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L’Algérie aux JO de Tokyo : chronique d’une débâcle annoncée

L’Algérie aux JO de Tokyo : chronique d’une débâcle annoncée

Le brin d’espoir qui restait pour l’Algérie de ne pas sortir avec un zéro pointé des Jeux olympiques de Tokyo, s’est envolé 24 heures avant la clôture du rendez-vous planétaire.

La karatéka Lamia Matoub a été éliminée le samedi 7 août après trois défaites et un nul sans gloire contre la représentante de l’Egypte. La délégation algérienne, forte de 44 athlètes (43 après le forfait de Makhloufi) revient donc bredouille, sans la moindre médaille.

| Lire aussi : ENTRETIEN. JO de Tokyo : les raisons de la débâcle algérienne

Une première depuis Athènes-2004. Il est même arrivé par le passé que l’Algérie remporte des médailles d’or pendant trois éditions consécutives (Barcelone-1992, Atlanta-1996 et Sydney-2000).

A Tokyo, c’est la débâcle totale. Pour un pays habitué de monter sur les podiums olympiques (3 médailles en 1996 et 5 en 2000 par exemple), c’est la désillusion et la frustration.

Ces jeux auront au moins servi à nous rappeler que les performances de l’équipe nationale de football n’est que l’arbre qui cache la forêt de l’anarchie qui règne dans le sport algérien.

Sur les réseaux sociaux, on crie au scandale, à la dilapidation, à la mauvaise gestion, au favoritisme, au manque d’assiduité, bref à la déliquescence du sport national.

Tous les griefs qui peuvent être retenus contre les athlètes, leurs entraîneurs, les fédérations, le Comité olympique et les autorités politiques sont dans une certaine mesure fondés. La responsabilité d’un échec national, dans des disciplines aussi variées, ne peut être que collective.

S’il est légitime de s’en offusquer, il ne faut cependant pas perdre de vue que les performances sportives d’une nation sont généralement le reflet de sa situation interne et de son degré de développement.

Au tableau final des médailles des jeux de Tokyo, on trouve d’abord les grandes nations, les plus avancées sur les plans technologique et économique. Puis viennent celles de taille moyenne. Il en est ainsi pendant toutes les éditions passées. La hiérarchie a toujours été respectée.

Si cette fois l’Algérie ne figure même pas parmi la centaine de nations qui ont arraché au moins une médaille de bronze, c’est que la déliquescence du sport national a atteint un niveau jamais égalé.

La débâcle était même attendue avec tout ce qu’on a vu ces dernières années : tiraillements au sein des fédérations ou entre celles-ci et le gouvernement (ministère de la Jeunesse et des Sports), athlètes qui se plaignent publiquement du manque d’infrastructures et de financements.

Le football, rien que le football…

En termes d’infrastructures, l’Algérie est très en retard malgré les investissements consentis ces dernières années. Même à Alger, le nombre de piscines se compte sur les doigts. Les pistes d’athlétisme aussi et les stades homologués. Le sport de proximité est négligé, se limitant au seul football, vecteur de paix sociale.

Pour le financement, ce n’est pas que l’Etat ne met pas la main à la poche, il le fait même avec beaucoup de générosité mais pour soutenir toujours le football, pour des résultats tout aussi décevants.

Car il ne faut pas perdre de vue que le niveau atteint par l’équipe nationale n’est pas le résultat de la formation de l’école algérienne ou des clubs algériens.

Il ne faut pas se voiler la face, sans les binationaux formés en France essentiellement, l’un des meilleurs modèles de formation au monde, l’équipe nationale ne serait pas ce qu’elle est en ce moment. La preuve, les clubs algériens n’ont même pas droit de cité parmi le gotha continental.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les disciplines qui n’ont rien ramené de Tokyo qui ont le plus déçu, mais surtout le football. Cette discipline n’y a même pas été représentée malgré les milliards qu’elle engloutit chaque année.

Presque la totalité des aides publiques au sport vont au football pour qu’à la fin le pays se trouve dépendant du produit de l’école française, des sommes qui partent en salaires immérités et en malversations.

Au moment où les athlètes se faisaient éliminer à tour de rôle à Tokyo et criaient au manque de considération, un club de foot algérien proposait à un de ses joueurs un salaire mirobolant pour le retenir, en vain.

On parle de 700 millions le mois. Il y a manifestement une mauvaise gestion et une répartition inéquitable des ressources. Au risque de se répéter, les Jeux olympiques sont le miroir de tout le pays, pas seulement de son sport.

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