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Tourisme et privatisations : le cri d’alarme du patron de l’hôtel El Hidhab

Tourisme et privatisations : le cri d’alarme du patron de l’hôtel El Hidhab

F.M.
Photo prise lors de la conférence de presse, tenue ce jeudi 25 janvier, en après midi, à l'hôtel.

Abdelhamid Madani, gérant de l’hôtel El Hidhab de Sétif, a lancé, jeudi 25 janvier, lors d’une rencontre avec la presse, un véritable cri d’alarme. Il demande l’envoi d’une commission d’évaluation pour étudier la situation d’un établissement racheté à l’État par la société Sofafe en 2006.

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« Nous demandons depuis trois ans, sans être entendu, l’envoi de cette commission pour juger nos engagements contractuels. Qu’ils viennent voir de près comment est l’hôtel aujourd’hui. Comment nous avons rénové la réception et une partie des chambres. Qu’ils viennent voir aussi les investissements que nous avons engagés avec la construction d’un terrain de football et d’un Spa avec un jacuzzi et un doctor fish. Nous continuons les travaux de rénovation », a-t-il déclaré.

À l’intérieur de l’hôtel El Hidhab. (Crédit : F. M. ©)


Abdelhamid Madani ne sait plus s’il doit continuer à engager des investissements pour réhabiliter l’hôtel ou pas en raison d’une procédure judiciaire engagée contre lui depuis 2007 par l’EGT Est, ex-propriétaire public de l’hôtel pour retard de paiement et non-respect de clauses contractuelles.

« J’ai versé 30% de la somme de rachat qui est de 65 milliards de centimes. Dans le contrat, l’État me donne un délais de cinq ans pour assurer le paiement. L’EGT Est a engagé une procédure judiciaire pour annuler l’opération de rachat alors qu’elle aurait pu demander le complément du montant. Elle m’a envoyé des mises en demeure mais n’a jamais essayé de me contacter pour discuter et essayer de trouver un terrain d’entente. En 2012, j’ai reçu une lettre du directeur du Trésor public me demandant de payer ce qui reste. J’ai alors dégagé une somme équivalent de 40% du montant global de la transaction, c’est-à-dire 20 milliards de centimes. J’ai donc versé 70% du montant exigé. Et, bien entendu, l’EGT Est a refusé cette somme disant que l’affaire est en justice et qu’une expulsion a été prononcée. En 2008, nous avons proposé un chèque de 4 milliards de centimes sur les onze que nous devions payés demandant un délais d’une semaine pour compléter. Nouveau refus de l’EGT Est. Il y a eu un jugement disant que les parties contractantes reviennent à la situation initiale d’avant signature. Nous avons demandé alors à être remboursés pour les sommes versées sans être sûrs de recevoir des compensations sur les montants investis », a détaillé Abdelhamid Madani qui craint de sortir totalement perdant de cette opération.

À l’intérieur de l’hôtel El Hidhab. (Crédit : F. M. ©)


Le CPE a annulé la vente d’El Hidhab

Il a précisé avoir maintenu les 65 employés de l’hôtel avant le départ à la retraite avec indemnisation d’une trentaine d’entre eux depuis 2006. Le gérant, qui ne désespère pas de garder son bien, se dit prêt à payer ce qui reste. « Le problème est que le CPE (Conseil des participations de l’État) a annulé récemment la vente de l’hôtel El Hidhab, sans même m’informer, me consulter ou prendre mon avis. Le CPE a annulé aussi la vente de l’hôtel Ryad à Sidi Fredj et Maghreb à Oran. Sincèrement, je ne comprends pas ce qu’ils veulent exactement. Il y a de fortes résistances de la part de ceux qui ne veulent pas que l’État lâche les hôtels, parce qu’ils sont les premiers à en profiter, eux et leurs familles », a-t-il accusé.

Abdelhamid Madani a beaucoup d’idées pour l’hôtel El Hidhab après avoir investi l’équivalent de 30 milliards de centimes dans la rénovation de l’établissement. Classé trois étoiles, l’hôtel El Hidhab, situé au Boulevard de l’ALN, en plein cœur de Sétif, à côté du centre commercial Park Mall, a été mis en exploitation en janvier 1979. Il compte actuellement 71 chambres sur trois étages, 2 restaurants, 1 cafétéria, une piscine, une grande kheima, un hammam turc, un parc animalier et un terrain de football.

À l’intérieur de l’hôtel El Hidhab. (Crédit : F. M. ©)

« Je n’ai aucune garantie »

« Je suis prêt à investir encore, à changer complètement le visage de l’hôtel. Je veux, par exemple, élargir la réception, transformer la façade d’entrée pour qu’elle ressemble à celle de l’hôtel El Djazair à Alger. Je projette de construire un aqua-park avec un manège pour enfant à côté de l’hôtel pour attirer plus de clientèle. Je travaille aussi pour ouvrir une salle de sport et pour élargir le terrain de football. Nous voulons que nos équipes ne partent plus en Tunisie. Nous voulons qu’elles restent à Sétif Mais, je n’ai aucune garantie. Je ne suis pas rassuré. Demain, ils peuvent venir m’expulser. J’ai dit que je suis prêt à tout payer y compris les pénalités de retard. Là, ma situation ressemble à un pilote d’avion qui navigue à vue sans éclairage et sans balises d’atterrissage. Malgré cela, l’hôtel continue de fonctionner », s’est désolé Abdelhamid Madani.

Il a regretté qu’aucun responsable du ministère du Tourisme, du CPE ou de l’EGT Est n’ait pris la peine d’accompagner les responsables de l’hôtel dans le transfert de propriété. « Alors qu’il s’agit d’une véritable aventure. Ils auraient pu nous soutenir surtout qu’il s’agissait d’une première expérience dans le domaine de l’hôtellerie. Un hôtel n’est pas une baraque. Même si nous n’avions pas respecté les délais ou une clause, il faut toujours voir l’intérêt des travailleurs et de l’hôtel», a-t-il noté.

« Nous pouvons faire plus… »

L’hôtel El Hidhab est le premier hôtel public privatisé en Algérie. Depuis, l’hôtel Es-Salem de Skikda a été racheté par un particulier alors que l’opération de privatisation de l’hôtel Panoramic de Constantine demeure toujours dans le flou après la rénovation totale de l’établissement. El Hidhab, qui est fortement concurrencé par les nouveaux hôtels à Sétif comme Best Western Plus, Ibis, El Kenz, Nova, Novotel et Tadj El Maouda, reçoit régulièrement des délégations sportives et se prépare à recevoir des groupes touristes tunisiens en février. « Nous pouvons faire plus pour améliorer les infrastructures, la qualité de service et l’offre touristique. Mais, là, nous sommes bloqués. Nous ne savons pas quoi faire. Cela fait plus de dix ans que nous leur disons nous sommes prêts à payer, ils ne veulent rien savoir. Ils font tout pour récupérer l’hôtel en parlant au nom de l’État. Quelqu’un est venu nous faire une proposition pour lancer une promotion immobilière, nous avons refusé », a confié, le ton amer, Abdelhamid Madani qui dit avoir saisi l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal et l’actuel ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui sur cette affaire.

Il a accusé ouvertement l’ex-ministre du Tourisme et ancien wali de Sétif Nouri Abdelwahab de l’avoir bloqué et d’avoir provoqué la procédure de déprivatisation d’El Hidhab.

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