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Présentation du plan d’action du gouvernement : l’optimisme béat de Tebboune face à la crise

Présentation du plan d’action du gouvernement : l’optimisme béat de Tebboune face à la crise

Le son de la cloche retentit dans l’hémicycle de Zighout Youcef pendant de longues minutes pour avertir les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) du début de la séance plénière consacrée à la présentation du plan d’action du gouvernement. Les ministres sont déjà installés à l’intérieur de la grande salle. Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, accompagné du président de la chambre basse du Parlement, Said Bouhadja arrive peu après 22h30. La séance est ouverte.

 

Devant un hémicycle archicomble avec 452 députés présents et seulement 10 élus absents, Abdelmadjid Tebboune tente, tant bien que mal, de rassurer en minimisant l’ampleur de la crise économique qui frappe de plein fouet le pays. « L’Algérie est effectivement sortie de l’ère de l’aisance (financière) dès 2014. Mais la situation est acceptable », avance le Premier ministre qui estime que le tableau n’est pas noir.

« Nos ressources ont baissé de plus de 50% mais nous sommes toujours debout. Nos réserves (de change) dépassent les 100 milliards de dollars », détaille-t-il. Dans sa première démonstration devant les députés, Abdelmadjid Tebboune vante également la stabilité politique de l’Algérie. Tout comme son prédécesseur, Abdelmadjid Tebboune se montre confiant, optimiste et multiplie les promesses. Mais à aucun moment, il n’aborde la vraie question : comment financer ce programme ?

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Séparer l’argent du pouvoir

Sur le plan politique, le Premier ministre évoque de nouvelles dispositions pour renforcer les libertés, les droits et l’indépendance de la justice. Mieux, le nouveau Premier ministre aborde même la question de l’emprise du monde des affaires sur le pouvoir qui a valu au précédent gouvernement de nombreuses critiques. Sur ce point, il promet une « séparation entre l’argent et le pouvoir ». « Il est du droit de chaque citoyen d’entreprendre, de faire de la politique ou de faire les deux mais pas en même temps », lance-t-il. Avant de trancher : « L’État c’est l’État et l’argent c’est l’argent ».

Même si la situation sur le marché pétrolier est très incertaine (le baril est autour de 45 dollars), Abdelmadjid Tebboune promet de préserver le caractère social de l’État algérien. « L’Algérie était et restera une république démocratique et sociale », insiste-t-il.

« On verra bien ce qu’on va proposer dans la Loi de finances 2018 », s’amuse un député à la fin de l’intervention. Les élus de l’opposition ne s’attendaient pas à des miracles. À la fin de l’intervention du Premier ministre, ils sont nombreux à sortir pour s’exprimer devant les caméras de télévision. « Cette déclaration ne reflète pas la réalité du vécu des Algériens. Les projections du Premier ministre sont en contradictions avec ce qui est annoncé par les organisations internationales », commente Atmane Mazouz, député du RCD.

| LIRE AUSSIDOCUMENT. Téléchargez le plan d’action du gouvernement Tebboune

Un copier-coller

Député de l’union formée par Ennahda, El Adala et El Bina, Lakhdar Benkhelaf qualifie le plan d’action du gouvernement de « copier-coller des plans des derniers gouvernements de Abdelmalek Sellal ». « Ce sont les mêmes axes et les mêmes grandes lignes. Il n’y a pas de chiffres ni d’échéanciers. Ce qui va compliquer le contrôle et le suivi », analyse l’élu qui rappelle que les précédents gouvernements n’ont jamais présenté de bilans devant le Parlement.

Pour lui, la situation du pays est « catastrophique » avec un Fonds de régulation des recettes (FRR) vide et des réserves de changes à moins de 100 milliards de dollars. « C’est ce qu’a récemment déclaré le gouverneur de la Banque d’Algérie », précise notre interlocuteur qui est convaincu que le plan présenté par Abdelmadjid Tebboune ne peut « en aucun cas être exécuté en l’absence de moyens financiers ». « Tout sera clair avec la Loi de finances 2018 », conclut-il.

Députée du FFS, Salima Ghezali voit dans cette intervention « une fuite en avant » ou une « surdité ». « La crise est sérieuse et les carences sont énormes. Il y a beaucoup de choses à dire », souligne cette ancienne conseillère de Hocine Aït Ahmed.

La séance se termine vers une heure du matin après quelques interventions de députés. Le Premier ministre qui a promis de renforcer la liberté de la presse et évoqué le droit à l’information quitte l’hémicycle sans faire de déclaration aux journalistes.

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