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Ramadhan à Gaza : « Du pain de farine animale, une fois par jour…»

Ramadhan à Gaza : « Du pain de farine animale, une fois par jour…»

« Cela fait cinq mois qu’on jeûne ». C’est ainsi que des Palestiniens de la bande de Gaza répondent à ceux qui les interrogent sur le Ramadhan qui a débuté le 11 mars.

En plus de jeûner sous les bombardements de l’armée israélienne, les Gazaouis vivent aussi une situation humanitaire dramatique. Depuis quelques semaines, ils font face à une véritable famine du fait du blocage du passage de l’aide internationale par les autorités israéliennes.

Au premier jour du mois de Ramadhan, la chaîne Al Jazeera a diffusé un cliché qui a ému tout le monde musulman et même au-delà, montrant une famille palestinienne rompre le jeûne sur les ruines de sa maison détruite.

Malgré cette situation dramatique, cette famille a beaucoup de « chance » d’avoir trouvé de quoi rompre le jeûne. Partout à Gaza, c’est la famine, particulièrement dans le nord du territoire.

Ceux qui sont restés dans la zone malgré les injonctions de l’armée israélienne de partir le payent très cher. Ils vivent des conditions dramatiques loin des regards du monde depuis, explique le site Al Araby, le départ vers le sud de la plupart des journalistes et correspondants des médias étrangers.

C’est dans cette zone que 112 Palestiniens ont été tués de sang-froid par des soldats israéliens le 29 février dernier, alors qu’ils s’étaient rassemblés pour recevoir une aide alimentaire. C’est aussi ici que, le 8 mars, cinq palestiniens ont été tués dans un largage de colis alimentaires à cause du dysfonctionnement d’un parachute.

Les échos qui parviennent du Nord de Gaza se font de plus en plus rare. Les quelques journalistes qui ont choisi de rester souffrent eux-mêmes de faim, souligne le même média.

Ils ont tout de même encore la force de témoigner sur les réseaux sociaux pour décrire une épreuve encore plus insupportable que la faim : l’humiliation que constituent ces largages de colis alimentaires.

Les habitants de Gaza passent le Ramadhan dans des conditions à peine croyables

Islam Badr, correspondant d’Al Araby, a écrit sur son compte X : « Nous sommes désolés… Arrêtez les parachutages… La mort par la faim est plus honorable que ce qui arrive. »

Anas Al-Sharif d’Al Jazeera a adressé ce message émouvant aux musulmans du monde entier au premier jour de Ramadhan :  » À vos tables, rappelez-vous que plus de 2 millions de personnes déplacées à Gaza vivent dans des camps de déplacés, sans eau, sans nourriture… » .

Ceux qui, partout dans le monde musulman, pourraient se plaindre en ce début de Ramadhan de la hausse des prix de certains produits, devraient lire attentivement ce tweet du journaliste Islam Bader dans lequel il fait part d’une mercuriale à peine croyable dans le nord de la bande de Gaza : le riz à 35 dollars le kilogramme, la viande de bœuf ou d’agneau à 60 dollars, la pomme de terre et l’oignon à 25 dollars, 18 dollars le kilogramme de semoule encore 60 dollars le plateau de 30 œufs…

Ou encore ce témoignage d’un Gazaoui rapporté par le journaliste d’Al-Araby Al-Jadeed : « La nourriture est très rare, les pauvres meurent de faim dans le nord maintenant. Ma famille a payé 1 500 dollars pour acheter du sucre, du riz et de la sauce tomate, en plus de l’aliment de bétail… Aujourd’hui, nous avons acheté quatre œufs… La farine blanche est désormais vendue aux enchères… »

Interrogé sur l’usage qui est fait de l’aliment de bétail, il a expliqué : « Nous fabriquons du pain à partir d’orge animale et d’aliments d’engraissement pour lapins. Nous le mélangeons avec de l’eau et ajoutons de grandes quantités de levure. Il a un goût très mauvais et âpre. Nous souffrons de maux d’estomac constants et vomissons parfois après l’avoir mangé. Nous le mangeons, pour calmer la faim, une fois par jour… »

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