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Qu’est-ce-qui cloche avec le café ivoirien ?

Qu’est-ce-qui cloche avec le café ivoirien ?

Alors que des milliers de tonnes de café ivoirien destinées à l’Algérie sont bloquées au port d’Abidjan depuis le mois de février, Jeune Afrique et France 24 avancent que le blocage serait notamment imputable au système de caution mis en place par l’Algérie, principal marché du café ivoirien.

Dans le cadre de sa politique de durcissement des critères d’importation, Alger exige la constitution d’une provision bancaire de 120% du montant de l’importation. Une exigence qui s’applique à toutes les importations.

Une information toutefois non confirmée par le Conseil du Café-Cacao (CCC), l’organe de régulation de la filière en Côte d’Ivoire. « Il a été constaté ces derniers temps, un ralentissement des opérations de déchargements de café au niveau des usines de conditionnement de certains exportateurs. Cette situation est due essentiellement à la baisse de fréquence des navires en destination des ports habituels d’importation du café en provenance de Côte d’Ivoire », écrit le CCC dans un communiqué – toutefois non daté – sur son site internet.

Des conditions d’exportation qui viennent pénaliser la filière café, déjà en difficulté dans le pays. En effet, chez le 3e producteur africain après l’Éthiopie et l’Ouganda, la production de café est passée de 106 000 tonnes en 2016 à 59 000 tonnes en 2017 en raison de l’impact de la sécheresse et de l’Harmattan (vent sec et chaud) qui a coïncidé avec la floraison du café. Le gouvernement qui visait en 2020 un niveau de production de 200 000 tonnes de café a été contraint de ramener cet objectif à 2022, rapportent les médias locaux.

Alors que la Côte d’Ivoire était l’un des premiers producteurs mondiaux, le pays a vu ses exportations divisées par deux, voire par trois, au cours de ces dernières décennies. L’Algérie continue toutefois d’être le plus gros marché du pays. « En Europe, seuls les torréfacteurs espagnols et italiens incorporent encore un peu de robusta ivoirien dans leurs mélanges », souligne d’ailleurs RFI.

S’il existe de grandes variétés de café, le robusta représente près de 40% de la production mondiale de café, et l’arabica compte pour 60%. Le prix de cette matière première est conditionnée – lui aussi – par l’offre et la demande, par les conditions climatiques et l’état des stocks disponibles. Le robusta est connu pour être puissant et amère, avec une teneur en caféine plus élevée, contrairement au café arabica réputé pour être plus doux.

Selon les données du CCC, les principales destinations des exportations de café en provenance de Côte d’Ivoire sont l’Afrique du Nord et l’Union Européenne. « Au 30 juin 2017, 21 065 tonnes de café ont été exportées à destination de l’Afrique du Nord, soit 72% du total des embarquements. L’Union Européenne a réceptionné 7 121 tonnes de café, soit 24% des volumes embarqués. Le reste des exportations (4%) est destiné à quelques pays de l’Asie et de l’Amérique du Sud ».

Depuis quelques années, la Côte d’Ivoire cherche à reformer la filière quantitativement et qualitativement afin de récupérer les parts de marché perdues. « Le vieillissement du verger, l’abandon de certaines plantations, la rareté de la main d’œuvre agricole et l’évolution défavorable du climat ont entraîné une réduction du potentiel de production du café de la Côte d’Ivoire. Ce dernier est passé d’une production moyenne de 300.000 tonnes à 83 000 tonnes à la fin des années 2000 », indique le Conseil du Café-Cacao (CCC).

Mais le robusta ivoirien doit aussi faire face à la concurrence du robusta vietnamien, premier producteur mondial, devenu un acteur majeur du marché en à peine deux décennies.

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