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L’Algérie passe commande d’une importante quantité de maïs

L’Algérie passe commande d’une importante quantité de maïs

L’Algérie a finalisé via l’Office national de l’aliment de bétail (ONAB) un appel d’offre international portant sur l’achat de maïs en provenance d’Amérique du sud.

Les importations annuelles de l’Algérie de maïs, qui sont estimées à 4 millions de tonnes, illustrent la forte dépendance de l’élevage avicole et posent la question d’éventuelles alternatives.  

Le volume de cette nouvelle commande est estimé comme « pouvant aller jusqu’à 240 000 tonnes » selon des négociants européens, cités par l’agence Reuters.

Ces derniers ont « estimé qu’au moins deux envois totalisant environ 80.000 tonnes ont été achetés » par l’Algérie à partir de l’Argentine et du Brésil. D’autres discussions « non confirmées »  portent sur un achat plus important selon la même source.

Nourrir la volaille, un enjeu de taille

Les achats ont été effectués à un coût inférieur à 240 dollars la tonne, fret inclus, selon la même source.

Les expéditions devraient avoir lieu en octobre « dans le cadre de six envois de plus de 30.000 à 40.000 tonnes chacun » selon Reuters.  

En Algérie, le maïs en grains est principalement utilisé en alimentation des volailles dans un contexte où les prix de la viande blanche ne cessent de flamber, obligeant le gouvernement à importer du poulet congelé du Brésil pour le vendre au prix de 290 dinars le kilogramme.

En février 2021, lors d’un passage à la Radio algérienne, le directeur général de l’ONAB, Mohamed Betraoui faisait part d’importations annuelles de maïs et de soja d’une valeur de 1,2 milliard de dollars.

Fin juillet, lors d’un Conseil des ministres, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a demandé que la priorité soit donnée à la production de maïs grain dans le sud algérien.

Actuellement, c’est la culture du maïs ensilage qui a la préférence des investisseurs du fait de sa plus grande rentabilité.

Dans des régions, comme à Menéa, des investisseurs ont acquis le matériel nécessaire et se sont spécialisés dans la production de maïs ensilage conditionné sous forme de balles rondes enrubannées.

 Ce type de production approvisionne de nombreux élevages laitiers tant au sud qu’au nord du pays. L’engouement pour le maïs ensilage est tel que des investisseurs ont même formulé le souhait d’en exporter.

En tant que culture semée au printemps, le maïs grain doit être réservé aux terres les mieux arrosées dans le cas du nord du pays ou bénéficier d’une irrigation d’appoint dans le sud du pays.

Dans le sud algérien, il est cultivé en irrigation continue sous rampe pivot et le plus souvent comme deuxième culture après une culture de blé.

L’Algérie veut produire son propre maïs

Ce maïs produit à Ménéa était auparavant transporté par la route sur 730 km jusqu’au site de l’ONAB situé à Bougtob (Mascara).

Afin de renforcer l’attrait pour la culture de maïs grain, le quintal qui était acheté par l’ONAB au prix de 4.500 DA en 2021 est passé à 5.000 DA.

Après la décision de produire du maïs en grain, un communiqué du ministère de l’Agriculture et du développement rural a précisé que « le paiement des agriculteurs dans un délai qui ne dépasse pas les 72 heures après chaque livraison en garantissant la récupération et l’acheminement de la production récoltée par l’ONAB ».

Afin de relancer la production de maïs grain, fin juillet, lors d’une rencontre avec les opérateurs publics et les bénéficiaires des grands périmètres dans les wilayas du Sud, Youcef Cherfa, le ministre de l’Agriculture a annoncé que : « De grands périmètres seront créés dans la wilaya d’In Salah ». 

L’été dernier, il a dit que les investisseurs installés dans les périmètres au sud devraient dorénavant indiquer les plans de cultures stratégiques qu’ils comptaient mettre en œuvre sur trois ans.

En Algérie, la demande en maïs grain ne cesse de croître. Selon les propos recueillis par TSA auprès d’un président d’une Chambre d’agriculture, des éleveurs ont découvert, ces dernières années, son intérêt dans l’engraissement des taurillons.

Une utilisation qui entraîne une plus grande demande pour cette céréale destinée à l’origine aux seuls élevages avicoles.

Aujourd’hui de nombreux fabricants d’aliments pour bétail utilisent du maïs pour des préparations à l’intention des moutons et vaches laitières.

Face à cette demande, six ingénieurs de l’Institut Technique des Elevages (ITELV) en collaboration avec l’ONAB ont réalisé dès 2016 des essais de « substitution partielle du maïs par l’orge dans l’alimentation du poulet de chair ».  

En Algérie, l’orge est semée à l’automne et n’a donc pas besoin d’irrigation contrairement au maïs.

L’orge peut se substituer au maïs

Cette équipe de chercheurs algériens a conclu qu’il était possible d’envisager des rations avec 20 à 25% d’orge en remplacement du maïs grain voire jusqu’à 30 à 40% en utilisant alors des additifs enzymatiques.

D’autres études locales et internationales montrent que cette substitution partielle du maïs grain par de l’orge peut également être réalisée pour les rations destinées aux poules pondeuses.

La croissance continue de la demande locale en maïs grain laisse à penser que ces préconisations ont été ignorées des professionnels de l’alimentation du bétail.

En février 2020, à l’ouverture d’une rencontre du gouvernement avec les walis le président de la République, Abdelmadjid Tebboune avait reproché à l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et l’ONAB, de favoriser les importations aux dépens de la production locale indiquant notamment que l’Algérie importait de grandes quantités de maïs et de blé, « alors qu’il est possible de les produire au niveau national ».

Lors de la campagne électorale pour les présidentielles du 7 septembre dernier, le président Tebboune, alors candidat, s’est engagé de réaliser l’autosuffisance en blé dur, orge et maïs à partir de 2025.

A travers la maîtrise du niveau des importations de maïs, l’enjeu pour l’agriculture algérienne est de procurer de la viande blanche aux ménages à faible revenu. Les travaux des équipes de l’ITELV montrent que des alternatives au tout importation existent.

LIRE AUSSI : Présidentielles : Tebboune promet l’autofinance en blé dur, en orge et en maïs

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