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Attaque à Paris : le témoignage de l’Algérien qui a tenté d’attraper l’agresseur

Attaque à Paris : le témoignage de l’Algérien qui a tenté d’attraper l’agresseur

Son histoire est à peine croyable. Alors qu’il s’est lancé derrière l’auteur de l’attaque au couteau qui a fait deux blessés graves hier vendredi à Paris, l’Algérien de 33 ans, s’est retrouvé en garde à vue.

« Je voulais devenir un héros, je me suis retrouvé derrière les barreaux »

Au quotidien Le Monde, Youcef explique qu’en « voulant devenir un héros, il s’est retrouvé derrière les barreaux ».

Interpellé quelque temps après l’attaque à la hache, Youcef a été menotté, placé en garde à vue, tout en étant considéré comme le second suspect. Le premier suspect, un Pakistanais de 18 ans, a été aussi interpellé et placé derrière les barreaux.

Il est midi. Youcef, ouvrier, quitte son frère qui travaille dans un immeuble, non loin du lieu de l’attaque. Alors qu’il était dans sa voiture, Youcef entend des cris d’une femme.

« J’étais en train d’entrer dans ma voiture, quand j’ai entendu les cris d’une femme. Je regarde dans mon rétroviseur pour voir ce qui se passe, puis je sors de ma voiture et j’entends cette fois un homme qui crie : « Non, non, non ! » ».

Youssef n’hésite pas un instant pour se lancer à la poursuite de l’agresseur. « À ce moment-là, je vois un mec suspect qui court en direction du métro Richard-Lenoir, je suis parti directement pour le suivre. »

Ce qui va suivre a failli plonger Youcef dans une situation inextricable. Cet Algérien, qui dispose d’un titre de séjour de 10 ans en France, va d’abord rencontrer l’auteur présumé de l’attaque à la station de métro Richard Lenoir. « Je me suis retrouvé sur le quai d’en face, je le vois de l’autre côté. Je lui ai dit : « Toi, reste là ! », j’ai fait comme un flic », explique-t-il.

Youssef face à face avec l’agresseur présumé

Youcef change de quai et se retrouve en face du principal suspect. « J’arrive et je lui demande ce qu’il a fait. Il m’a sorti une lame de cutter. » Ensuite, le jeune Pakistanais monte dans une rame de métro, direction la station Bastille, où il sera arrêté. Pour Youcef, les ennuis commencent avec la police qui vient d’arriver sur les lieux. Après un échange avec les policiers, Youcef quitte les lieux en voiture.

Entre-temps, les agents de la préfecture de police de Paris repèrent l’échange entre Youcef et le principal suspect sur les images de la vidéosurveillance du métro. Sa photo est montrée au gardien de l’immeuble ou travaille son frère, et ce dernier appelle Youcef et lui demande de revenir rapidement.

De retour sur les lieux, Youcef découvre qu’il est recherché par la police. « Il (policier) a appelé son chef, ils avaient ma photo. Ils sont venus autour de moi, ils étaient une dizaine. Ils m’ont emmené dans le métro. Ils m’ont demandé de regarder en direction des caméras pour prendre mon portrait, ils m’ont aussi pris en photo avec leurs téléphones. Puis ils m’ont mis des menottes. J’en entends un qui dit en chuchotant : « On l’a chopé ».  

« Pourquoi on met un « Algérien » en gros partout »

Ses protestations n’ont servi à rien. Il est conduit dans un commissariat et placé en garde à vue. « J’avais peur, s’ils avaient pas attrapé la personne, s’ils m’avaient gardé à la place… On imagine plein de choses », confie Youcef.

Pendant ce temps, le principal suspect a été déjà interpellé. Les policiers s’aperçoivent que Youcef n’a aucun lien avec l’agresseur présumé, et que sa version est crédible. L’Algérien est relâché vers minuit.

« Ici, rien ne justifie que Youssef soit entendu sous ce régime, il aurait parfaitement pu être entendu librement, comme simple témoin. On traite un jeune homme au comportement héroïque comme un terroriste, on le cagoule, on le menotte », dénonce son avocate Lucie Simon, citée par Le Monde.

Son frère n’a pas aimé la façon avec laquelle les médias français ont traité l’affaire. « Ça, ça me dérange », lance son frère. « Il a fait un geste héroïque et, au final, toute la famille se retrouve à avoir peur. Et puis pourquoi on met « un Algérien » en gros partout ? »

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