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Sid Ahmed Ferroukhi, tête de liste du FLN à Alger : « On peut parler de quotas de sucre ou d’huile ! »

Sid Ahmed Ferroukhi, tête de liste du FLN à Alger : « On peut parler de quotas de sucre ou d’huile ! »

Sidali Djarboub / NEWPRESS

ENTRETIEN. Sid Ahmed Ferrouki, ancien ministre de l’Agriculture, est tête de liste du FLN à Alger.

Vous vous êtes engagés en tant que tête de liste du FLN pour les élections législatives du 4 mai 2017. Pourquoi ?

Les législatives interviennent dans un moment particulier. Il s’agit des premières élections après la révision profonde de la Constitution qui donne plus de pouvoir à l’opposition au sein du Parlement. Il y aura un programme du gouvernement qui sera adopté et contrôlé par l’APN. C’est une ouverture importante sur le plan démocratique. Le deuxième enjeu est relatif à ce qui se passe autour de nous. Notre région est marquée par un manque de stabilité et de sécurité. La situation actuelle diffère de 2012 avec un terrorisme internationalisé proche de nos frontières. Il y a des organisations qui veulent détruire ce que nous voulons comme État moderne. Construire des institutions fortes, représentatives et crédibles renforcera la stabilité du pays. Il faut qu’on soit à la hauteur de ces enjeux.

Le FLN lie les législatives à la stabilité et la sécurité du pays. Certains vous diront qu’on veut faire peur aux Algériens…

Il faut avoir une conscience du moment. Avec le président de la République, nous avons construit difficilement la paix et la stabilité. Il y a un devoir de rappel de ces périodes pénibles que nous avons vécus dans notre chair. Personne ne veut revivre ces périodes. Nous ne voulons pas prendre de risque et aller à l’aventure. C’est-à-dire rompre avec ce qui a été fait au cours de ces dernières années sur les plans institutionnel et politique.

La Constitution actuelle inscrit l’Algérie dans les années 2060, 2070. Elle accorde des droits pour les femmes, les jeunes, sur l’amazighité. Tout cela vient renforcer notre construit commun avec nos valeurs et notre diversité culturelle. On va se différencier par la capacité de gestion et par la compétence. Nous ne voulons pas de division de la société. Il y a des partis qui ont l’expérience dans la gestion et qui sont capables de répondre à des situations complexes. Il va falloir trouver de nouvelles solutions, avoir un discours envers les jeunes et faire des évolutions dans la sérénité.

Des partis ont appelé au boycott des législatives. Les élections, selon eux, ne vont pas changer les choses. Vous en pensez quoi ?

Les sociétés modernes se construisent sur les institutions, lesquelles doivent refléter une diversité dans le respect des valeurs communes. Ce qui va nous renforcer, c’est d’avoir des débats à l’intérieur des institutions sous le contrôle du peuple. Nous pouvons évoluer dans ces règles du jeu, trancher les questions complexes et faire nos choix. Je respecte ceux qui ont appelé au boycott. Je ne les condamne pas.  Chacun a un avis à exprimer mais nous n’avons pas les mêmes perceptions. Les avis divergents doivent s’exprimer à l’intérieur des institutions et pas en dehors. Nous appelons les Algériens à venir voter, à construire leur avenir et à contrôler ceux à qui ils donnent leur confiance. Au FLN, si nous sommes élus, nous ouvrirons des permanences pour garder le contact avec les citoyens et construire dans la durée un nouveau lien entre les politiques et les mandats qui leur sont donnés.

Quelles sont les grandes lignes de votre campagne à Alger ?

Nous faisons une campagne de proximité en nous intéressant aux problèmes de l’ensemble des habitants de la wilaya d’Alger. Nous essayons de voir comment renforcer les solutions déjà retenues (par le gouvernement, NDLR) dans les domaines de l’économie, de la création d’emploi, du logement, de la santé, de l’éducation. Par exemple, il est prévu 250.000 logements à la wilaya d’Alger pour réduire l’habitat précaire. 50.000 ont été distribués. Il faut continuer à répondre à ce besoin, réfléchir à des modes de financement, pas uniquement publics, des nouveaux programmes et suivre le plan d’Alger 2035 pour en faire une métropole ouverte sur le monde. Il faut améliorer la qualité de vie, ouvrir de nouveaux d’espaces de loisir comme au niveau des Sablettes. La vie nocturne algéroise s’est déplacée vers d’autres lieux : El Achour, Draria, Bab Ezzouar… Le centre-ville n’est plus habité comme avant et se vide le soir. Une grande partie de la population habite d’autres communes, parfois éloignées du littoral.

Quelles sont les priorités pour Alger ?

Il faut d’abord terminer le programme en cours d’exécution. Il ne faut pas faire marche arrière. Il faut qu’Alger attire, en tant que métropole, les investissements sur notamment la connaissance et les services. La capitale peut devenir le moteur pour le reste de l’Algérie.

Après les élections, il y a aura un gouvernement de majorité, probablement plurielle. Allez-vous réintégrer l’Exécutif, si on vous le demande ?

Pour l’instant, ma mission est d’emmener la liste du FLN dans les meilleures conditions, d’aller dans les quartiers populaires parler avec les gens et de les convaincre.

Le FLN sera-t-il majoritaire ?

À Alger, nous sommes en compétition. Nous avons la volonté de gagner. Ceux qui peuvent décider de notre sort sont les citoyens.

Il n’y a pas de quotas de sièges ?

On peut parler de quotas de sucre ou d’huile ! Là, on est dans un jeu démocratique. Il y a assez de garanties pour que les élections soient transparentes.

Quelle est la place du FLN aujourd’hui dans l’échiquier politique algérien ?

C’est un parti qui est dans le continuum de l’Histoire du pays. Il représente des valeurs de nos aînés qui se sont sacrifiés pour un idéal. Le FLN a grandement contribué au retour de la stabilité dans le pays. Et j’espère qu’il représente un futur et un changement rationnel et progressif, sans dérapage. Le FLN veut renouveler son discours et son offre politique sans s’éloigner de ses valeurs et de son ancrage historique et culturel. On peut s’appuyer sur ces valeurs pour construire une modernité.

Vous avez adapté un look particulier et décontracté pour la campagne électorale…

Parce qu’il faut être proche du peuple, être au service des gens et aller les voir là où ils sont. Parfois, sans se rendre compte, on crée une barrière. Le costume donne une allure officielle et solennelle. Quand j’étais ministre, j’ai toujours voulu rester proche des acteurs de l’économie réelle. Il faut toujours avoir une vision proche de la réalité et continuer à la nourrir par le contact et le travail participatif. On est content après que les gens nous adoptent pour cela. La démarche, les valeurs et le mode d’habillement sont liés. Nos citoyens veulent cette simplicité et cette proximité.

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