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Santé : la grève des résidents est partie pour durer

Santé : la grève des résidents est partie pour durer

La grève des résidents, dentistes, pharmaciens et médecins est partie pour durer. La dernière journée de négociations entre les représentants nationaux des résidents et la commission intersectorielle du lundi 26 février, n’a pas permis le déblocage de la situation.

Au contraire, le Dr Taileb Mohamed, membre du bureau national du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), a qualifié la réunion d’échec, pendant laquelle les membres de la commission ont « glissé plusieurs tentatives de division, des menaces et même des pièges ».

Le moyen de pression principal utilisé par la tutelle pour imposer aux résidents la fin de la grève est, selon le Dr Taileb, la planification d’une session des examens du DEMS entre mars et avril. Ce qu’ont rejeté catégoriquement les résidents, tout comme la proposition de suspendre le service civil pour une vingtaine de spécialités médicales, y voyant une tentative de division.

« Ils ont dit, dans un discours populiste, que le service civil est un patrimoine, un acquis de la population et d’un autre côté, ils montrent qu’ils peuvent se passer du service civil pour des spécialités importantes », a dénoncé le représentant du Camra, ce jeudi 1er mars, pendant l’émission en direct de TSA.

Parmi cette vingtaine de spécialités pour lesquelles le service civil a été suspendu : la neurochirurgie, la chirurgie cardiaque, la chirurgie thoracique, la neurologie, la pneumologie, la gastro-entérologie, la chirurgie maxillo-faciale. Des spécialités qui nécessitent des moyens techniques lourds, ce qui aurait, selon le Dr Taileb, motivé leur suppression par la tutelle, celle-ci étant incapable de fournir les plateaux techniques pour la pratique de ces spécialités dans les hôpitaux du Sud et des Hauts-Plateaux.

« Pour eux, c’est facile, il n’y a pas de moyens, donc on enlève carrément le médecin », a commenté le Dr Taileb, qui a insisté sur le rejet de cette proposition par les résidents.

L’échec des négociations serait dû au fait qu’en public, la tutelle promet un changement de la forme du service civil et la satisfaction des revendications des résidents alors qu’autour de la table de négociations, « elle n’arrive même pas à garantir des droits que le médecin algérien a depuis 1984, comme le logement, le statut de fonctionnaire ou le regroupement familial », selon le Dr Taileb.

Quant à l’autre principale revendication des résidents, à savoir leur refus de l’exception dont ils font l’objet lors des exemptions du service national au-delà de l’âge de 30 ans, le Dr Taileb a rappelé que c’est une discrimination illégale à l’égard des résidents.

« On sait que l’armée a besoin de médecins mais elle ne doit pas violer la constitution algérienne ni enfreindre le décret présidentiel qui a dispensé tous les citoyens âgés de plus de 30 ans du service national », a insisté le membre du Camra qui a toutefois insisté sur la disponibilité des résidents, futurs spécialistes, à travailler avec l’ANP si elle en a besoin.

Un système de santé corrompu

Les affectations des médecins spécialistes fraîchement diplômés a toujours posé problème dans la gestion du service civil. Selon les années, certaines régions, certains hôpitaux sont beaucoup mieux fournis en médecins spécialistes que d’autres. Le Dr Taileb a expliqué que la tutelle « qui devrait ouvrir des postes pour les spécialistes là où les logements et les plateaux techniques existent, les ouvre là où ça l’arrange, là où il n’y a pas de logements ou là où le directeur d’hôpital a le plus de pouvoir ».

Pour illustrer cet état de fait, le membre du bureau national du Camra a donné l’exemple d’un hôpital « où il y a un scanner fonctionnel mais où le directeur n’arrive pas à obtenir de poste de spécialiste en imagerie depuis quatre ans alors que d’un autre côté, il y a un hôpital sans scanner mais qui dispose de quatre radiologues ».

Des manœuvres qui sont dues, selon le Dr Taileb à un lobbying dont le but serait de « faire chômer les médecins » afin de laisser le champ libre au privé.

« C’est un secteur où il y a beaucoup de corruption et on est en train de mettre à nu ce système », a affirmé le Dr Taileb, selon qui les autorités seraient en train de pousser le système de santé algérien au pourrissement afin de mieux faire accepter par la population l’idée de la libéralisation du secteur.

« Le peuple algérien est habitué à la santé gratuite, les autorités ne peuvent donc pas la privatiser directement, nous sommes en train de déjouer leur tentative de privatiser la santé indirectement en cassant le secteur public », a-t-il expliqué.

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