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Liste des produits interdits à l’importation : de l’intégration à l’exclusion, un chef d’entreprise raconte

Liste des produits interdits à l’importation : de l’intégration à l’exclusion, un chef d’entreprise raconte

Le gouvernement a annoncé le 28 février dernier le retrait de la liste des 851 produits interdits d’importation de cinq produits (intrants) classés dans cinq sous-positions tarifaires.

Pour les secteurs concernés, l’annonce du retrait de la liste a fait figure de soulagement et de bénédiction. À l’image de l’industrie de l’adhésif, dont le blocage de l’importation de produits semi-finis menaçait leur existence même.

Rassemblés au sein de la Corporation des Industries de Producteurs et Transformateurs de Rubans Adhésifs (Ciptra), les industriels ont en effet été initialement visés par la suspension des importations décidée au mois de janvier.

« Lorsque nous avons vu que les produits semi-finis dont nous avons besoin étaient inclus dans la liste des produits suspendus à l’importation, le ciel nous est tombé sur la tête », raconte Mohamed Tahar Soufi, directeur général de la Sarl IPAC (Industrie de production d’adhésifs et colles) et fondateur de la Ciptra.

« D’autant que ce qui nous a étonnés est qu’il s’agit vraiment d’un produit dont la production de base en Algérie n’existe pas. D’ailleurs, il ne peut pas l’être car il ne serait pas rentable de le faire. Il n’y a que quelques grosses entreprises en Europe et en Chine qui ont le matériel adéquat extrêmement coûteux pour le faire », explique-t-il.

Face à cette situation, Mohamed Tahar Soufi s’est rapproché du ministère du Commerce afin de plaider pour son entreprise, mais aussi pour l’ensemble de son secteur.

« Nous avons décidé de nous réunir en corporation suite à la décision du gouvernement de procéder à la suspension à l’importation de nos matières premières. Avant cela, chaque entreprise du secteur était de notre côté. Mais lorsque ce problème est apparu, le ministère du Commerce nous a encouragés de nous rassembler afin que nos courriers aient du poids », relate M. Soufi.

Initialement composée de huit membres fondateurs, la Corporation des Industries de Producteurs et Transformateurs de Rubans Adhésifs compte aujourd’hui une vingtaine d’entreprises comme membres, des PMI ou PME globalement.

« La plupart des entreprises comptent entre 10 et 35 employés, 5 entreprises dépassent les 40 employés et seulement deux ou trois comptent plus de 300 employés », détaille M. Soufi.

Les entreprises qui composent la Ciptra pèsent rassemblées environ deux milliards de dinars, 1.500 emplois directs, et entre 1.500 et 1.700 emplois indirects.

Comment les autorités ont donc pu bloquer les intrants indispensables pour l’activité économique d’un secteur dont dépendent 3.000 emplois ?

« Le problème dans notre tarif douanier, c’est que chaque sous-position n’englobe pas seulement un produit mais plusieurs produits et métiers. Le gouvernement a dû penser qu’en bloquant une sous-position, il bloquait seulement un produit. Ce n’était pas le cas », déplore M. Soufi, pour qui « il y a eu une certaine méconnaissance. Ce qui a été étrange c’est que le gouvernement a bloqué nos produits semi-finis, mais ils ont laissé les importateurs de produits finis ».

Le directeur général de l’IPAC tient toutefois à souligner la réactivité du ministère du Commerce lorsqu’il a été interpellé par les acteurs du secteur sur la question.

« La réaction du ministère a été excellente et la prise en charge a été immédiate. Ils nous ont informés qu’il y a eu un dysfonctionnement. Une commission a très rapidement été mise en place, celle-ci a constaté la situation et l’a tout de suite rectifiée », indique M. Soufi.

« On aurait pu croire qu’on allait avoir à faire à un mur, et c’est tout le contraire qu’on a eu. Le ministère a tout de suite compris notre situation. Il y avait un fait accompli au-delà duquel ils ne pouvaient pas aller avant d’avoir suivi la procédure, mais en ce qui concerne la prise de décision, cela s’est fait tout de suite », estime-t-il en outre.

Un mois plus tard, le gouvernement annonce la suppression de ces produits semi-finis de la liste des produits suspendus à l’importation. Malgré tout, l’impact du blocage s’est fait sentir.

La décision de suspendre les importations, prise dans la précipitation et sans consultation des acteurs du secteur, a eu des conséquences économiques. « On a eu quelques semaines durant lesquelles nous avons payé les salaires sans faire tourner les machines. Par rapport à l’année précédente, nous avons enregistré une baisse d’environ 7% de notre chiffre d’affaires », précise Mohamed Tahar Soufi.

Alors que la situation dans le secteur est aujourd’hui rétablie, l’impression régnante demeure que l’erreur, corrigée par le gouvernement, aurait pu dès le départ être évitable.

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