Pointés du doigt à plusieurs reprises ces derniers mois par les autorités algériennes, y compris par le président de la République en personne, les Emirats arabes unis sont cette fois accusés nommément de mener une opération de déstabilisation de l’Algérie en jouant sur la fibre sensible de l’unité nationale.
L’éditorial de la Télévision algérienne (ENTV) diffusé vendredi 2 mai est d’une extrême fermeté. L’unité nationale est une “ligne rouge” et l’Algérie rendra “coup pour coup” à ce “mini-Etat artificiel”.
Ce langage cru traduit l’exaspération. Il signifie que la sortie du dénommé Mohamed Lamine Belghit sur Sky News Arabia, une chaîne de télé à capitaux émiriens, s’attaquant à l’une des composantes de l’identité nationale et à une partie du peuple algérien, est perçue par Alger comme la goutte qui fait déborder le vase, survenant de surcroît dans un contexte de menaces et de tension dans le voisinage immédiat de l’Algérie.
Mohamed Lamine Belghit tente de fragiliser la cohésion nationale
“Partout où il y a des conflits, l’argent de cet État est présent, au Mali, en Libye, au Soudan”, avait accusé le président Abdelmadjid Tebboune en mars 2024.
Les griefs ne manquent pas en effet à l’égard de ce riche État du Golfe. Les Emirats ont normalisé leurs relations avec Israël et fait un forcing auprès des autres États arabes pour accepter les accords d’Abraham.
Ils ont soutenu le Maroc contre l’Algérie. Ils ont joué un rôle dans la dégradation de la situation au Sahel et en Libye par leur soutien aux juntes au pouvoir et au maréchal Khalifa Haftar, tous hostiles à l’Algérie.
Ils ne sont pas non plus tout à fait étrangers à la guerre civile au Soudan. Cet Etat, riche, aurait aussi promis au Maroc de financer son projet fou d’un gazoduc avec le Nigeria, dont la seule rentabilité possible est de saboter celui de l’Algérie, infiniment plus réaliste et moins coûteux.
Comme si tout cela ne suffisait pas, les Emirats arabes unis ont entrepris de frapper l’Algérie de l’intérieur en parrainant un courant apparu subitement vers l’année 2018 et qui s’attaque frontalement au socle de l’unité nationale que constituent les composantes de l’identité du pays, gravées dans le marbre de la Constitution depuis 2016.
Le nœud du complot est bien là, à travers ceux qui se proclament de la Badissia Novembaria.
Frapper l’Algérie de l’Intérieur : un complot cousu de fil blanc
En réglant définitivement la question identitaire et linguistique, les Algériens, en peuple uni depuis des millénaires, ont fait ce qu’il fallait pour préserver cette unité et fermer la voie aux tentatives de déstabilisation qui œuvrent sur ce registre. Cela a déplu, forcément, aux ennemis du pays. Et il s’en est trouvé malheureusement des Algériens qui se sont laissés manipuler.
Car il ne faut pas perdre de vue que les propos qui ont déclenché cette tempête ont été diffusés sur un média émirati certes, mais ils ont été tenus par un Algérien qui, depuis quelques années, empoisonne le pays, lui et ses adeptes, par un discours destructeur.
Mohamed Lamine Belghit ne peut pas se prévaloir d’un simple débat académique sur l’existence ou pas de l’amazighité à travers l’histoire ou l’origine des populations d’Afrique du nord.
Depuis six ou sept ans, ce courant a franchi toutes les limites du tolérable, jusqu’à s’en prendre aux symboles de la révolution issus d’une région du pays, la Kabylie. “Dans un pays qui sacralise les chouhada, un fonctionnaire de l’État a osé s’attaquer à Abane Ramdane”, s’est étonné le président de la République en mai 2024 au siège de l’UGTA.
Ce même courant a failli mettre le feu aux poudres lorsqu’il a tenté de monter les jeunes du sud contre ceux du nord, de Kabylie précisément, qui viennent travailler dans les sociétés pétrolières. Ce discours a nourri le séparatisme du MAK et cela fait sans doute partie du plan. Il y a tout juste une année, ce mouvement séparatiste a été reçu aux Emirats.
Ce qui se passe dépasse le racisme et le régionalisme, c’est un complot dont la source vient d’être formellement désignée par les autorités algériennes à travers le commentaire de la télévision publique.
Un complot d’autant plus cousu de fil blanc que la sortie ravageuse du dénommé Belghit est survenue curieusement au moment où l’Algérie s’apprête à adopter une loi sur la mobilisation générale.
Le texte définit les procédures qui permettront de mobiliser, face au danger, le pays avec toutes ses régions et le peuple dans toutes ses composantes, comme un seul homme. Dans les officines du mal, on a dû juger que le moment est venu de frapper…