Est-ce parce qu’ils sont particulièrement mauvais ? Les résultats du commerce extérieur pour le mois de janvier ont été rendus publics avec beaucoup de retard. L’administration des douanes qui nous avait habitués à livrer des statistiques mensuelles après seulement trois semaines donne désormais des résultats décalés d’un mois supplémentaire.
Une chose est sûre : la performance de notre commerce extérieur en janvier est un rappel brutal à la réalité économique. Avec plus de 1,4 milliard de dollars en un seul mois, le déficit explose par rapport aux 45 millions de janvier 2018.
A priori l’explication de ce niveau de déficit est assez simple. Elle est essentiellement la conséquence de la chute des prix du baril qui ont été particulièrement bas au mois de janvier dernier. Les exportations algériennes ont ainsi chuté de plus de 38 % en s’établissant à 2,36 milliards de dollars en janvier 2019 contre 3,83 milliards en janvier 2018. Celles des hydrocarbures sont en recul de 40 % à 2,14 milliards de dollars contre 3,58 milliards en janvier 2018.
Une incertitude plane cependant sur les résultats de nos exportations d’hydrocarbures en janvier. L’importance de la chute suggère que le prix du baril pourrait ne pas être seul en cause. La réduction des quantités exportées pourraient également avoir joué un rôle dans ce très mauvais résultat. Les douanes ne donnent cependant aucune indication à ce sujet.
Comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, les exportations hors hydrocarbures ont également baissé sensiblement, de plus de 8%, en janvier dernier pour s’établir à 229 millions de dollar contre 250 millions en janvier 2018. Seule consolation dans ce tableau aux couleurs très sombres, les exportations de biens d’équipement industriels sont en très forte hausse même si elles ne totalisent encore que 19 millions de dollars en janvier dernier, contre 8 millions un an plus tôt.
La « performance » globale de nos exportations en janvier 2019 souligne donc de nouveau la fragilité du résultat obtenu en matière de réduction du déficit commercial l’année dernière. Sa réduction à 5 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année écoulée était due pour l’essentiel à la bonne tenue du baril en 2018 avec un cours moyen qui a atteint 72 dollars l’année dernière selon des chiffres communiqués récemment par le ministère des Finances.
Les importations font de la résistance
Les chiffres de notre commerce extérieur en janvier 2019 livrent également une deuxième confirmation. Elle concerne la très grande stabilité de nos importations. En dépit de la mise en place de dispositifs administratifs divers et variés, les importations ne diminuent pratiquement plus depuis 3 ans. Elles avaient atteint 47 milliards de dollars en 2016 et sont restées scotchées au chiffre de 46 milliards en 2017 et de nouveau en 2018.
Le résultat de janvier 2019 est totalement en ligne avec cette tendance des dernières années. Les importations ont connu une très légère baisse d’environ 2% pour s’établir à 3,8 milliards de dollars en janvier 2019 contre 3,88 milliards au même mois de l`année 2018.
La composition des importations a cependant connu en janvier des évolutions significatives avec une réduction sensible, de 14 %, des importations de produits alimentaires et la poursuite de la chute de nos importations de carburants qui diminuent encore de plus de 40% et ne totalisent plus que le montant de 59 millions de dollars.
L’augmentation des importations de biens d’équipement industriels, qui ont atteint 1, 36 milliard de dollars en janvier, pourrait constituer un autre motif de satisfaction en donnant une indication positive sur le climat de l’investissement dans notre. Malheureusement, c’est la Banque d’Algérie elle même qui avait signalé dans le courant de l’année dernière, cette « tendance positive » était en réalité le résultat d’un reclassement par les douanes algériennes des importations de CKD destinés au montage automobile dans la catégorie des biens d’équipement.
Partenaires commerciaux : la France premier client
Coté partenaires commerciaux , le fait que la France soit devenue de très loin notre premier client en absorbant 488 millions de dollars d’exportations algériennes et en prenant la place de l’Italie qui n’est plus que notre 5ème client en janvier 2019, pourrait suggérer fortement que de grandes manœuvres sont en cours en matière de redistribution de nos contrats pétroliers .
En revanche, le classement de nos fournisseurs reste très stable avec la Chine en pôle position avec une part de marché d’un peu moins de 20% suivie de la France avec 10% et d’un groupe compact de pays européens conduit par l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne .