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Rencontres avec des pépites de l’artisanat algérien

Rencontres avec des pépites de l’artisanat algérien

Ces femmes et ces hommes ont chacun une histoire et un savoir-faire particuliers à raconter, et des produits à proposer. Certains sont retraités, d’autres ont donné une autre orientation à leur vie professionnelle.

À la ferme pédagogique de Zeralda dans l’Ouest d’Alger, chaque week-end, ou lors des marchés de Yennayer ou du Mouloud, l’on rencontre également des exploitants de petites fermes agricoles.

Une seule chose les anime tous : la passion et l’envie de réussir. Ces artisans et artisanes n’ont pas de boutiques. C’est dans les foires et autres marchés de ce genre qu’ils vendent leurs produits et tissent des liens avec leur clientèle. À la ferme pédagogique de Zeralda, nous nous sommes rapprochés de quelques artisans qui nous ont parlé avec ferveur de leurs métiers.

« Je travaille en famille »

Youcef Ouldkhaoua (57 ans) arrive de Médéa où il exploite un petit terrain agricole (vignes, figues, figues de barbaries, amandiers et oliviers).

À partir de ses propres récoltes, il produit de manière artisanale, du vinaigre de raisin, des raisins secs, figues séchées et de la pâte de raisin (fabriquée à base de semoule, amandes et jus de raisin).

Des produits qui sont très appréciés par les visiteurs. « Je travaille en famille, avec ma femme et mes enfants, nous dit-il. Je suis agriculteur depuis mon plus jeune âge. Ces dernières années, je fréquente les foires et marchés de ce genre pour vendre mes produits ».

Youcef commercialise également du vinaigre de pêche, de pomme et d’abricot. Sur son étal, il y a aussi des bouteilles d’extrait de grenade, de caroube, de dattes et de raisins.

Produits 100 % naturels

« Miel El Bled », c’est le label sous lequel Mehdi Hamil (42 ans) commercialise ses pots de miel. La nature du miel est indiquée sur les étiquettes : carotte sauvage, eucalyptus, férule, euphorbe, jujubier…

« Je suis producteur de miel 100%  naturel », nous apprend Mehdi qui travaille dans l’apiculture avec son père et son frère depuis 1998. Pour nourrir ses abeilles et diversifier ses miels, il déplace ses ruches d’une région à une autre.

« Nous avons des ruches que nous déplaçons en transhumance à travers plusieurs régions d’Algérie : la Mitidja, le sud et l’ouest du pays. C’est un travail de longue haleine mais ça paye bien en retour. Nos miels sont vendus entre 3200 DA et 5000 DA le kilo et ils trouvent toujours preneurs ».

Institutrice et artisane

Aziza Bentoudja offre des dégustations aux clients qui s’arrêtent devant son présentoir. Cette artisane âgée d’une cinquantaine d’années cumule deux fonctions. Elle est institutrice d’arabe dans une école privée et artisane.

« Mes journées commencent à 4 heures du matin. Je prépare mes conserveries avant d’aller retrouver mes élèves », nous confie-t-elle. Chaque week-end, elle expose ses produits à la ferme pédagogique de Zeralda.

« Toutes mes préparations sont certifiées sans conservateurs ». Légumes au vinaigre, « felfel m’raked », « h’rissa » naturelle, confitures artisanales, les pots de Aziza sont vendus entre 300 et 500 da.

Nouvelle vocation

Autre artisane à proposer des confiseries : Issra Mebarki.  À 50 ans, Issra a donné un autre sens à sa vie. « J’ai claqué la porte de mon entreprise après avoir occupé le poste de comptable pendant de nombreuses années. J’ai toujours vu ma grand-mère et mes tantes préparer des confitures et confiseries de manière traditionnelle. Alors je me suis lancée dans ce créneau. Je participe à tous les marchés de ce type. Je vends également mes produits sur internet et ça marche plutôt bien. »

Issra fabrique des confitures (coings, mandarines, oranges…), des pâtes de fruits (maajoun t’bassa),  orangettes et nougats à la cacahuète. « Tout est préparé à la maison, à l’ancienne, sans ajout de produits chimiques », souligne-t-elle avec un grand sourire.

Huile d’olive de Kabylie

Comme des essaims d’abeilles, les visiteurs de la ferme pédagogique se pressent autour d’un présentoir orné de bouteilles d’huile d’olive pour demander les prix. Nouredine Ahmaneche exploite une huilerie traditionnelle à Bouira, depuis 7 ans.

« C’est une entreprise familiale. Nous exploitons nos propres oliviers et assurons la mise en bouteille dans notre huilerie traditionnelle à tous ceux qui nous confient leur récolte. Les clients qui achètent nos produits sont rassurés d’avoir la traçabilité de l’huile qu’ils consomment. Cette année, la récolte des olives a été maigre à cause de la sècheresse automnale et des incendies. Le prix d’un litre d’huile d’olive est de 900 DA. »

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Artisans chocolatiers

Le chocolat artisanal, une friandise qui fait fondre de gourmandise. Karima Lalouci (53 ans) est artisane  chocolatière. Dans une ancienne vie, elle travaillait comme commerciale pour un concessionnaire automobile.

Depuis quelques années, elle endosse avec brio le costume de chocolatière. Karima invente ses propres chocolats qu’elle parfume et décore au gré de ses envies. Deux nouvelles pièces viennent enrichir sa gamme en ce début d’année : les bouchées de chocolat à l’huile d’olive et au thé matcha. C’est dans son atelier que cette artisane prépare ses confiseries : cœurs aux pralinés, chocolat au caramel et beurre salé, amandes enrobées de chocolat, bouchées à la mangue, écorces de pamplemousse… Un régal pour les papilles (900 DA les 100 grammes).

Dans la famille des chocolatiers, nous avons également rencontré un couple d’artisans chocolatiers qui s’installe  chaque week-end  sous un chapiteau de la ferme pédagogique de Zeralda.

Ali Nabet (53 ans) et Rachida Nabet (47 ans) ont orné leur étal de petits chocolats estampillés Yasamadelices pendant que Rachida s’empresse de servir les clients qui, l’eau à la bouche,  lorgnent les pyramides de chocolat, Ali revient sur la genèse du lancement de sa chocolaterie artisanale.

«  J’ai travaillé dans une base pétrolière du sud, jusqu’au jour où  j’ai eu un grave problème de santé. Pour m’en sortir,  j’ai démissionné de mon poste que j’occupais dans une région au climat pénible. Mon épouse et moi avions alors décidé de nous lancer dans la fabrication de chocolat artisanal », relate-t-il.

L’aventure commence alors. « Ma femme a suivi une formation de chocolatière au Maroc et de cake-design en Turquie en 1996. Aujourd’hui, nous proposons une large gamme de chocolats fourrés aux pralinés, amandes, noisettes et gelées de fruits. Il y a également des petites bouchées au chocolat blanc, des truffes, des dattes fourrées et enrobées de chocolat. Toutes ces pièces sont fabriquées de manière artisanale dans notre atelier à Reghaia. Nous profitons de ce genre de marchés pour faire connaître nos produits et gagner notre vie ».  (700 DA les 100 grammes).

Épices aux multiples saveurs

Autre commerce de bouche : les épices. Karim Saadou (35 ans) a créé « El Merrakchi », une entreprise de production et de conditionnement d’épices.

« Je travaille avec des agriculteurs qui font pousser les plantes dans leurs exploitations agricoles. Après la récolte, je me charge du séchage et du conditionnement. J’offre donc de l’emploi à ces fellahs, dont le travail sert aussi mon entreprise. Origan, thym, curcuma, coriandre, gingembre… aucun conservateur n’est utilisé dans le processus de fabrication. On revient aux recettes de nos ancêtres : juste du gros sel qui absorbe les toxines et aucun produit chimique. Certains mélanges proviennent de recettes achetées chez des chefs cuisiniers internationaux. Avant la crise sanitaire, je voyageais beaucoup : Cuba, Thaïlande, Kenya, Zanzibar, Italie… pour découvrir les secrets des épices. C’est tout un univers qui s’ouvre sur des saveurs insoupçonnables. En tout cas, nos épices se vendent comme des petits pains ! » (Entre 150 et 200 DA les 70 grs).

Produits d’hygiène et cosmétiques bio

Autre artisane passionnée par son métier : Lamia Bouzid (39 ans) : « Je suis savonnière depuis 2015 » nous lance-t-elle. « J’ai ma propre savonnerie artisanale à Bouharoun, où je fabrique des savons à base d’huile d’olive et d’huile de noyau d’abricot ainsi que du savon mou avec de la poudre de figues de barbarie. Je commercialise également de la poudre de figues de barbarie qui sert de gommage pour la peau. Ma petite entreprise se développe bien et je suis très heureuse de vivre du fruit de mon labeur ».

Sous un autre chapiteau, nous faisons connaissance avec Ilyas Kouider. Il commercialise une large gamme de produits cosmétiques naturels sous le label « Essences d’Algérie » : baumes cicatrisants, crèmes hydratantes, eau de fraîcheur, crème éclaircissante, huiles essentielles…

« Je travaille avec des agriculteurs qui me fournissent les plantes. Tout est cultivé selon les règles de la culture biologique, sans pesticides. Je travaille en famille et propose mes produits à une clientèle à la recherche de produits cosmétiques bio ».

Ces artisans et artisanes ne comptent pas leurs heures de travail et ne ménagent aucun effort afin de proposer des produits sains et de bonne facture aux consommateurs et leur souhait à tous, c’est de pouvoir vivre de leur passion. Un domaine désormais, en pleine expansion en Algérie.

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