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Rachid Boudjedra : « J’ai écrit ce pamphlet pour me libérer »

Rachid Boudjedra : « J’ai écrit ce pamphlet pour me libérer »

Rencontré au 22Salon international du livre d’Alger (SILA) qui se déroule jusqu’au 05 novembre au Palais des expositions des Pins maritimes, Rachid Boudjedra a refusé de s’exprimer sur la polémique avec Kamel Daoud et Yasmina Khadra soulevée par son pamphlet « Les contrebandiers de l’Histoire », paru aux éditions Frantz Fanon. « J’ai une affaire en justice et donc je n’aime pas trop en parler », a-t-il dit.

Dans son pamphlet, Boudjedra a accusé certains écrivains algériens de travailler, par leurs écrits et positions publiques, pour le compte de la France, ancienne puissance coloniale. Il a également accusé l’écrivain et chroniqueur Kamel Daoud d’avoir appartenu aux GIA dans les années 1990.

« L’Histoire algérienne a été falsifiée par ceux qui ont le complexe du colonisé pour reprendre l’expression de Frantz Fanon. Ce complexe est très présent aujourd’hui. Il y a même un courant qui s’est constitué comprenant des gens simples aussi. Il y a aussi la haine de soi qui fonctionne avec celle du pays. Après des lectures de certains romans vendus en Algérie, je voulais répondre à ces mensonges qui sont utilisés contre l’Algérie. « Cela m’a rendu malade », a confié Rachid Boudjedra en marge d’une séance de vente dédicace au stand des éditions Frantz Fanon (pavillon central).

« J’ai écrit ce pamphlet pour me libérer »

En trois siècles, l’Algérie compte, selon lui, 30 millions de martyrs en raison de l’occupation française et ottomane.  « Malgré cela, les gens disent n’importe quoi. Un romancier a prétendu que l’ALN était une armée nazie. Ce qui est faux. L’ALN comptait des cadres communistes et progressistes allemands, français, italiens et autres. J’ai écrit ce pamphlet pour me libérer. Vous journalistes, vous ne dites jamais que ce romancier a violé l’Histoire, a menti. Vous ne le dites pas, moi, je l’ai fait. La gravité de la situation m’a imposé cette forme d’écriture », a ajouté Rachid Boudjedra, en allusion au roman « Le village de l’allemand » de Boualem Sansal (paru en 2008 à Paris).

Il a rappelé avoir écrit son premier pamphlet en 1994 « Fils de la haine » dans lequel il critiquait le Front islamique du salut (FIS) et l’idéologie islamiste qu’il portait. Le FIS a été dissout et le pamphlet interdit sur décision de justice. « J’ai dit ce que je pensais à l’époque. J’ai 37 romans et 20 scénarios, mais je n’ai écrit que deux pamphlets. Dans tous les pays, vous pouvez trouver des lâches et des courageux. Il y a aussi ceux qui veulent gagner de l’argent. Les opportunistes, il y en a partout », a-t-il précisé.

Les hommes de lettres Algériens craignent-ils la critique ? « Le véritable homme de lettre cherche la critique et le débat sur ses travaux. Le problème est qu’il n’y a pas de critique littéraire en Algérie. Il n’y a pas de critique culturelle. On se contente dans les journaux de présenter des romans. Il n’y a pas de critique réelle en terme technique, philosophique et scientifique. Mais, il y a émergence de la critique académique dans plusieurs universités du pays Guelma, Sétif, Oran, Tlemcen… Ce qui est de bon augure », a-t-il rassuré.

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