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France : l’extrême droite relance la stigmatisation des retraités algériens

France : l’extrême droite relance la stigmatisation des retraités algériens

Par Mikhail Nilov / Pexels
Le drapeau de la France.

Malgré les dénégations de la caisse de l’assurance vieillesse, l’extrême-droite française continue à exagérer l’ampleur de la fraude aux pensions versées aux retraités algériens. Un député du Rassemblement national (RN) vient de saisir la ministre des comptes publics, proposant notamment la suspension des pensions « douteuses ».

Dans une question écrite mise en ligne ce lundi 9 juin sur le site de l’Assemblée nationale française, Aurélien Dutremble a « alerté » la ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin, sur ce qu’il qualifie de « persistance de la fraude aux retraites françaises versées à l’étranger, en particulier en Algérie ». La ministre n’a pas encore répondu.

L’élu du parti fondé par Jean-Marie Le Pen a ciblé spécifiquement les pensions qu’il présente comme « indûment versées à des personnes décédées dont le décès n’a pas été déclaré ».

Dans son argumentaire, il cite les chiffres de la Cour des comptes de mai 2025, selon lesquels la « fraude » représenterait entre 40 et 80 millions d’euros de pertes annuelles pour les finances publiques. La Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) verse annuellement plus de 1,1 milliard d’euros de pensions en Algérie, rappelle-t-il.

Toujours selon ce député d’extrême-droite, les contrôles effectués sur pièces ont permis d’identifier un taux de décès non déclarés allant de 2 à 5 %.

Suffisant pour lui pour conclure à l’existence d’un « phénomène massif, organisé et dans tous les cas largement supérieur aux autres pays étrangers bénéficiant de versement de retraite du régime général ».

L’extrême-droite française ne lâche pas les retraités algériens

Aurélien Dutremble remet en cause les mécanismes de contrôle, fondés en grande partie sur des certificats de vie transmis par les ayants droit eux-mêmes. Ces mécanismes sont « largement insuffisants et sujets à manipulation », estime-t-il, jugeant incompréhensible que des pensions soient versées à l’étranger sans vérification fiable de l’existence des bénéficiaires alors que « les retraités français doivent fournir régulièrement des justificatifs rigoureux ».

En saisissant la ministre des Comptes publics, le député souhaite connaître les mesures urgentes que le gouvernement envisage pour mettre fin à ce qu’il qualifie de « détournements manifestes de fonds publics », plaide pour un « contrôle systématique et biométrique de l’existence des bénéficiaires à l’étranger » et sollicite « la suspension des pensions douteuses jusqu’à vérification, ainsi que le remboursement des sommes indûment perçues ».

En avril 2024, la CNAV a publié les résultats d’une enquête effectuée par le consulat général de France en Algérie, à sa demande. Il en est ressorti qu’il y a moins de 1.000 centenaires algériens percevant une pension de la caisse française et que sur 2.000 personnes âgées de plus de 95 ans invitées à confirmer leur identité, seules 370 n’avaient pas répondu. On est loin des « centaines de milliers » de cas comme avancé ici et là.

« Le sujet est une arlésienne […] Mais le chiffre de 80 % ne repose sur rien, il n’y a pas des armées de morts-vivants », a commenté le DG de la CNAV auprès de l’AFP en septembre dernier. Une enquête de l’agence française de presse avait démontré que deux polémiques sur le sujet en 2022 et 2024 avaient pour origine une émission de la chaîne CNews.

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