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Ouyahia à l’APN pour tenter de vendre le 5e mandat, l’occasion d’une passe d’armes avec l’opposition

Ouyahia à l’APN pour tenter de vendre le 5e mandat, l’occasion d’une passe d’armes avec l’opposition

Le Premier ministre présentera finalement sa déclaration de politique générale devant les membres de l’APN. Ce sera ce lundi 25 février.

Une activité somme toute ordinaire puisque instituée par la Constitution comme une obligation dont le gouvernement est tenu de s’acquitter une fois par an, mais qui prend cette année des allures d’événement saillant, pour au moins deux raisons : les supputations qui avaient accompagné son report en fin d’année passée et sa survenue en pleine pré-campagne pour l’élection présidentielle.

« Le gouvernement doit présenter annuellement à l’Assemblée Populaire Nationale, une déclaration de politique générale. » L’article 98 de la loi fondamentale est d’une limpide clarté et lorsque, dans les derniers mois de l’année 2018, Ahmed Ouyahia avait avancé un agenda chargé pour passer outre cette disposition, beaucoup avaient ri sous cape. On a spéculé sur une manigance de ses adversaires politiques, supposés se trouver dans le cercle présidentiel, afin de le priver d’une tribune précieuse pour le projet qu’on lui prêtait encore, celui de briguer la magistrature suprême.

Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’une telle « omission » se produit. Abdelmalek Sellal par exemple a zappé cette obligation durant ses trois dernières années à la tête du gouvernement, malgré les rappels publics à l’ordre des députés.

Maintenant que Bouteflika est officiellement candidat et que le RND et son secrétaire général se sont rangés derrière lui sans ambiguïté, de telles conjectures sur le compte d’Ahmed Ouyahia ne tiennent plus. Mais elles laissent place à d’autres soupçons liés au timing choisi pour la présentation de la déclaration : Ouyahia chercherait à vendre à partir du perchoir de l’APN le cinquième mandat de Bouteflika.

Et c’est sans doute ce qu’il s’apprête à faire. Dans le texte rendu public ce lundi, il est indiqué que le Premier ministre « rend compte de la mise en œuvre de son Plan d’Action conformément à la Constitution », mais quelques lignes plus loin, ses rédacteurs se trahissent quand ils égrènent avec force détails les réalisations du président ces cinq dernières années, puis depuis 1999, entre logements distribués et emplois créés, englobant même la paix retrouvée grâce à la réconciliation nationale.

Du reste, le gouvernement ne s’en cache pas. Devant les députés, son chef plaidera la « continuité ». « Ces avancées soulignent les vertus de la continuité, qu’il s’agisse de la continuité dans le quinquennat actuel de Son Excellence le Président Abdelaziz Bouteflika, ou qu’il s’agisse de la continuité dans le processus de reconstruction nationale conduit par le Chef de l’État (…) Tout processus de développement exige du temps et de la continuité, encore mieux lorsqu’il s’agit d’une reconstruction nationale à l’issue d’une tragédie multidimensionnelle », est-il écrit.

Certes, Ahmed Ouyahia a occupé de très hautes fonctions sous Abdelaziz Bouteflika ces vingt dernières années et le bilan du chef de l’État est aussi un peu le sien. Mais en tant que Premier ministre, nommé en août 2017, il ne peut assumer ni défendre un bilan de deux décennies que se partagent une dizaine de chefs de gouvernement. Cette incohérence cache mal les visées réelles de ce passage devant le Parlement décalé de quelques mois : faire l’éloge de l’action de Bouteflika, en faire ressortir les réalisations et conclure à la nécessité de la continuité. En fait, c’est toute la stratégie du pouvoir dans sa quête de reconduire le chef de l’État qui se retrouvera résumée par Ahmed Ouyahia dans une semaine devant l’Assemblée.

Le dernier passage du Premier ministre devant les députés remonte à septembre 2017, lorsqu’il a présenté le plan d’action de son gouvernement un mois après sa nomination en remplacement d’Abdelmadjid Tebboune. On n’en retient rien de mémorable, sinon le tableau noir dressé par Ouyahia sur la situation économique du pays.

Lundi prochain, les débats tourneront sans doute au procès de l’action de Bouteflika. Aux plaidoiries chiffrées du Premier ministre et des élus de la majorité répondront les réquisitoires enflammés des députés de l’opposition qui, eux non plus, ne manqueront pas d’arguments. N’était-ce pas le même Ouyahia qui, il y a seulement cinq mois, faisait devant eux un aveu d’échec de la politique du président en révélant que l’État n’avait pas de quoi payer ses fonctionnaires après plus d’une décennie de pétrole cher ? Comme quoi, pour le pouvoir qui se cherche une tribune de propagande, l’effet boomerang n’est pas loin…

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