. Cependant, le reste du monde semble résigné à opérer ce changement pour sécuriser leurs avoirs et leurs stratégies de développement au-delà des mesures actuelles. Les sanctions économiques et le blocage des avoirs en dollars ont entraîné une chute brutale de la confiance envers cette monnaie.

Il est donc évident que les changements économiques en cours ont des implications politiques majeures, avec d’un côté les pays du Brics cherchant à se libérer des contraintes du modèle actuel, et de l’autre, les États-Unis cherchant à défendre leur position dominante dans l’économie mondiale.

Cette évolution vers un nouvel ordre mondial multipolaire demeure un processus complexe et délicat, qui continuera probablement de susciter des tensions et des défis à l’avenir.

Au fil du temps, un pays tel que l’Algérie ne serait certainement pas enclin à s’engager dans la finance internationale tant que la situation demeure instable et encore à maîtriser.

Le non-alignement de l’Algérie

Cette approche trouve ses racines dans la lutte pour l’indépendance contre la colonisation française, aboutissant à la création d’une nation indépendante en 1962.

Dès ses débuts, l’Algérie a affirmé sa politique de non-alignement, refusant de se ranger aux côtés des blocs politiques et militaires dominants de l’époque : le bloc occidental dirigé par les États-Unis et le bloc oriental dirigé par l’Union soviétique.

Le mouvement de non-alignement a été promu par plusieurs pays nouvellement indépendants, tels que l’Inde, l’Égypte et la Yougoslavie, avec pour objectif de préserver leur indépendance et souveraineté en évitant toute allégeance à l’un ou l’autre bloc.

En tant que l’un des pays fondateurs du Mouvement des non-alignés en 1961 à Belgrade, en Yougoslavie, l’Algérie s’est engagée à promouvoir la coopération et la solidarité entre les nations en développement, tout en luttant contre le colonialisme, l’impérialisme et le néo-colonialisme.

Restant fidèle à cette politique tout au long de son histoire, l’Algérie cherche à jouer un rôle actif sur la scène internationale en défendant les intérêts des pays en développement.

Ainsi, aujourd’hui encore, l’Algérie continue de mettre en avant sa politique de non-alignement dans ses relations internationales. Cette approche lui offre une certaine liberté et indépendance, lui permettant de naviguer dans les eaux mouvementées du monde actuel sans se lier aux alliances rigides des blocs dominants.

La position géostratégique de l’Algérie

Effectivement, la position géostratégique de l’Algérie est remarquable et lui confère une influence significative sur plusieurs plans, tant au niveau régional qu’international. Voici un résumé de cette position :

1. Passage stratégique : L’Algérie est un point de connexion crucial entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe, grâce à ses frontières terrestres avec plusieurs pays d’Afrique du Nord. Elle jouerait ainsi un rôle clé dans les échanges et la convergence des routes transsahariennes et est-ouest subsahariennes, favorisant le commerce et les liaisons entre les régions est et ouest du continent.

2. Importance maritime : Avec sa vaste façade méditerranéenne, l’Algérie dispose d’un accès direct aux principales voies maritimes internationales. Cette situation privilégiée en fait un acteur majeur dans le commerce et le transport maritime dans la région.

3. Ressources naturelles : L’Algérie possède d’importantes réserves de pétrole, de gaz et de produits miniers recherchés par les économies technologiques. Ces ressources confèrent au pays une influence sur les marchés mondiaux des énergies fossiles et des matériaux rares, ainsi qu’une importance économique significative.

4. Rôle politique régional et continental : En tant que membre de l’Union africaine et de la Ligue arabe, l’Algérie participe activement aux initiatives visant à résoudre les conflits et à promouvoir la stabilité dans la région. Son engagement dans les affaires régionales et continentales lui donne une voix importante dans les prises de décision au niveau politique.

En résumé, la position géostratégique de l’Algérie lui confère un statut d’acteur clé dans la région de l’Afrique du Nord et lui permet de jouer un rôle significatif sur la scène internationale, tant sur le plan politique que sur le plan économique et sécuritaire.

Cette position stratégique lui offre également des opportunités importantes pour favoriser les échanges commerciaux et diplomatiques avec d’autres pays et régions du monde.

Partenaires économiques : chiffres

Clients, 1er semestre 2022
Italie 21,83 %
Espagne 12,13 %
France 9,94 %
Pays-Bas 7,80 %
Etats-Unis 5,75 %

 

Fournisseurs, 1er semestre 2022
Chine 16,50 %
France 7,17 %
Brésil 6,51 %
Argentine 6,44 %
Italie 5,83 %

 

Il semble que l’Algérie entretienne des volumes d’échanges significatifs avec certains pays, avec une prédominance des échanges avec l’Italie, la France, la Chine et l’Espagne. Voici les points saillants des échanges commerciaux de l’Algérie :

– L’Italie est le principal partenaire commercial de l’Algérie, avec un volume total d’échanges (exportations et importations combinées) représentant 26,66 % du total. Cela indique une relation commerciale robuste entre les deux pays.

– La France occupe la deuxième place en termes d’échanges avec l’Algérie, totalisant 17,11 %. Il s’agit également d’un partenariat commercial important pour l’Algérie.

– La Chine se positionne en troisième position, avec 16,50 % des échanges, principalement en tant que fournisseur de produits variés.

– L’Espagne est le quatrième partenaire en importance pour l’Algérie, avec 12,13 % des échanges, principalement en tant que client.

– Les clients de l’Algérie, en majorité, sont des pays voisins méditerranéens et européens. Cette tendance est influencée par la nature des produits exportés, essentiellement du gaz et du pétrole, qui sont des ressources énergétiques demandées par ces pays.

– Les fournisseurs de l’Algérie sont diversifiés, proposant une gamme variée de produits.

Il est important de noter que ces chiffres reflètent la situation à un moment donné et peuvent évoluer au fil du temps en fonction des dynamiques économiques et politiques.

La dépendance aux produits pétroliers peut également influencer les relations commerciales, car les fluctuations des prix du pétrole peuvent avoir un impact sur les échanges commerciaux avec les pays demandeurs de ces produits.

Diversifier les partenaires commerciaux et développer des secteurs économiques autres que l’énergie pourrait être une stratégie pour réduire cette dépendance et renforcer la résilience économique de l’Algérie.

Pourquoi devrions-nous rester non- alignés ?

Dans la réflexion sur notre position de non-alignement et son impact sur notre pays, il est indéniable que cette démarche pourrait s’avérer bénéfique pour l’Algérie.

En privilégiant le schéma multipolaire, nous affirmons une logique stratégique qui s’accorde avec notre identité de non-aligné. Cette orientation volontaire nous permet de maintenir des relations équilibrées avec nos clients actuels, tout en gardant à l’esprit la possibilité de nous ouvrir à de nouveaux partenaires industriels européens et autres.

Notre choix de rester non-alignés prend une dimension géostratégique passionnante, soulignant l’urgence de mettre en lumière les potentialités de notre pays et de développer le marketing territorial.

Cela nécessite l’implication de toutes nos compétences nationales, car il s’agit d’un projet souverain, soutenu par des accords concrets, notamment avec la Russie, la Turquie, le Qatar et la Chine, afin de renforcer la dimension productive de notre nation.

L’opérationnalité de ce projet est primordiale pour éviter les écueils passés de l’époque de « l’industrie industrialisante ». Nous devons être sérieux dans la mise en œuvre de nos politiques stratégiques de croissance, en optimisant nos relations avec le nouveau schéma multipolaire.

L’intégration des Brics représente un défi qui requiert une mobilisation à tous les niveaux de notre pays. Nous aspirons à une économie dynamique, à l’instar de certains pays émergents proches de nous en termes de développement, tels que l’Égypte, l’Arabie saoudite, l’Éthiopie et le Nigeria.

Pour atteindre ce statut d’économie émergente, nous devons faire face à des conditionnalités nécessitant des réformes rapides et efficaces. L’essor économique doit devenir l’objectif suprême de notre nation, autour duquel tout doit être planifié et organisé de manière cohérente.

Dans cette optique, la Loi sur la monnaie et le crédit revêt une importance cruciale, car elle représente le premier test de réformes qui définira l’ampleur et la cadence de nos avancées vers de nouveaux modèles de développement.

En conclusion, notre non-alignement pourrait se révéler être une démarche salutaire pour l’Algérie, nous ouvrant la voie vers une économie dynamique et équilibrée au sein du schéma multipolaire.

Cependant, pour concrétiser ces aspirations, nous devons faire preuve d’opérationnalité et d’une mobilisation totale à tous les niveaux de notre pays, afin de relever les défis et de bâtir un avenir prospère pour tous les Algériens.

*Docteur es-Sciences économiques, chef d’entreprise


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