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Le limogeage de Tebboune vu par la presse étrangère

Le limogeage de Tebboune vu par la presse étrangère

Moins de trois mois après son entrée en fonction, le premier ministre Abdelmadjid Tebboune a été remplacé mardi 15 août par Ahmed Ouyahia. La nomination de ce dernier à ce poste – la quatrième fois depuis 1995- a suscité de nombreuses réactions dans la presse internationale.

« La destitution du Premier ministre, remplacé par Ahmed Ouyahia, proche de la présidence, montre que la bataille contre les nouveaux oligarques, qui se sont enrichis lorsque le pétrole était au plus haut, n’est pas pour aujourd’hui. Mais elle montre surtout que dans l’équation pour la succession d’Abdelaziz Bouteflika, au-delà des acteurs habituels, il faudra compter avec les hommes d’affaires », peut-on lire mercredi 16 août sur le site web de Radio France international (RFI).

Sur France Inter, le chroniqueur Anthony Bellanger fait quant à lui un parallèle entre l’Algérie et le Zimbabwe, tous deux dirigés par des « momies ». « Quel est le point commun entre le Zimbabwe et l’Algérie ? Et si je vous réponds « les momies », Pierre, vous n’êtes pas plus avancé et nos auditeurs non plus ! Et pourtant les Zimbabwéens et les Algériens, eux, savent parfaitement de quoi je parle : eux qui sont dirigés depuis bien trop longtemps par de vraies momies ».

Pendant ce temps, alors que les deux présidents vieillissants sont incapables de diriger leurs pays, ce sont leurs proches qui s’accrochent aux manettes, rappelle France Inter. « Côté algérien, il y a le clan Bouteflika avec son frère, Said Bouteflika, conseiller spécial de son président de frère, et les neveux qui, soit, poussent le fauteuil présidentiel ; soit s’enrichissent », tance Anthony Bellanger. « L’Algérie est devenue une sorte de satrapie orientale. Vous voulez un exemple ? Pas plus tard qu’hier, les Algériens ont appris médusés la destitution de leur Premier ministre. En plein mois d’août et trois mois à peine après avoir été nommé ! ».

Dans la presse anglophone, Bloomberg estime que « ce limogeage », intervenu au retour des vacances du premier ministre Tebboune, ajoute « à l’incertitude du pays » dans un contexte où le gouvernement s’atelle à réformer l’économie pour réduire la dépendance de l’Algérie à la manne pétrolière.

Il rappelle, en outre, que Ahmed Ouyahia, tout juste nommé, a déjà occupé ce poste « trois fois depuis le milieu des années 1990 ». Pour Ferhat Ait Ali, analyste politique indépendant interrogé par l’agence de presse américaine, « cette nouvelle nomination démontre que le système politique dans son ensemble ne sait pas où il va ». « Ils n’ont aucune voie », conclut-il.

Tebboune, d’abord vu comme un Premier ministre inoffensif qui ne contesterait pas l’ordre établi, a finalement dérangé la garde rapprochée de Bouteflika en se lançant dans une opération « mains propres », laisse entendre  Stratfor, une plateforme américaine qui livre régulièrement des analyses géopolitiques très documentées. « Au moment de sa nomination, Tebboune  était considéré comme un personnage souple qui ne contesterait pas Ouyahia ou d’autres successeurs possibles de Bouteflika ». Mais « il a cherché à s’attaquer aux liens unissant étroitement les intérêts commerciaux et la politique qui ont marqué le paysage politique algérien ». Le site fait référence au bras de fer qui a opposé Tebboune à l’homme d’affaires Ali Haddad, président du Forum des chefs d’entreprises (FCE). Ce dernier avait dénoncé il y a quelques semaines une véritable cabale à son encontre, poussant « Bouteflika et son frère, Said Bouteflika, à faire pression sur Tebboune, ce qui s’est soldé par sa démission », note Stratfor.

| LIRE AUSSI : Tebboune et Haddad sortent tous les deux fragilisés de leur bras de fer 

Dans la presse arabophone, le limogeage de Tebboune est la conséquence de son duel perdu avec les forces de l’argent. « Les hommes d’affaires font tomber le premier ministre Tebboune », titre Al Arabiya, sur son site internet. « L’affrontement entre l’ex-premier ministre Abdelmadjid Tebboune et des hommes d’affaires influents a précipité son limogeage », estime la chaîne saoudienne. Le quotidien arabophone Asharq Al-Awsat pense aussi que Tebboune est victime de sa guerre contre les forces de l’argent. « La lutte entre l’argent et le pouvoir a fait tomber le Premier ministre algérien », titre le journal saoudien basé à Londres.

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