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Séisme en Turquie : quelles leçons pour l’Algérie ?

Séisme en Turquie : quelles leçons pour l’Algérie ?

L’Algérie doit tirer des leçons du violent séisme de magnitude 7,8 qui a frappé lundi 6 février la Turquie et la Syrie, faisant plus de 33.000 morts et des milliers de blessés, dans les deux pays.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, le tremblement de terre a affecté plus de 26 millions de personnes en Turquie et en Syrie où plus de 4.000 bâtiments se sont effondrés.

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Au-delà de ce décompte macabre, ce séisme a montré l’ampleur des défaillances graves dans le système de construction en Turquie où des bâtiments récemment construits se sont effondrés comme des châteaux de cartes, tuant des milliers de personnes.

De nombreux résidents n’ont même pas eu lieu le temps de fuir, se retrouvant ensevelis ou écrasés sous les décombres. Rapidement, les promoteurs immobiliers sont désignés du doigt, comme étant responsables en partie de ce drame qui a frappé la Turquie.

Face à la gronde de la population qui réclame des sanctions, les autorités ont réagi en lançant des enquêtes et en opérant des arrestations parmi les barons de l’immobilier local, peu respectueux des règles de construction, dans des zones à forte sismicité.

Au moins 12 promoteurs immobiliers ont été arrêtés, dont certains étaient sur le point de quitter le pays, alors que 134 mandats d’arrêt ont été délivrés par la justice turque, a annoncé le ministre turc de la Justice, Bekir Bozdag.

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Le tremblement de terre de lundi a sérieusement abîmé l’image du secteur du bâtiment turc  et les entreprises de BTP turques, qui interviennent un peu partout dans le monde, notamment en Algérie. Il a révélé l’ampleur de la corruption et le non-respect des normes de construction par de nombreuses entreprises turques.

Ce qui s’est passé en Turquie doit servir de leçon pour l’Algérie. Les constructions anarchiques et le non-respect des normes parasismiques peuvent s’avérer fatales pour des milliers de personnes en cas de tremblement de terre de magnitude élevée.

En Algérie, le secteur du bâtiment se caractérise par une certaine anarchie dans le domaine de l’urbanisme, alors que les normes de construction, notamment des maisons individuelles, ne sont toujours pas respectées.

Pourtant l’Algérie dispose d’un Règlement parasismique (RPA), qui a été établi après le séisme d’El Asnam en 1980, et actualisé une dernière fois après le tremblement de terre de Boumerdes en 2003. Ces deux séismes furent les plus violents et les plus meurtriers qui frappèrent le nord de l’Algérie en moins de 25 ans.

Le nord de l’Algérie, où réside l’essentiel de la population algérienne, est considéré comme une région à forte sismicité, ce qui l’expose à de violents tremblements de terre.

La région d’Alger est classée par le RPA comme une zone de sismicité élevée, d’où la nécessité de respecter scrupuleusement les normes parasismiques et les règles de l’urbanisme dans les constructions.

Or, sur le terrain, le constat est amer : les constructions sont souvent anarchiques et ne respectent aucune norme d’urbanisme, avec des particuliers qui construisent leurs maisons, parfois des immeubles de plusieurs étages, sans respecter les normes parasismiques.

Certains se permettent même d’effectuer des travaux lourds dans leurs appartements, en démolissant par exemple des murs porteurs du bâtiment, en toute impunité, mettant en danger leur vie ainsi que celle des autres locataires. Les travaux dans les appartements et sur les terrasses doivent être strictement réglementés, ou interdits quand ils constituent un danger pour la stabilité des bâtiments.

L’Algérie exposée à des séismes destructeurs

« Il faut associer l’ingénieur dans l’acte de bâtir », soutient un ingénieur en génie-civil, patron d’un bureau d’études privé. Contrairement aux idées reçues, le danger en cas de tremblement de terre peut venir des constructions individuelles qui ont pris de l’ampleur ces dernières années en Algérie. « L’ingénier génie-civil n’est pas associé dans la conception des maisons individuelles », pointe-t-il encore.

Des quartiers entiers sont érigés par des particuliers, parfois, sans respect des règles parasismiques, puisque le contrôle de la réalisation des maisons individuelles n’est pas obligatoire par le CTC (Organisme de contrôle des constructions).

Autres problèmes : le suivi des constructions, y compris les promotions immobilières, qui ne se fait pas d’une façon rigoureuse, tout comme les études de sol, préalables à tout projet de réalisation d’un bâtiment ou d’une maison individuelle.

Ces études manquent parfois de maturation et les conséquences en cas de séisme peuvent être dramatiques : si un bâtiment est mal conçu, il ne résistera pas à un séisme de grande ampleur.

En plus du renforcement des contrôles, l’Algérie doit aussi mettre à jour sa réglementation parasismique, en prenant en compte les avancées technologiques dans le domaine de la prévention des tremblements de terre.

De nouvelles techniques de réalisation, comme l’introduction des ressorts sismiques dans les bâtiments et les ouvrages stratégiques, ont vu le jour ces dernières années et qui restent très peu utilisées en Algérie.

Au lieu d’attendre la production d’un violent tremblement de terre pour prendre des mesures, l’Algérie peut tirer des leçons de la catastrophe qui vient de se produire en Turquie et en Syrie, pour protéger ses populations contre les risques mortels liés aux séismes.

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