Le Front Polisario vient de remporter une victoire symboliquement importante en Afrique du Sud.
La justice sud-africaine a en effet confirmé que le gouvernement sahraoui était bien le propriétaire de la cargaison de phosphate saisie à bord du navire NM Cherry Blossom, rapporte le média marocain Le Desk.
Ce navire avait été détenu en mai 2017 à Port Elizabeth suite à une action en justice par le gouvernement sahraoui et le Front Polisario. Il contenait 55.000 tonnes de phosphate en provenance du Sahara occidental vendu par une entreprise étatique marocaine à une coopérative agricole néo-zélandaise.
La justice sud-africaine a ordonné la mise aux enchères de la cargaison, le butin étant appelé à être réparti entre le Front Polisario et l’armateur du navire pour couvrir ses frais.
« C’est une excellente nouvelle pour le peuple sahraoui. Le jugement est en parfait accord avec la décision de la Cour de justice de l’UE et l’opinion légale de l’Union africain », a affirmé le Mhamed Khedad, le coordinateur du Polisario à l’opération de la Minurso.
« Nous espérons que toutes ces entreprises qui participent au pillage des ressources du Sahara occidental comprennent les risques légaux. Le Polisario utilisera tous les outils juridiques pour mettre fin au pillage des ressources du peuple sahraoui », a ajouté le coordinateur du Polisario.
« En parallèle, nous sommes très ouverts à l’idée de construire de bonnes relations avec ceux qui sont intéressés par nos ressources. L’exploitation des ressources du Sahara occidental requiert le consentement des représentants du peuple du territoire », a indiqué Khedad, cité par Western Sahara Ressource Watch.
La décision de la justice sud-africaine s’opère à seulement quelques jours d’une autre décision, majeure cette fois, qui devrait être rendue par la Cour de justice de l’Union européenne (Cjue) au sujet de l’accord agricole liant le Maroc à l’UE. La CJUE doit en effet se prononcer ce mardi 27 février sur la validité du protocole de pêche signé entre le Maroc et l’UE.
C’est dans ce contexte que le Front Polisario redouble ses efforts auprès des institutions européennes pour que les droits des peuples sahraouis soient reconnus. Le représentant du Front Polisario auprès des institutions européennes, Mohamed Sidati, a ainsi adressé une lettre ce vendredi au président de la commission du commerce international au sein du Parlement européen, Bernd Lange, dans laquelle il exprime ses « sérieuses inquiétudes » concernant le projet d’amendement de l’accord commercial liant l’Union européenne au Maroc.
« Avec cet amendement, la Commission européenne n’est pas seulement en train d’endommager la réputation de l’Union européenne comme défenseur de l’État de droit, elle sape également les efforts de l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’Onu pour la reprise des négociations directes entre le Front Polisario et le Roi du Maroc », affirme Mohamed Sidati dans son courrier adressé à Bernd Lange.
« Le peuple sahraoui n’a rien à gagner de l’exportation illégale de ses ressources naturelles vers l’Europe sans son consentement. Au contraire, les préférences commerciales vont uniquement être bénéfiques à leur agresseur marocain en lui fournissant des moyens financiers permettant de maintenir son occupation illégale », estime en outre le représentant du Front Polisario auprès des institutions européennes.
De plus, le bureau de représentation du Polisario en Europe a dénoncé dans un communiqué le fait que « les seuls groupes consultés par la Commission sont ceux sous le contrôle du gouvernement marocain. Ces groupes n’ont aucune prétention crédible de représenter le peuple sahraoui ou accorder son consentement. Il n’y a aucune base légale ou morale sur laquelle la Commission européenne peut continuer à chercher le consentement d’un peuple occupé par le biais de la puissance occupante », affirme le Polisario.