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Sahara occidental : Ghali critique l’ONU et tend la main pour une « paix juste »

Sahara occidental : Ghali critique l’ONU et tend la main pour une « paix juste »

Sahara occidental : De notre envoyé spécial Makhlouf Mehenni

C’est dans une ambiance festive et de détermination qu’a été célébré ce samedi le 45e anniversaire de la création de la République sahraouie arabe démocratique (RASD), proclamée le 27 février 1976.

La célébration, qui a eu lieu dans le camp de réfugiés d’Aousserd, près de Tindouf, a été marquée par un important discours empreint de disposition à bâtir la paix, mais aussi de détermination, de Brahim Ghali.

« Nous appelons à la paix, nous ne sommes pas des va-t-en-guerre », dit d’emblée le président de la RASD. Puis d’insister : « Nous tendons la main pour une paix véritable, juste et équitable. Nous appelons nos frères au royaume du Maroc à emprunter la voie de la raison et de la sagesse, à mettre fin aux politiques d’agression, d’expansion et de colonialisme et à adhérer avec les pays de la région dans un processus basé sur la coopération, la complémentarité et le respect mutuel. »

Cela, non sans réitérer les fermes positions de la RASD et du Front Polisario, insistant sur le fait que toute solution doit être basée sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

« Il ne peut y avoir de solution réaliste au conflit du Sahara occidental basée sur le déni des droits du peuple sahraoui et allant à l’encontre de sa volonté souveraine, des droits garantis par la charte et les résolutions des Nations unies à tous les peuples de la planète », rappelle-t-il.

En évoquant l’organisation onusienne, Ghali la met sans ménagement devant ses responsabilités. « L’ONU n’a pas seulement failli à son engagement vis-à-vis du peuple sahraoui d’organiser le référendum d’autodétermination, mais aussi elle n’a pas agi avec sérieux et fermeté face aux entraves répétées et le non-respect par l’occupant marocain de ses engagements, bien que l’ONU soit témoin des retombées de l’obstination et de l’escalade du Maroc et ce, malgré nos mises en gardes réitérées à plusieurs occasions », a déclaré M. Ghali.

« C’est le soutien flagrant de certaines parties connues au sein du Conseil de sécurité qui a encouragé l’occupant marocain à aller vers l’escalade actuelle », juge-t-il.

Un constat déjà dressé la veille dans un point de presse par Khatri Addouh, responsable du secrétariat de l’organisation politique du Front Polisario, qui a même soutenu que la responsabilité de l’ONU dans l’enlisement de la crise est plus grande que celle du Maroc.

« Le Maroc n’aurait pas pu faire ce qu’il a fait sans le soutien de la communauté internationale, le soutien de l’ONU, du Conseil de sécurité ainsi que le secrétaire général de l’ONU », a-t-il dit.

Le président Ghali réitère donc son appel aux Nations unies pour appliquer ses propres résolutions et à la Croix rouge internationale ainsi qu’à toutes les organisations de défense des droits de l’Homme pour protéger les civils sahraouis dans « cette guerre injuste imposée par l’occupant marocain ».

Joe Biden appelé à rectifier le tir

De l’Union africaine, M. Ghali a indiqué qu’il attendait à ce qu’elle agisse pour mettre fin aux transgressions de sa charte constitutive par le royaume du Maroc.

Les autres parties interpellées directement et nommément par le président de la RASD sont l’Union Européenne, en particulier la France et l’Espagne, et les États-Unis.

« Nous espérons que l’Union européenne ne suive pas les orientations de certaines parties, notamment la France et l’Espagne, qui piétinent au grand jour les valeurs et les principes de l’Union et les décisions de la Cour de justice européenne », souhaite Brahim Ghali, qui invite les pays concernés à changer d’orientation : « Nous attendons sincèrement que la France contribue avec les autres membres de l’Union européenne à adopter une orientation claire basée sur le droit international. »

Le même appel est réitéré à l’attention de « la nouvelle administration américaine, à sa tête le président Joe Biden » pour « contribuer à trouver rapidement une solution démocratique et juste au conflit ».

La célébration de ce 45e anniversaire de la RASD survient dans un contexte particulier à plus d’un titre. Il intervient quelques mois après les importants développements qu’a connus le conflit, notamment la transgression du cessez-le-feu par l’armée marocaine en novembre dernier suivi de la reprise de la lutte armée par l’Armée de libération du peuple du Sahara occidental (APLS), puis la reconnaissance par l’ancien président américain Donald Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

La crise sanitaire a aussi influé sur l’événement en ce sens que la représentation étrangère n’a pas été ce qu’elle devait être. De nombreux pays africains et d’autres continents qui reconnaissent et soutiennent la RASD n’ont pu être représentés faute de possibilité de déplacement, de même que beaucoup d’organisations mondiales. Deux ambassadeurs, ceux du Zimbabwe et de Cuba, ont néanmoins présenté leurs lettres de créance à l’occasion.

L’Algérie, par contre, est représentée par une forte délégation médiatique, des personnalités politiques, des animateurs de la société civile et des officiels, menés par le vice-président du Sénat, Djabri Ghazi.

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