
Prévu le 30 octobre, le vote sur la résolution que les États-Unis entendent présenter au Conseil de sécurité de l’ONU sur la question du Sahara occidental s’annonce incertain.
En effet, pour faire adopter son projet dans sa forme actuelle, Washington doit obtenir l’approbation d’au moins neuf des quinze membres du Conseil.
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Or, au regard des fractures qui minent le Conseil de sécurité des Nations-Unies et la controverse suscitée par la mouture présentée par Washington, la bataille est loin de pencher en faveur des Américains.
Les États-Unis ont besoin de 9 voix sur 15
Selon les observateurs, les États-Unis pourraient n’obtenir que cinq à six voix, un nombre insuffisant pour atteindre le quorum nécessaire.
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Une situation qui contraint Washington à envisager soit une révision du texte pour qu’il soit acceptable par toutes les parties, soit des pressions bilatérales sur certains membres indécis.
Composé de cinq membres permanents (États-Unis, France, Royaume-Uni, Chine et Russie) et de dix membres non permanents, le Conseil de sécurité ne dissimule pas les fractures et les divergences qui le minent.
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Si les États-Unis et la France devraient, sans grande surprise voter pour la résolution sur le Sahara occidental, compte tenu de leur soutien franc et ouvert au Maroc, la Chine, la Russie et le Royaume-Uni pourraient, en revanche, s’abstenir.
Et d’ores et déjà, Moscou a prévenu que si le texte n’est pas modifié, elle recourra à son droit de véto. Parmi les membres non permanents, l’Algérie, soutien indéfectible de la cause sahraouie et attachée au principe d’autodétermination des peuples, s’y opposera à coup sûr.
Le Danemark, le Pakistan, la République de Corée et la Slovénie s’orientent vers l’abstention. La Guyane, en raison de sa propre situation territoriale contestée avec le Venezuela, pourrait aussi se tenir à l’écart, même si elle soutient le Maroc.
Si la Sierra Leone et le Panama semblent disposés à soutenir Washington, la Grèce et la Somalie restent incertaines, bien que ces deux pays soient sensibles aux pressions américaines.
Autant dire donc que le projet américain est loin de faire consensus. Pensé prétendument pour résoudre un conflit vieux d’un demi-siècle, le texte américain introduit un changement majeur : il érige le prétendu plan d’autonomie marocain en seule base de négociation, excluant le principe de l’autodétermination du peuple sahraoui.
Non seulement, cette approche viole la légalité internationale, mais aussi les résolutions précédentes du Conseil de sécurité et l’avis consultatif de la Cour internationale de justice (1975).
Le Polisario dénonce une « grave dérive »
Dans une lettre adressée au président du Conseil, le représentant sahraoui à l’ONU, Sidi Mohamed Omar, a dénoncé une « dérive grave et sans précédent ».
Selon lui, le projet américain « redéfinit de facto la nature du conflit », en écartant toute référence au référendum d’autodétermination et en « niant la participation du peuple sahraoui ».
Le mouvement sahraoui accuse certains membres du Conseil de vouloir transformer la MINURSO en simple instrument de gestion du statu quo, au détriment de la décolonisation.
« La paix ne se décrète pas depuis les capitales, elle se construit avec les peuples », rappelle Sidi Mohamed Omar, appelant à un dialogue sans conditions préalables et « dans un esprit de bonne foi ».
« Sans négociations directes et inconditionnelles entre le Maroc et le Front Polisario sous l’égide de l’ONU, aucune paix durable n’est envisageable », a commenté, par ailleurs, de son côté, le diplomate et ex-ambassadeur d’Algérie à Madrid Abdelaziz Rahabi. En définitive, l’ONU joue jeudi sa crédibilité.
Si d’aventure Washington parvient à imposer son texte, ce serait un précédent grave pour le système multilatéral et pour l’avenir du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.