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Véhicules d’occasion : les prix hors de portée des Algériens

Véhicules d’occasion : les prix hors de portée des Algériens

En Algérie, les voitures d’occasion sont hors de prix. Le blocage des importations et l’arrêt des usines d’assemblage ont fait flamber le marché du véhicule d’occasion. La baisse de l’offre pèse lourdement sur les prix.

Conséquence, un véhicule vieux de dix ans peut être revendu plus cher que son prix d’achat neuf. C’est contraire à la règle de marché qui veut qu’à mesure qu’un véhicule avale des kilomètres et vieillit, sa cote diminue. Or, sur le marché algérien du véhicule d’occasion, cette règle est frappée de caducité.

Un vendeur peut à tout le moins vous sourire lorsque vous lui faites la remarque. Un aperçu sur le site le plus connu de vente et d’achat de véhicules, Ouedkniss, donne une idée de cette triste réalité.

C’est bien connu : dans les différents secteurs d’activités et en particulier dans le domaine de l’automobile les prix évoluent suivant la règle bien connue de l’offre et de la demande. Or, depuis que l’importation des véhicules a connu un coup d’arrêt au même titre que les usines de montage fermées depuis plus d’une année, l’offre en véhicules neufs a drastiquement diminué en Algérie.

Conséquence : les prix des véhicules sur le marché de l’occasion ont connu une ascension fulgurante. La voiture est devenue tout simplement inaccessible même aux citoyens aux revenus moyens. Pour ceux dont les revenus sont modestes, les automobiles sont devenus hors de prix.

« Des prix déraisonnables » 

Puisque les marchés de vente de véhicules sont fermés à cause du Covid-19, les Algériens se rabattent sur internet pour tenter de dénicher une bonne affaire. Sur Facebook ou Ouedkniss, les offres sont nombreuses.

Une Volkswagen Polo 2013, roulant à l’essence et dotée d’un moteur 1.4 100 ch, dont le compteur affiche 100100 km est mise à la vente à partir de 1,85 million DA (185  millions de centimes).

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On connaît la qualité des véhicules allemands, mais à ce prix-là, cette Polo est clairement au-dessus de sa valeur, et largement au-dessus des prix du neuf de cette voiture il y a sept ans. Il y a seulement une année, une Polo nouveau modèle flambant neuve valait un peu plus de 2,2 millions de dinars.

Une Hyundai Grand i10 2018 ayant roulé 52 050 km est proposé à partir de 1,76 million DA (prix offert). Le modèle neuf pour le même type de véhicule valait 1,68 million DA (année 2019). Une Kia Picanto 2015, 1.2 ess. 84 ch, affichant 37 000 km au compteur, est proposé à la vente sur Ouedkniss à 1,63 million DA (prix offert) alors qu’un véhicule de même type neuf (prix 2019) était cédé à 1, 64 million DA.

Une Hyundai Accent GL 1.6 Crdi 128 ch. est proposée à partir de 2,5 millions de dinars. Neuve, cette voiture valait un peu plus de 1,9 million de DA.

Une Seat Ibiza Urban 1.6 Mpi 110 ch, qui toute neuve coûtait 2,35 millions DA, est proposée à 3,4 millions DA avec ce détail que le propriétaire a jugé utile de signaler : « Voiture première main, zéro peinture sauf à froid au niveau de l’aile arrière côté chauffeur rien de plus. Toute est clair svp les curieux s’abstenir ». À ce prix-là, il y a deux ans, un Algérien pouvait s’offrir une Volkswagen Golf, bien équipée et flambant neuve.

Une Volkswagen Tiguan (2.0 TDI, 140 CV) de 2013 ayant roulé 100100 km est proposé à 3,75 millions de dinars. Pour une Peugeot 308,  année 2008, avec 270.000 km au compteur, son propriétaire dit avoir reçu une offre à 1,1 million de dinars. Pour une 308 GT, année 2017, avec 128.000 km au compteur, le propriétaire la propose à 370 millions de centimes négociable.

Toujours dans la même catégorie des berlines compactes, une Golf VI 2013, ayant roulé 13000 km, a reçu une offre à 2,5 millions de dinars, alors qu’une Golf GTD 2017, est proposée au prix de 6,5 millions de dinars.

 « Aujourd’hui, les prix des véhicules d’occasion coûtent très chers, avec des prix déraisonnables », explique Nabil Meguiref, journaliste spécialisé dans le domaine de l’automobile, ajoutant que les prix peuvent aller du simple au double. « Tout simplement parce que la demande dépasse l’offre », ajoute-t-il. « Avant, ce qui absorbait la demande, c’était l’offre des concessionnaires des véhicules neufs. Leur prix influait directement sur celui de l’occasion », développe M. Meguiref.

Formaliser le marché de l’occasion 

Le marché de l’occasion est livré à la spéculation et au renchérissement des prix, sans la moindre régulation. Au moindre frémissement ou effet d’annonce, le curseur des prix peut descendre rapidement comme il peut monter en flèche.

Ainsi l’annonce il y a quelques mois d’un possible retour de l’importation des véhicules d’occasion a eu pour conséquences une chute selon des estimations entre 30 et 40 millions de centimes des prix sur le marché d’occasion.

Aussitôt cette option abandonnée par les pouvoirs publics, les prix sont repartis à la hausse encore plus. Les vendeurs savent que les deux leviers qui peuvent faire chuter les prix de l’occasion sont les importations des véhicules neufs ou d’occasion ou le montage local des voitures. Autrement dit, une action d’envergure sur l’offre pour répondre à la demande, qui elle n’a pas baissé.

L’Algérie est un vaste pays où les transports publics sont défaillants. Les Algériens sont quasiment obligés de disposer d’un véhicule pour se déplacer sans contraintes majeures.

Outre la hausse des prix, les Algériens se retrouvent doublement pénalisés en raison de la mainmise de l’informel sur le marché du véhicule d’occasion. Les revendeurs n’offrent aucune garantie sur la voiture vendue, ne paient ni impôts, ni taxes.

Le concessionnaire et propriétaire de la marque Elsecom, Abderrahmane Achaibou, appelle à « formaliser » le marché du véhicule d’occasion.

« Il y a à peu près 700 000 véhicules (d’occasion) qui changent de main chaque année en Algérie. Avec ce nombre il y a de quoi créer des concessionnaires de véhicules d’occasion », estime-t-il.

M. Achaibou appelle à l’application d’une mesure contenue dans la Loi de finances 2017 relative à l’encadrement du marché du véhicule d’occasion.

 « Le plus important c’est que ces 700 000 véhicules vont créer facilement 30 000 emplois permanents. Et l’État va percevoir de la taxe, il va y avoir de l’assurance, des ateliers de tôlerie, de peinture auto…. », énumère-t-il.

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