search-form-close
RND : Quand Ouyahia – Chihab jouent à Poutine – Medvedev

RND : Quand Ouyahia – Chihab jouent à Poutine – Medvedev

Vent de révolte au RND. Comme son alter égo du FLN, le parti de l’ancien Premier ministre n’est pas épargné par les conséquences du soulèvement populaire et le rejet par le peuple des symboles du système.

Au RND, la contestation a franchi un pas supplémentaire ce dimanche 7 avril avec la décision d’écarter Ahmed Ouyahia de la section d’Alger. L’homme est aussi sommé de quitter son poste de secrétaire général du parti dans « l’immédiat ».

Celui qui mène la danse n’est pas un cadre marginalisé sous Ouyahia comme on pourrait le penser. La tête du secrétaire général est réclamée par son homme de confiance, le porte-parole du parti Seddik Chihab, par ailleurs secrétaire du bureau de wilaya d’Alger. Ahmed Ouyahia est appelé à assumer ses responsabilités. Il lui est reproché notamment les prises de position du parti que les militants disent ne pas partager.

Sauf que, s’il y a aujourd’hui quelqu’un qui peut difficilement adopter une telle posture d’indignation, c’est Seddik Chihab. Non seulement il s’est tu pendant des années devant les décisions d’Ahmed Ouyahia, mais il les a défendues avec acharnement. Sa qualité de porte-parole du parti l’a propulsé au-devant de la scène et fait de lui l’avocat de son chef hiérarchique, de sa politique et de ses décisions, dont le soutien au cinquième mandat de Bouteflika.

Même après la première grande marche populaire du 22 février, Chihab a tenté de défendre le choix de la « continuité ». « Dans la phase actuelle, nous considérons que ce choix (cinquième mandat, NDLR) est le mieux indiqué pour pouvoir avancer. Nous ne voulons pas revenir en arrière, revenir à la case départ. Jusqu’à maintenant, il n’y a aucun changement de cap. Le président de la République, tant qu’il tient à être candidat, trouvera les partis de l’Alliance à ses côtés », a-t-il tranché sur TSA le 25 février.

Seddik Chihab diluera peu à peu son soutien à Boueflika en fonction de la montée de la contestation populaire, jusqu’à devenir un farouche opposant et qualifier carrément l’entourage du président de « forces non-constitutionnelles » qui ont illégalement géré le pays.

« Il y a des forces qui sont gênées par les partis. Il s’agit de forces non structurées. Des forces non constitutionnelles, non organisées, etc. Elles sont partout. L’Algérie a été dirigée par ces forces durant ces cinq, six ou sept dernières années », a-t-il déclaré le 19 mars sur El Bilad TV.

La veille de la deuxième grande journée de mobilisation, soit le 28 février, le Premier ministre menaçait à partir de la tribune de l’APN les manifestants en brandissant le chaos syrien. Mais le 17 mars, il a jugé dans une lettre aux militants du parti qu’« il faut répondre dans les meilleurs délais aux revendications du peuple ». Dix jours plus tard, le 27 mars, il a officiellement demandé au président Bouteflika de démissionner. C’était au lendemain de l’appel lancé par le chef d’état-major de l’ANP pour l’application de l’article 102 de la Constitution.

Il ressort clairement de cette évolution que les positions des deux hommes n’ont jamais été antagoniques. Le bilan d’Ouyahia c’est aussi celui de Chihab qui l’a défendu depuis au moins février 2017, date à laquelle il a remplacé le défunt Miloud Chorfi comme porte-parole du parti. Moralement, il lui est difficile de se démarquer.

Certains voient dans son agitation un coup de poignard dans le dos et une trahison à l’égard d’Ouyahia, d’autres croient déceler un plan destiné au contraire à sauver la carrière de celui qui a marqué la vie politique nationale ces 25 dernières années. L’idée de se faire « contester » par son homme de confiance pourrait bien émaner du rusé Ouyahia pour éteindre le feu de la vraie contestation qui commence à prendre depuis que Belkacem Mellah et d’autres membres fondateurs du parti se sont mis à réclamer la tête du secrétaire général.

L’idée n’est pas totalement farfelue. Une fois élu à la tête du parti, Chihab gardera en quelque sorte la place à Ouyahia qui, semble-t-il, n’a pas encore mis une croix définitive sur sa carrière politique. Il attendra patiemment, et l’occasion de revenir par la grande porte finira par se présenter.

Un chassé-croisé qui n’est pas sans rappeler le stratagème de Vladimir Poutine qui s’est fait garder entre 2008 et 2012 sa place de président de la Russie par son fidèle Premier ministre Dimitri Medvedev, la constitution ne permettant pas d’effectuer plus de deux mandats consécutif. Toutes proportions gardées, Chihab et Ouyahia sont peut-être en train de rééditer le même chassé-croisé.


Sur le même sujet : 

close