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« Qui a tué François Fillon ? » : comment le candidat a perdu la présidentielle imperdable

« Qui a tué François Fillon ? » : comment le candidat a perdu la présidentielle imperdable

Un an après les révélations du Canard Enchaîné qui ont précipité la chute de l’ex-favori de l’élection présidentielle de 2017, la chaîne d’information en continu BFM TV est revenue sur « l’affaire » dans un documentaire intitulé « Qui a tué François Fillon ? », diffusé lundi soir.

Emplois fictifs présumés

Mardi 24 janvier 2017, fin de journée. Le documentaire s’ouvre sur une anecdote de bien mauvaise augure. François Fillon, candidat des Républicains à l’élection présidentielle, partage avec son équipe de campagne la traditionnelle galette des Rois. Mais un détail va surprendre les convives : des petits chats noirs font office de fèves. De bien mauvais goût en ce début d’année électorale. Au même moment, le Canard Enchaîné, publie ses premières révélations sur des affaires d’emplois fictifs présumés concernant l’épouse du candidat, Pénélope Fillon.

Les proches du candidat de droite pensent d’abord à une « boule puante ». « Je n’étais pas surpris, et au fond j’ai vraiment pris ça pour un acte de malveillance contre Fillon. Il n’y a rien de plus violent qu’une campagne présidentielle », raconte l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

De leur côté, les journalistes de l’hebdomadaire satirique expliquent avoir fait leur travail d’enquête. Ce long travail d’investigation leur a ainsi permis de découvrir que Pénélope Fillon, l’épouse du candidat à l’élection présidentielle avait, pendant plusieurs années, occupé deux emplois à temps plein pour des sommes conséquentes.

Les ennemis de Fillon : Dati, Copé…

Un scénario, un peu trop simple ? « Comment le Canard s’est-il procuré ces montants ? », s’interrogent quatre journalistes de BFM TV, Camille Langlade, Pauline Revenaz, Quentin Baulier et Alexandre Funel. Antonin Lévy, l’avocat de François Fillon est de son côté persuadé que les journalistes de l’hebdomadaire satirique ont été aidés. « Ce qui est certain c’est que le Canard Enchaîné a mobilisé des gens qui avaient envie de parler et qui avaient envie de donner », renchérit Gérard Longuet, sénateur LR de la Meuse, et ex-ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy.

Chez les Républicains, les regards se tournent vers les ennemis de François Fillon. La mésentente entre Rachida Dati et le candidat à l’Élysée est connue de tous. Des tweets de 2014 suscitent des interrogations. « L’habit ne fait pas le moine. Que @francoisfillon soit transparent sur ses frais, ses collaborateurs et Force Républicaine ! », écrivait-elle le 9 juillet 2014 sur son compte Twitter. Interrogée dans le documentaire, Rachida Dati se défend : « Quel était mon intérêt de vouloir tuer le candidat de notre famille politique ? ».

Une autre figure de la droite est soupçonnée. Un certain Jean-François Copé. Personne n’a oublié la guerre de succession à l’UMP en 2012 entre les deux hommes. « Je n’ai accès à aucune information particulière (…) Vous savez s’il fallait mettre en cause tous ceux à qui François Fillon a fait du mal ça faisait une grande liste », avance Jean-François Copé.

La piste de l’Assemblée nationale est également explorée. Qui a pu faire fuiter des fiches de paie de l’épouse de François Fillon ? « Y’a pas 50.000 personnes qui ont accès à ces informations. (…) Les services financiers possèdent ces informations », explique Thierry Solère, ancien questeur à l’Assemblée nationale, et porte-parole du candidat de droite à la présidentielle. Selon BFM TV, 95 personnes peuvent à l’Assemblée avoir accès aux fiches de paie des collaborateurs. La piste d’un haut fonctionnaire est envisagée, puis abandonnée.

Pendant ce temps, François Fillon va lui-même se mettre la corde au cou. Deux jours après les premières révélations du Canard Enchaîné, il est invité du journal de 20h de TF1. Et lâche alors cette phrase : « Il n’y a qu’une seule chose qui m’empêcherait d’être candidat, c’est si mon honneur était atteint, si j’étais mis en examen ». Dont acte.

Un candidat incontrôlable

Pourtant, le 28 février, quand Patrick Stefanini son directeur de campagne lui annonce sa mise en examen, Fillon ne va pas – comme il l’avait promis- renoncer. Le 1er mars au matin, alors que le candidat doit se rendre au salon de l’Agriculture, François Fillon annule sa visite. Ceci alimente toutes les spéculations sur son possible retrait de la course.

À 12h30, François Fillon, la mine grave et les traits tirés, clarifie la situation dans un discours de huit minutes. Il confirme une convocation aux fins de mise en examen le 15 mars. Mais indique qu’il ne renonce pas. Il semble désormais incontrôlable. Pour lui, on tente de l’assassiner politiquement. Le dimanche suivant, il appelle à un grand « rassemblement populaire » place du Trocadéro à Paris.

Contrairement à ce que les observateurs annonçaient, les soutiens de Fillon sont au rendez-vous. Le soir même, au journal de 20h de France 2, Fillon est galvanisé. « Personne n’a le pouvoir de m’obliger à retirer ma candidature », assure-t-il. L’interview est alors suivie par Thierry Solère, qui a démissionné quelques jours plus tôt de son poste de porte-parole. « Tout Paris s’appelle », raconte-t-il à BFM TV. Au téléphone, il tente de convaincre Alain Juppé de remplacer François Fillon.

Mais le lundi 6 mars, à 61 jours du premier tour, le principal intéressé met fin au suspens. « Je confirme une bonne fois pour toutes que je ne serai pas candidat à la présidence de la République », assène-t-il non sans gravité. « Quel gâchis », reconnaît alors le maire de Bordeaux. L’opération « débranchage » de la droite a échoué. Impossible désormais de remplacer Fillon.

Le coup de grâce d’un ami

Le coup de grâce va venir d’un certain François Bourgi, un ami de François Fillon. Le 11 mars 2017, Le Journal du dimanche rapporte que le candidat à la présidentielle, déjà bien empêtré dans les affaires, a reçu deux costumes d’un mystérieux ami pour un montant de 13 000 euros à sa demande. Quelques jours plus tard, Bourgi reconnaît publiquement être cet ami très généreux.

Presque un an après les faits, l’avocat et ex-figure de la Françafrique, se plaît à raconter comment il a tué son ami Fillon. Il n’a pas digéré le fait d’être snobé par son ami… « Il a violé toutes les règles de l’amitié à mon endroit », confie-t-il dans ce documentaire.

Au premier tour de l’élection présidentielle, le candidat de droite sera sans surprise éliminé. Depuis, il a totalement disparu des radars de la politique pour se reconvertir dans le privé ; au sein d’une société de conseil parisienne spécialisée dans le rachat de dettes d’entreprises.

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