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Bouteflika cible le maillon faible de l’opposition

Bouteflika cible le maillon faible de l’opposition

Abdelaziz Bouteflika, président de la République (Photo archive : le 18 mai 2011) Sidali Djarboub / NEWPRESS
Abdelaziz Bouteflika, président de la République (Photo archive : le 18 mai 2011)

ANALYSE. Les démarches et les consultations en vue de la formation d’un nouveau gouvernement ont été lancées officiellement. Elles ont été confiées à Abdelmalek Sellal. Le Premier ministre sortant devrait, selon toute vraisemblance, être reconduit à son poste à la tête d’un gouvernement élargi à d’autres formations politiques.

Selon nos sources, le MSP, TAJ et le MPA devraient faire leur entrée dans le nouvel Exécutif. Le premier hériterait de deux portefeuilles et les deux autres auront un portefeuille chacun. Mercredi, Abderrezak Makri a été reçu par Abdelmalek Sellal qui lui a officiellement fait la proposition. Officiellement, le MSP réserve sa réponse. Le parti doit consulter d’abord ses instances.

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Selon Makri, il y a « trois tendances au sein du MSP ». « La première est composée d’opportunistes qui souhaitent s’allier avec le pouvoir pour leurs propres intérêts ». La deuxième aile « est radicale». Cette dernière refuse tout dialogue avec le pouvoir et « souhaite qu’on quitte le Parlement ». La décision sera prise par l’aile « apaisée » du parti selon Makri. Il s’agit « du conseil consultatif ». Comprendre : le parti a de fortes chances​ d’opter pour une participation au gouvernement.

C’est conforme à la logique d’un parti officiellement dans l’opposition depuis son retrait de l’alliance présidentielle en janvier 2012 mais qui, en réalité, n’a jamais abandonné l’idée de revenir un jour dans ce qui semble sa famille naturelle : le pouvoir. La direction actuelle du parti est peut-être moins tentée par une participation au gouvernement. Faire partie d’un Exécutif sans réels pouvoirs, chargé d’appliquer un programme présidentiel inexistant dans un contexte de crise économique sévère, c’est prendre le risque de partager l’impopularité du pouvoir sans réelle contrepartie politique. Mais au sein du ​MSP, la pression de ceux que Makri appelle « les opportunistes » est forte. Ils veulent à tout prix des postes de ministres. Et une partie de la base n’est pas farouche à cette idée de participer.

Abdelaziz Bouteflika a bien compris les fragilités de ce parti. En lui proposant d’intégrer le gouvernement, il cherche à faire d’une pierre plusieurs bons coups. Le MSP a fait partie des différentes initiatives de l’opposition ces dernières années. L’intégrer au sein du gouvernement, c’est non seulement donner un frein à toutes ses initiatives mais aussi instiller le doute dans les rangs de l’opposition, avec cette interrogation : « Qui sera le prochain à trahir ? ».

Par ailleurs, le MSP a usé ces dernières années d’une rhétorique très dure à l’égard du pouvoir, allant jusqu’à contester publiquement sa légitimité. S’il accepte de revenir au gouvernement, il ferait accréditer la thèse du pouvoir selon laquelle l’opposition ne s’oppose que pour avoir des sièges au gouvernement. De quoi la discréditer davantage auprès de l’opinion publique.

L’autre objectif est de faire taire les critiques sur les fraudes aux dernières élections législatives et orienter le débat vers la formation d’un nouveau gouvernement et la participation ou non du MSP. D’ailleurs, c’est la première fois depuis son arrivée au pouvoir que Bouteflika lance des consultations pour la formation d’un nouveau gouvernement alors même que les résultats définitifs ne sont pas connus. Par le passé, le Président avait toujours pris son temps après les différentes élections présidentielles et législatives pour former un gouvernement.

Enfin, en proposant au MSP d’intégrer le gouvernement, il pense envoyer un signal d’ouverture au moment où les critiques se multiplient sur la confiscation du pouvoir par le duo FLN-RND. Ce dernier message s’adresse surtout aux étrangers.

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