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Ould Kablia rend hommage à Salah Bouakouir et critique Yacef Saâdi

Ould Kablia rend hommage à Salah Bouakouir et critique Yacef Saâdi

Daho Ould Kablia, président de l’Association des anciens du Malg (Ministère de l’Armement et des Liaisons générales) et ancien ministre de l’Intérieur, a défendu Salah Bouakouir, lors d’une conférence, ce mardi 18 septembre, au Forum du quotidien El Moujahid, à Alger.

« Le Malg gérait le service de renseignements. Durant  la Révolution, ce service, unique, était sous la direction de Abdelhafid Boussouf. Ce service avait plusieurs collaborateurs et sympathisants même s’ils n’étaient pas forcément des militants ou Moujahidine. À l’époque, il fallait chercher le renseignement, là où il se trouvait. Il y avait des amis qui ont apporté leur contribution. Quelqu’un comme Salah Bouakouir était le secrétaire général adjoint du gouverneur général en Algérie, chargé des questions économiques. Il avait pris contact avec Ferhat Abbas avant de le rencontrer à New Delhi. Abbas revenait de Chine et Bouakouir était en visite là-bas (en Inde). Ferhat Abbas écrit dans un livre que Bouakouir est venu saluer le président du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) et a proposé d’apporter son aide en tant qu’Algérien », a-t-il déclaré. Selon lui, Ferhat Abbas, président du GPRA de 1958 à 1961, a mis Salah Bouakouir en contact avec Abdelhafid Boussouf.

Bouakouir a dévoilé le Plan de Constantine

« Bouakouir a apporté alors sa contribution. Il a, par exemple, dévoilé toute la structure du Plan de Constantine (plan socio-économique préparé par le gouvernement français en 1958) et a présenté un dossier détaillé sur les intentions de la France en matière de pétrole en Algérie. Nous avons tous les documents sur cela. Même s’il a soutenu la Révolution tardivement, il a été assassiné par les services spéciaux français. Il doit mériter le titre de Chahid de la Révolution. Il n’y a pas que lui. D’autres étaient aussi à Alger et collaboraient avec le Malg à condition de ne pas être en contact avec les militants des zones où ils étaient. Pourquoi ? Parce que ces militants étaient quotidiennement interpellés. Un interrogatoire peut révéler l’identité de dix à quinze personnes. Ils ont dit que pour leur sécurité, il fallait que les contacts soient en dehors de la zone », a appuyé Daho Ould Kablia.

Il a cité l’exemple de Fadéla Atia, qui était  secrétaire de Robert Lacoste, gouverneur général en Algérie, entre 1956 et 1958. « Elle ramenait tous les doubles des documents au responsable de la cellule du Malg qui était Mahfoud Kaddache (historien). Après l’indépendance, le groupe de Yacef Sâadi de la Zone autonome a arrêté cette femme, accusée de trahison parce qu’elle travaillait avec Lacoste. Il y a une autre femme aussi comme Nafissa Nekoud », a-t-il révélé

Boudiaf a débaptisé le boulevard Bouakouir à Alger

Il a parlé aussi de trois députés et d’un sénateur qui envoyaient leurs voitures et autobus en Allemagne pour chercher des armes pour l’ALN à Alger. « C’est grâce à cela qu’on a pu affronter l’OAS. Des dizaines et des dizaines de pistolets et de grenades (ont été envoyés). Nous avons des preuves, des reçus. Le commandant Azzedine a reconnu avoir reçu 600 PA (pistolets automatiques), 150 PM (pistolets mitrailleurs) et des quantités extraordinaires de munitions pour la zone autonome », a-t-il dit sans révéler l’identité des députés de l’époque.

Daho Ould Kablia a expliqué qu’Abderrahmane Fares, alors président de l’Exécutif provisoire en 1962, avait décidé de donner le nom de  Salah Bouakouir à un boulevard à Alger.

« Farès, qui collaborait du FLN, et le Malg, et ceux qui étaient avec lui comme Chawki Mostefai et Bélaid Abdesselam savaient qui était réellement Salah Bouakouir, d’où la décision de baptiser un boulevard à Alger (devenu Krim Belkacem). Et quand Mohamed Boudiaf, qui était en prison depuis 1956, était venu (en 1992), il a marqué son étonnement en constatant qu’un boulevard portait le nom de Salah Bouakouir. Il était un traitre pour lui. Il a demandé alors la débaptisation. On lui a choisi Krim Belkacem, qui passait avant lui, c’est vrai, mais il ne fallait pas le salir », a dénoncé le président de l’Association du Malg.

Abdelkader Barakrok a travaillé pour le Malg

Il a annoncé avoir le premier à évoquer l’affaire Salah Bouakouir en 1992 et 1993 avec la création de l’Association du Malg. « Je connaissais bien ce que faisait Salah Bouakouir car je recevais ses rapports lors que j’étais dans la centrale de renseignement. J’ai consulté sa famille avant d’en parler (en 1992). J’ai discuté avec son défunt fils, Chérif Bouakouir. Je lui ai dit que je n’acceptais pas que son père soit humilié et présenté comme un traitre. Et je lui ai dit aussi que j’étais prêt à le défendre mais je demandais à avoir leur autorisation. Parce que je ne savais pas si la France donnait quelques avantages à la famille. Il m’a dit que l’honneur de la famille passait avant toute autre considération. Et c’est comme ça qu’on avait commencé à en parler au sein de l’Association du Malg ainsi que d’autres personnes », a détaillé Ould Kablia.

Il a cité le nom d’Abdelkader Barakrok qui était secrétaire d’État à l’Algérie au sein du gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury (entre juin et septembre 1957) et au sein de celui de Félix Gaillard (jusqu’à avril 1958). Abdelkader Barakrok fut le premier algérien à siéger dans un gouvernement français.

« Barakrok a aussi travaillé (pour le Malg). Toutes ces personnes ne pouvaient pas se montrer en 1962 parce qu’Abdelhafid Boussouf, qui les protégeait et qui maitrisait leur destin, avait disparu du pouvoir. Ceux venus après, comme Ben Bella et Boumediène ne les connaissaient pas », a expliqué Daho Ould Kablia.

Selon lui, les agents du Malg ne donnaient jamais leurs sources y compris à leur chef. « Ne demandez jamais à un agent du Malg de vous révéler d’où il ramenait ses informations », a-t-il dit.

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