search-form-close
Une universitaire française d’origine algérienne évincée de la Sorbonne Abou Dhabi sans explications

Une universitaire française d’origine algérienne évincée de la Sorbonne Abou Dhabi sans explications

Une philosophe universitaire française d’origine algérienne a été exclue sans raison officielle d’un poste à la Sorbonne Abou Dhabi après avoir signé une promesse d’embauche. Elle demande désormais à la faculté émiratie et à Sorbonne Université une explication sur cette éviction, une démarche appuyée par un collectif de 140 intellectuels.

L’universitaire Lila Lamrani avait signé fin juillet une promesse d’embauche pour le poste de directrice du département de philosophie et sociologie de Sorbonne université Abou Dhabi (Emirats arabes unis).

Cette université, de droit émirien, est une antenne de la Sorbonne Université à Paris, qui a notamment la main sur les enseignements qui y sont dispensés et la délivrance des diplômes. Parmi les prétendants au poste, elle avait été classée première par l’université française, qui avait donc transmis son dossier pour le recrutement à Abou Dhabi.

Or mi-août, Mme Lamrani reçoit un mail lui indiquant que l’offre faite est finalement retirée. Aucune explication n’accompagne cette décision.Les autorités émiriennes lui ont refusé le blanc-seing du « security clearance », l’enquête administrative menée sur sa personne, qui a abouti à une fin de non-recevoir, explique Le Monde.

Depuis, la chercheuse d’origine algérienne, qui a notamment travaillé sur le monde arabe, l’herméneutique coranique, et a créé l’association pour la Palestine à l’ENS (Ecole normale supérieure), cherche à comprendre les raisons de ce refus.

« J’en suis réduite à faire des hypothèses », confie au Monde la chercheuse, qui vient de rejoindre en dernière minute un programme pour étudiants arabisants à Tunis, à ses frais. « Je suis une femme, d’origine algérienne, j’ai présidé l’association pour la Palestine à l’ENS [Ecole normale supérieure], je travaille sur l’herméneutique du Coran… ». Des collègues de la Sorbonne lui ont avancé qu’elle payait peut-être « des engagements socio-politiques ».

Dans Le Monde, un collectif de 137 intellectuels a demandé dans une tribune aux présidents de Sorbonne Université et la Sorbonne Abou Dhabi de « faire la lumière sur cette décision unilatérale ». « Une institution universitaire française peut-elle légitimement se laisser imposer un tri au sein de son personnel élu sans la moindre explication ? », interrogent-ils notamment.

Sorbonne Université a entretemps proposé une autre personne pour le poste, qui a été acceptée. « L’université parisienne aurait pu exiger d’Abou Dhabi une raison du refus, elle ne l’a pas fait », indique à l’AFP, amère, Lila Lamrani.

A Sorbonne Université, on souligne ne pas avoir la tutelle sur la Sorbonne Abou Dhabi. « On n’est pas maître de la totalité des processus », indique-t-on. L’université française affirme avoir été « mise devant le fait accompli ». « A notre connaissance, ça s’est joué au niveau de l’immigration, aucun motif n’a été communiqué. Une deuxième demande de notre part a reçu la même réponse ».

  • Les derniers articles

close