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Entretien. Abdelmadjid Menasra : « On ne peut pas résumer le problème de l’Algérie à la présidence »

Entretien. Abdelmadjid Menasra : « On ne peut pas résumer le problème de l’Algérie à la présidence »

Dans combien de communes et de wilayas, le MSP sera-t-il présent aux prochaines élections ?

Notre parti se présente dans toutes les wilayas du pays. Nous avons déposé 720 listes pour les communes, et 47 listes pour les assemblées populaires de wilayas.

Pourquoi le MSP qui se présente comme le premier parti de l’opposition n’a pu couvrir que 720 communes sur les 1541 que compte le pays ?

Nous avons des communes où le parti est obligé de collecter les signatures (en vertu du Code électoral). Nous avons aussi des petites communes où le nombre d’habitants n’atteint pas les 1000. Ce sont parfois des communes où il n’y a aucune vie politique. Le parti est structuré dans toutes les wilayas mais pas dans toutes les communes. On ne peut pas présenter des gens qu’on ne connait pas.

Cela ne montre-t-il pas que le parti n’est pas aussi présent à l’intérieur du pays comme il le prétend ?

Même les partis du pouvoir ne sont pas présents dans toutes les communes. Dans les élections, c’est l’administration qui fait en sorte qu’ils soient présents dans toutes les communes.

Vous parlez de fraude en préparation. Avez-vous des preuves ?

Ce ne sont pas les preuves qui manquent. La fraude a été constatée dans toutes les élections en Algérie. Aujourd’hui, il faut plutôt chercher une preuve pour la transparence et non pas pour la fraude qui est devenue une constante. On ne dit pas que les élections seront truquées à 100%. Ce n’est pas le cas. Mais il faut lutter contre la fraude avec la participation et pas avec le boycott. La participation fait changer certaines choses, le boycott ne change rien.

L’ancien président du MSP a évoqué un discours « souple vis-à-vis du gouvernement ». Les sorties de Abderrezak Makri ne vous agacent pas ?

Au sein de notre mouvement, on accepte les différentes opinions. Et si je suis visé, je n’ai aucun problème. Il ne me dérange pas.

Vous dites qu’on ne peut pas refuser tout ce qui vient du gouvernement. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela veut dire que ce n’est pas parce que nous faisons partie de l’opposition qu’on va toujours dire non à tout ce qui vient du gouvernement. Si ce dernier propose une loi dans l’intérêt du peuple, on dira oui.

Ahmed Ouyahia a estimé que l’opposition est prise de rage et qu’elle n’a pas de programme. Vous vous sentez visé ?

Non. Je pense qu’Ahmed Ouyahia parle de l’opposition qui réclame l’application de l’article 102. Nous n’avons pas parlé de cet article et notre parti participe aux élections. Il a des idées et des suggestions. Evidemment, notre parti a un programme. À chaque fois qu’il s’est opposé au gouvernement, il a présenté des alternatives.

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Pour faire face à la crise économique qui frappe le pays, le gouvernement a dû recourir à la planche à billets et propose une série de mesures, notamment fiscales, dans le projet de Loi de finances 2018. Comment jugez-vous sa réaction face à la crise ?

D’abord, nous sommes confrontés à une crise politique et pas seulement économique. La légitimité des institutions se consume. Le peuple ne participe plus aux élections puisqu’il ne fait plus confiance à ses institutions. Ensuite, avant de parler de la crise économique, il faut parler de la crise financière puisque notre économie est liée au pétrole.

Pour la planche à billets, ils (le gouvernement) disent que c’est une obligation et que c’est temporaire. On leur a proposé des solutions pour une meilleure utilisation de ce financement. La première est de fixer un montant dans la Loi de finances. Les 570 milliards dinars évoqués seront utilisés cette année. En 2018, on ne connaît pas le montant. La deuxième est celle du contrôle. Le gouvernement ne peut pas se contrôler lui-même. C’est le travail du Parlement. Nous avons proposé une commission parlementaire présidée par l’opposition. Ils ont refusé.

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Vous auriez préféré le recours à l’endettement extérieur ?

D’abord, nous n’appelons pas le gouvernement à recourir à l’endettement extérieur. Mais nous estimons qu’il exagère dans son rejet de l’endettement extérieur au point où il en a fait un tabou. Nous sommes membres dans des institutions financières internationales. Nous avons prêté au FMI cinq milliards de dollars. Aujourd’hui, l’Algérie a le pouvoir de s’endetter.

Trois personnalités nationales ont lancé un appel à constituer un front contre le cinquième mandat. Adhérez-vous à cette démarche ?

J’ai toujours dit que les initiatives qui se focalisent sur les présidentielles n’aboutissent jamais puisqu’elles n’apportent pas de solutions à la crise qui frappe le pays. Notre problème, ce n’est pas le cinquième mandat. Au MSP, nous sommes pour une solution consensuelle qui commence par un dialogue y compris avec le pouvoir pour arriver un consensus. La deuxième solution est l’organisation d’élections transparentes. Notre travail est de convaincre les gens. Il ne consiste pas à imposer notre avis dans la rue.

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Vous faites le même constat s’agissant de l’initiative de Noureddine Boukrouh ?

Oui, le même constat. En plus, il parle de révolution. Comment quelqu’un peut parler de révolution en restant à la maison ? Et quelle révolution ? Nous ne sommes pas d’accord avec ce discours. Nous ne sommes pas pour inciter à sortir dans la rue dans ces conditions. Nous avons une expérience en Algérie. Encore une fois, on ne peut pas résumer le problème de l’Algérie à la présidence. Si la crise concernait seulement le Président, un individu, ça aurait été facile.

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