En prévision du début de la vaccination contre la Covid-19 en Algérie, le ministère de la Santé a lancé, mardi 19 janvier, une campagne de formation des formateurs. Le professeur Abdelatif Bensenoussi, expert et membre du comité de vaccination au ministère de la Santé, aborde l’ensemble des aspects liés à la vaccination anti-Covid.

Le ministère de la Santé a lancé ce mardi une campagne de formation des formateurs en prévision du lancement de la vaccination de masse anti-Covid, qui est prévue avant fin janvier. Comment se déroule cette formation et quels sont les objectifs escomptés?

Aujourd’hui, c’est la première séance. Nous avons réunion en vidéoconférence les 48 wilayas. Chaque wilaya a sélectionné le corps soignant qui va s’occuper de l’acte vaccinal. Les médecins ainsi formés vont pour leur part former d’autres soignants en cascade.

Cette formation est d’autant plus importante que c’est le médecin traitant qui est en contact avec ses patients qui fournit les explications nécessaires et rassure ses patients. Nous misons sur le lien de confiance entre le praticien et son patient pour faire passer le message.

Ce qui est attendu du médecin traitant c’est qu’il ait les connaissances requises pour pouvoir parler de manière correcte. Une mauvaise communication peut entraîner des quiproquos et de l’hésitation.

Les journalistes ont également un rôle pour porter le message vrai et réel. Le vaccin est le seul remède contre la Covid-19 que nous pouvons avoir. Parallèlement, il faut maintenir les mesures barrières.

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« Il ne faut pas vacciner les femmes enceintes »

Quel message avez-vous à adresser aux personnes qui hésiteraient à se faire vacciner contre la Covid-19 ?

Ce que j’ai à leur dire c’est que vous avez à choisir entre le décès des personnes âgées, qu’on peut éviter avec la vaccination. Si véritablement vous n’êtes pas concernés, que vous êtes jeunes et âgés de 20 ans, n’oubliez pas vos parents, vos grands-parents, les personnes qui ont des maladies chroniques.

La seule façon de pouvoir éviter les formes compliquées et surtout les décès, c’est en se faisant vacciner. Jusqu’à l’heure actuelle, il n’y a pas de remède à la Covid-19.

Les femmes enceintes et les enfants seront-ils concernés par la vaccination contre la Covid-19 ?

Ils sont exclus, parce que dans les programmes de vaccination en Algérie et dans tous les pays du monde, on a commencé par les personnels de santé qui sont très exposés à l’infection au coronavirus, et vous avez vu le nombre de nos collègues du corps soignant, qu’ils soient du corps médical ou paramédical, des secteurs public et privé qui sont décédés du Covid-19.

C’est important de les vacciner, et même si on ne dispose pas d’un nombre suffisant de doses, il faut vacciner en premier les personnes les plus exposées, c’est-à-dire celles qui travaillent dans les services Covid.

Jusque-là il n’y a pas d’indications sur la vaccination de la femme enceinte puisqu’elles n’ont pas fait l’objet d’essais. En observant ce qui se passe dans les autres pays qui ont déjà commencé la vaccination, on verra toutes les conséquences.

Le jour où le problème se posera pour la femme enceinte, on essaiera de lui trouver une solution. Pour l’instant, il ne se pose pas et donc il ne faut pas vacciner les femmes enceintes.

Une personne atteinte de Covid-19 peut-elle se faire vacciner ?

Lorsque vous êtes atteint du Covid-19, normalement vous n’avez pas besoin de vous faire vacciner. Maintenant quant à savoir combien de temps vous êtes couvert en ayant contracté le Covid, ça on ne le sait pas encore. Il s’agit d’une nouvelle maladie.

On dit qu’une personne atteinte de Covid peut se faire vacciner 90 jours après, selon les facteurs de risques, selon les populations choisies pour être vaccinées. Pour le moment, on ne peut pas vacciner tout le monde en même temps.

Pourquoi l’Algérie a-t-elle choisi les vaccins anti-Covid russe et chinois ?  

Ils sont aussi efficaces les uns que les autres. Nous ne devons pas entrer dans les concurrences politiques et de marketing. Le Spoutnik V est à vecteur viral et il est fabriqué comme (le vaccin) d’AstraZeneca.

Une personne allergique peut-elle être vaccinée ?     

C’est là que réside l’avantage d’aller voir son médecin pour discuter avec lui. C’est lui qui se prononcera en connaissance de cause. Il y a certaines allergies qui ne contre-indiquent pas la vaccination mais il y a surtout l’anaphylaxie qui la contre-indique.

Beaucoup de personnes redoutent les effets indésirables des vaccins contre la Covid-19. Que pouvez-vous leur dire ?

Les effets indésirables sont exceptionnels. Il ne faut pas s’étonner puisque à chaque fois que vous prenez un vaccin, il y a toujours des effets indésirables. Mais ils disparaissent ensuite. Les gens doivent comprendre que lorsqu’on se fait vacciner, on diminue le nombre de décès. Ça a fait l’objet de publications. On n’est pas en train de raconter n’importe quoi. Si on a une couverture vaccinale de 60%, c’est mieux que rien.

En Algérie, les gens acceptent la vaccination, il suffit juste de leur expliquer. Le problème qui risque de se poser, et ça se passe aussi ailleurs dans le monde, c’est la disponibilité des quantités. La vaccination va donc s’étaler dans le temps. C’est pourquoi je dis que le vaccin couvre, il n’y a aucun doute là-dessus, mais nous ne pouvons pas vacciner tout le monde en même temps. C’est pourquoi il faut continuer à observer les mesures barrières.

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« On ne va pas vacciner tout le monde en même temps »

Au sein du comité de vaccination, avez-vous prévu un suivi entre les deux injections ?

Pour le suivi, il y a un organisme qui s’appelle le Centre de pharmacovigilance qui a établi les documents pour déclarer de tout ce qui va se passer durant la vaccination.

En tant que pédiatre, je ne suis pas du tout inquiet, les effets que j’ai observés avec les différents vaccins actuellement disponibles, ce sont les mêmes que nous avons vus nous-mêmes avec les vaccinations des Programmes élargis de vaccination. L’anaphylaxie existe pour tous les vaccins. Elle n’est pas spécifique au vaccin anti-Covid. La rougeur sur le point d’injection existe pour tous les vaccins. La fièvre et les céphalées, c’est pareil. Les troubles digestifs peuvent exister pour tous les vaccins.

Ces effets indésirables sont mineurs. Nous avons pris nos précautions s’agissant de l’anaphylaxie.

L’Algérie n’est-elle pas en retard dans la vaccination contre la Covid-19 ?  

Non, nous ne sommes pas en retard. Je pense que c’est bien pour nous, puisqu’on a le temps de voir ce qui se passe dans les autres pays. Et à l’heure où je vous parle, il y a 42 millions de personnes qui ont été vaccinées dans le monde. Et on constate que les vaccins ne sont pas dangereux.

Allez-vous vous faire vacciner ?

Bien sûr ! D’autant que je suis âgé. En plus de cela je suis médecin et donc je suis exposé et j’expose ma famille au Covid-19. La vaccination est à la fois une action personnelle et communautaire.

La vaccination n’empêche pas de rester vigilant…

Absolument. Comme je vous l’ai déjà dit, on ne va pas vacciner tout le monde en même temps. Le virus va donc continuer à circuler et à infecter avec le risque de propagation des contaminations et des décès dus au Covid-19.

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