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Tour du monde des mesures de confinement : des plus drôles aux plus cruelles

Tour du monde des mesures de confinement : des plus drôles aux plus cruelles

Le coronavirus n’épargne que très peu de pays de la planète. Le confinement aussi concerne désormais plus de la moitié de la population mondiale. Pour le faire respecter, les États rivalisent de méthodes, souvent fermes et parfois drôles, voire cruelles.

En Algérie, les mesures pénales prévues en cas de non-respect du confinement sont entrées en vigueur lundi 6 avril. Les contrevenants risquent de 2000 à 6000 DA d’amende et trois jours de prison. En France, les sanctions sont plus sévères.

En cas de quatre violations du confinement dans les trente jours, le contrevenant s’expose à 3700 euros d’amende et six mois de prison au maximum.

Ailleurs dans le monde, certaines mesures font parler par leur excentricité. Près de chez-nous, en Tunisie, la police a recours à un robot piloté à distance. Sa tâche est de s’assurer que les gens qui sortent le font pour une raison valable. Muni de caméras, il permet aux agents qui le pilotent à partir d’un bureau de lire les documents présentés par la personne interceptée et même de mesurer sa température corporelle. Les Tunisiens en sont très fiers car il s’agit d’une technologie développée localement.

D’une valeur de 100.000 à 130.000 euros, P-Guard a été conçu pour la sécurisation de locaux. Il est produit par la société Enova Robotics basée à Sousse et commercialisé essentiellement à l’étranger.

Des hommes enfermés en cage

Au Népal, les habitants sont moins fiers de l’outil utilisé par leur police pour faire respecter le confinement : une tige d’environ un mètre munie à une extrémité de tenailles qui se referment autour de la taille de la personne appréhendée. Elle est conduite ainsi, comme tenue par une laisse, jusqu’au poste. Cela permet aux agents de l’ordre de ne pas trop s’approcher des personnes arrêtées. 2000 personnes ont déjà été arrêtées grâce à ce dispositif

« Nous avons cet outil depuis près de cinq ans, mais avant on ne l’utilisait pas comme ça. On demande aux gens de rentrer chez eux et s’ils refusent, nous les attrapons avec cet appareil et nous les retenons une ou deux heures », explique un inspecteur de police népalais.

Dans ce pays, la police va parfois plus loin dans les atteintes à la dignité, comme le montre cette vidéo d’hommes enfermés dans une large cage au milieu d’une rue, le 1er avril, au huitième jour du confinement dans le pays.

Non loin du Népal, en Inde, les comportements des forces de l’ordre soulèvent l’indignation. En plus des châtiments corporels, des Indiens ont été forcés à faire des pompes après avoir été attrapés dans la rue. Des vidéos tournées dans l’Etat du Gujarat montrent des policiers renversant les chariots de légumes de vendeurs ambulants.

Fin mars, au début du confinement, des policiers indiens ont également été filmés en train d’asperger de produits chimiques des travailleurs migrants qui rentraient dans leur province, sans doute pour tenter de les « désinfecter ». Il s’agirait d’un agent de blanchiment à base de javel, dangereux pour les poumons, la peau et les yeux, d’après le journal local « The Indian Express ». Au Punjab, dans le nord du pays, des personnes accusées de briser leur quarantaine ont été forcées à faire des squats, en chantant qu’ils étaient « des ennemis de la société », rapporte le « Guardian ».

Au Paraguay, de telles méthodes sont même encouragées par les autorités. Des policiers ont été félicités par le ministère de l’Intérieur « pour leur créativité », après s’être filmés en train d’obliger un homme à sauter en levant les bras pour le punir d’être sorti.

Aux Philippines, où le président avait menacé de mort les récalcitrants au confinement, l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch a signalé des cas graves d’abus sur des enfants. Le 26 mars, dans la province de Cavite, deux enfants ont été enfermés dans des cercueils pour avoir brisé le couvre-feu, rapporte l’organisation, vidéo à l’appui. Une semaine plus tôt, dans une autre province, cinq hommes avaient été enfermés dans une cage à chiens.

https://web.facebook.com/100009132499103/videos/2463117180669341/

Un zèle qui débouche sur des drames

Parfois, le zèle de certains fonctionnaires débouche sur des drames. C’est le cas au Kenya où une enquête a été ouverte après la mort d’un adolescent de 13 ans, tué par la police dans un bidonville de Nairobi. A son balcon, une balle l’a atteint alors que les forces de l’ordre cherchaient à faire rentrer les gens chez eux. Face à l’émotion nationale, le président Uhuru Kenyatta a dû s’excuser pour les « excès » commis durant le couvre-feu, dénoncés par de nombreuses organisations. A l’Ile Maurice, en Afrique du Sud ou encore au Zimbabwe, des cas de violences policières ont également été signalés par la presse locale.

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux Droits de l’Homme a rappelé aux Etats que les mesures face à la pandémie doivent être « proportionnées et non discriminatoires. » En effet, ce sont souvent les populations les plus pauvres, qui ne peuvent pas se permettre d’arrêter de travailler ou ne peuvent pas rester dans un espace exigu et insalubre, qui subissent ces violences.

En Russie, les internautes ont eu recours à la rumeur pour faire peur aux récalcitrants. Des vidéos de tigres se promenant dans les rues sont postées.

Notons enfin ces méthodes utilisées pour éviter que les gens sortent au même temps. Au Panama, le gouvernement a réparti les jours de la semaine entre les deux sexes. A compter de ce mercredi, les hommes sont autorisés à faire des courses alimentaires ou à se rendre à la pharmacie le mardi, le jeudi et le samedi, et ce pendant une durée de deux heures. Les femmes ont le droit de sortir le lundi, le mercredi et le vendredi. Dimanche, toute sortie est interdite.

En Colombie, les gens sont autorisés à sortir en fonction du dernier numéro de leur carte d’identité. Les habitants dont le numéro se termine par 0, 7 ou 4 sont ainsi autorisées à quitter la maison le lundi, tandis que ceux dont le numéro se termine par 1, 8 ou 5 peuvent sortir le mardi.

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