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Cinquième mandat : Ould Abbes a-t-il tué le suspense ?

Cinquième mandat : Ould Abbes a-t-il tué le suspense ?

Le secrétaire général du FLN l’a annoncé de manière on ne peut plus solennelle : le président Bouteflika sera le candidat du parti à la prochaine présidentielle.

Sans le prendre pour un acte de candidature du chef de l’État, cet appel lancé par Djamel Ould Abbes, au nom « des cadres et des 700 000 militants » du parti majoritaire, à Abdelaziz Bouteflika à « poursuivre sa mission à la tête du pays » a au moins le mérite de permettre un début de décantation.

On commence désormais à voir plus clair dans une situation jusque-là illisible, notamment depuis que le député du même parti, Baha Eddine Tliba, a frôlé la correctionnelle en lançant sa fameuse pétition pour le cinquième mandat ; depuis le démenti formel apporté à l’avocat Farouk Kesentini ; et surtout depuis que le SG du FLN a interdit, y compris à lui-même, toute évocation publique de la question.

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La concordance de ces événements a laissé un moment planer le doute sur les intentions du chef de l’État et de son entourage, jusqu’à cette sortie inattendue à une année de l’échéance, de Djamel Ould Abbes.

On assiste presqu’à la réédition du feuilleton de 2014. Même scénario et même décor avec un président tout aussi amoindri par la maladie, un flou total concernant ses intentions et le chef du FLN qui jure tous ses saints qu’il ne bougera pas.

Ce petit changement au casting, avec Ould Abbes qui sonne le clairon à la place d’Amar Saâdani, n’est qu’un détail qui sera à ne pas douter sans conséquence sur l’épilogue final qui devrait donc être, sauf très grosse surprise, identique à celui d’il y a quatre ans.

Djamel Ould Abbes a tordu le coup au suspense, 12 mois avant le scrutin de 2019. La messe est dite et seules quelques zones d’ombre subsistent, de même que restent en suspens des questions auxquelles les prochains jours et semaines apporteront peut-être des réponses.

D’abord, il y a ce timing presqu’inapproprié si l’on se réfère aux expériences passées où le président Bouteflika attendait toujours la dernière minute pour faire part de ses intentions.

Pourquoi choisir ce moment précis pour lancer la campagne d’une joute qui n’aura lieu que dans une année ? Certes, cela peut s’expliquer par le calendrier qui s’annonce : le mois de ramadan, la saison estivale puis la rentrée sociale, soit une longue période peu propice à ce genre d’annonces qu’il vaut donc mieux de faire trop tôt que trop tard.

Tout comme on peut lier la sortie du chef du FLN à l’actualité du parti et la perspective de la tenue d’une session périlleuse du comité central, laquelle session vient d’être justement ajournée « jusqu’à la finalisation du travail de la commission d’élaboration du bilan du président ».

Reste aussi l’énigmatique position des autres traditionnels soutiens du chef de l’État qui se tiennent à l’écart de toute cette agitation. Ni le RND ni TAJ ou encore le MPA n’ont soufflé mot alors que Djamel Ould Abbas, avant même d’appeler Bouteflika à se représenter, était entré en campagne en mettant en place une commission de valorisation de ses réalisations.

Qu’attendent Ahmed Ouyahia, Amar Ghoul et Amara Benyounes pour prendre le train en marche comme ils ont l’habitude de le faire ? N’ont-ils pas encore reçu le feu vert ? Ont-ils été, au contraire, instruits de ne pas s’immiscer dans le débat ? Ont-ils la conviction que le chef du FLN agit de sa seule initiative ?

Des questions d’autant plus pertinentes que même les organisations de la société civile, d’habitude aux premières lignes dès qu’il s’agit d’apporter leur soutien à toute initiative du pouvoir, se murent elles aussi inexplicablement dans le silence. Du moins pour le moment…

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