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Covid-19 en Algérie : un spécialiste dénonce une « gestion bureaucratique » de la pandémie

Covid-19 en Algérie : un spécialiste dénonce une « gestion bureaucratique » de la pandémie

Face à la hausse des contaminations à la Covid-19, le Pr Mohamed-Yazid Kadir, épidémiologiste au CHU de Batna, ne mâche pas ses mots. Il dénonce une « gestion bureaucratique » de la pandémie de coronavirus en Algérie.

Il met en cause « cette gestion bureaucratique » de la pandémie, qui est à l’origine selon lui de la détérioration de la situation épidémique.

« On a été dans des discours rassurants et maintenant, nous sommes en train de payer. Il faut signaler qu’ à un moment donné, toutes les unités Covid ont été fermées, en croyant avoir atteint le pic et d’avoir maîtrisé la situation, alors que ce n’était pas vrai. Tout a été fermé. Sur quels critères ? C’était pour donner de l’assurance à la population, et la preuve on a organisé le référendum sur la Constitution, et on a permis à certains partis politiques de se regrouper par milliers, etc. », peste le Pr Kadir dans une déclaration à TSA.

« Ce sont autant de faits qui ont donné lieu à un relâchement total sur les mesures-barrières et nous voici en train d’en payer les frais », ajoute-t-il.

Reconfiner afin de réduire les contaminations

La situation est tellement préoccupante que le Pr Kadir appelle carrément à reconfiner la population pendant au moins deux semaines. « Il est important de reconfiner afin de réduire les contaminations. Toutes les régions du pays vivent la même situation. Tous les hôpitaux font face aux mêmes problèmes à des variantes près. Le déplacement des populations favorise les contaminations. Un grand contaminateur peut à lui seul infecter vingt à trente personnes », alerte le spécialiste.

Un reconfinement va permettre aussi d’aplatir la courbe des contaminations à la Covid-19 par la réduction des contacts entre les citoyens.

« Même au niveau scolaire, il faudra reconfiner », plaide notre interlocuteur qui préconise de fermer les écoles pendant au moins 15 jours. Le reconfinement permettra aussi aux personnels de santé de récupérer de l’état d’épuisement qu’ils subissent au quotidien depuis des mois. « Reconfiner va permettre aux personnels de santé et au système de santé en général de retrouver des forces. C’est très important, parce que tout le monde est fatigué », expose le Pr Kadir.

« La peur s’est installée »

Pour l’épidémiologiste, reconfiner sans un travail de fond au sein de la population ne servira à rien. « Quand on dit confinement, cela voudra dire moins de contacts pour réduire les contaminations. Et surtout il va falloir veiller à concrétiser ce confinement, d’où la nécessité d’un travail interdisciplinaire par l’implication de tout le monde : les parents, les écoles, les éducateurs, etc., chacun a un niveau de responsabilité laquelle ne sera collective que par l’implication de tous », juge le Pr Kadir.

Le spécialiste fait état de structures sanitaires « débordées » et fait remarquer que « la peur s’est désormais installée ». Si bien que, étaye-t-il, les patients ne viennent plus à l’hôpital, même ceux qui ont d’autres pathologies, par crainte d’être contaminés.

L’épidémiologiste invite la population à tenir compte de la détresse des personnels de santé éprouvés par des mois de guerre contre la Covid-19.

« Le personnel de santé est très fatigué. Ces derniers temps, on a beaucoup de décès parmi les personnels de santé, entre infirmiers, paramédicaux et médecins. Le personnel de santé a besoin de se reposer, récupérer et recharger les batteries. D’où l’urgence de réduire les contaminations. Et plus on réduira les admissions dans les hôpitaux, mieux on pourra se relancer », insiste le Pr Kadir.

C’est d’autant plus important que les soignants seront très sollicités pendant les semaines et mois à venir coïncidant avec l’arrivée de la période hivernale durant laquelle les virus respiratoires réapparaissent au sein de la population générale. « Dès lors, on n’aura pas affaire à la Covid ou la grippe, mais à d’autres virus respiratoires », prévient l’épidémiologiste.

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