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Présidentielle : le FLN tarde à annoncer sa décision

Présidentielle : le FLN tarde à annoncer sa décision

Autre singularité du scrutin présidentiel du 12 décembre, le FLN n’a ni présenté de candidat ni apporté son soutien à l’un des cinq postulants.

Une première depuis l’indépendance. Habitué au confort d’attendre les instructions et de mettre ensuite sa machine électorale au service du candidat adoubé par les cercles influents du pouvoir, le vieux parti ne semble pas savoir quoi faire devant le brouillard qui enveloppe la scène politique.

La dernière sortie officielle du parti remonte à plus de deux semaines. Le 4 novembre, son bureau politique s’est réuni mais n’a rien décidé, laissant sa session « ouverte ». Et ce n’est pas, comme on pourrait le penser, à cause de quelque divergence d’avis ou de tiraillements sur le candidat à soutenir. D’éventuels désaccords internes sur une telle question d’importance ne pouvaient pas ne pas fuiter.

A trois semaines du scrutin et alors que la campagne électorale a déjà démarré, le FLN n’a rien « tranché » et il se pourrait que l’élection se passe sans que le parti qui a dirigé le pays depuis l’indépendance et qui détient la majorité des sièges dans les assemblées élues ne donne de consigne de vote officielle à ses militants.

Cette situation, impensable il y a seulement quelques mois, ne peut s’expliquer que par l’absence d’instructions claires venant des parties habituées à diriger les positions des partis du pouvoir à l’orée d’échéances politiques importantes. Ou par une injonction au parti de ne pas se positionner.

Des cinq postulants à la présidence, quatre sont des candidats de leurs propres partis. Il reste Abdelmadjid Tebboune, issu du FLN, mais qui a préféré se présenter comme candidat indépendant, comme l’a fait Bouteflika lors de ses quatre mandats.

Tebboune est justement présenté par beaucoup comme étant le « candidat du pouvoir » et il aurait été dans l’ordre des choses qu’il soit assuré du soutien de la machine électorale du FLN, qui est de surcroît son parti.

Il est aussi incompréhensible que les militants et responsables du parti soient restés insensibles à tout ce qui se dit, à tort ou à raison, à propos de l’adoubement de l’ancien Premier ministre par les cercles de décision.

Le parti a-t-il été instruit de se tenir à l’écart ? L’hypothèse est plus que plausible. Le soutien du FLN dans la conjoncture actuelle est encombrant pour au moins deux raisons.

D’abord, celui qui en bénéficierait passerait aux yeux de l’opinion comme le candidat du pouvoir, alors que celui-ci a assuré par la voix de ses plus hauts représentants qu’il ne soutient personne et que l’élection sera libre.

Ensuite, le soutien d’un parti qui entend chaque semaine la rue réclamer sa dissolution et sa mise au musée peut s’avérer plus un boulet qu’un atout.

Qu’il ait un candidat ou pas, le pouvoir ne pouvait pas tomber dans une telle maladresse. Aux yeux de l’opinion, le FLN porte une grande responsabilité dans la gestion des affaires de l’État, au moins durant ces vingt dernières années, et de la corruption qui s’en est résultée.

Il a soutenu Bouteflika, qu’il présentait comme « son » président, de 1999 à sa chute. Il a raflé systématiquement la majorité des sièges dans toutes les assemblées élues grâce à une fraude massive qu’aujourd’hui personne ne nie.

Aucun candidat sensé ne peut en outre s’encombrer du soutien d’un parti dont deux anciens chefs se tiennent compagnie en prison pour des accusations de corruption.

L’image de l’autre parti du pouvoir, le RND, n’est pas plus reluisante et sa responsabilité dans la situation du pays n’est pas moindre. Son soutien aurait été tout aussi indésirable et c’est peut-être pourquoi il a choisi de présenter son propre candidat.

Cette période de pré-campagne est peut-être annonciatrice du début d’une nouvelle ère, pas trop réjouissante, pour le FLN qui devrait s’attendre à vivre des heures encore plus sombres après l’élection. Car si les candidats rejettent aujourd’hui son soutien, celui qui sortira des urnes, avec de surcroît un déficit de légitimité à combler, ne s’accommodera pas de la compagnie d’un parti honni par la société.

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