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Réhabilitation de la faune sauvage, quelles stratégies pour sauver notre Perdrix gambra

Réhabilitation de la faune sauvage, quelles stratégies pour sauver notre Perdrix gambra

CONTRIBUTION. La perdrix gambra (Alectoris barbara, Bonnaterre, 1992) est le gibier sauvage le plus apprécié et le plus chassable en Algérie et en Afrique du Nord. Son importance se ressent dans la culture populaire et les pratiques de la chasse. Les populations de cette espèce sont inféodées aux paysages diversifiés en mosaïques et aux milieux pré-forestiers des montagnes et des plaines. Dans la mémoire collective, elle reste parmi les espèces les plus emblématiques des pays Maghrébins.

Les populations de perdrix gambra auraient fortement déclinées dès les années 80. La régression de ses effectifs est le résultat d’une exploitation anarchique et abusive de ce patrimoine. La dégradation des habitats, le surpâturage, la mécanisation de l’agriculture, le braconnage et la prédation sont les causes principales de cette régression.

Dans le cadre du programme de Réhabilitation de la faune sauvage et étant conscients des menaces qui pèsent sur notre biodiversité en particulier les fortes fluctuations des populations naturelles de la perdrix gambra qui risque d’engendrer le déclin présumé de ses populations, le Centre Cynégétique de Zéralda en collaboration avec la Direction Générale des forêts, la conservation des forêts de Tizi Ouzou et de Médéa ainsi que les Fédérations de chasse des deux wilayas ont entamé des opérations de repeuplement de la perdrix gambra dans deux sites pilotes à Tizi-Ouzou et à Médéa.

À Médéa l’opération de repeuplement est à sa deuxième année, un effectif de 600 perdreaux ont été lâchés durant le mois d’août afin de renforcer les 1200 perdreaux déjà lâchés en 2017, l’évaluation préliminaire de l’opération durant la première année nous a permis d’avoir un taux de réussite de 25% .

Concernant la région de Tizi-Ouzou le protocole est à sa première année, un effectif de 600 perdreaux ont été mis en volière d’acclimatation le 27 août, le lâcher de ces perdreaux s’est effectué le 6 septembre 2018. Ces deux actions de repeuplement s’intègrent dans un plan d’action tracé conjointement avec les différents intervenants et qui s’étalera sur trois années.

Nous tenons à signaler que les perdreaux lâchés sont issues de l’unité de sélection mise en place les années 2000 dans le cadre d’un Programme National de Recherche, domicilié au Centre Cynégétique de Zéralda. Ce programme a mis l’accent sur la sélection d’une lignée de repeuplement à partir d’un génome sauvage provenant de la région de Médéa, depuis ce temps, le centre cynégétique de Zéralda s’est engagé à assurer un processus de suivi sur le long terme afin de disposer d’une lignée de repeuplement et de capitaliser les connaissances scientifiques nécessaires à la production d’animaux de grande valeur génétique et sanitaire.

Au cours de notre recherche, nous avons démontré qu’il existe des alternatives en matière de renforcement des populations par le biais des lâchers d’oiseaux d’élevage issus d’une sélection rigoureuse.

Le centre cynégétique prévoit dans le cadre de son plan de gestion d’entreprendre une série de lâchers de repeuplement dans différentes régions et de généraliser cette action à d’autres régions pilotes à bioclimats différents, ce qui nous permettra de comparer les résultats sous bioclimats différents.

En effet, le recours à ces lâchers de repeuplement nous permettra à participer à l’effort scientifique déjà initié ces dernières années par nos prédécesseurs pour que nos forêts ne soient pas des espaces stériles et que notre perdrix ne suivra pas le même chemin des espèces déjà disparues.


*Mme Badia Lahmar
Docteur en Ecologie et environnement
Directrice du Centre Cynégétique de Zéralda(Alger)

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