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Vaccins, Covid-19 : entretien avec le représentant de l’OMS en Algérie

Vaccins, Covid-19 : entretien avec le représentant de l’OMS en Algérie

François Nguessan est le représentant de l’OMS en Algérie. Dans cet entretien, il revient sur la légère hausse des contaminations au Covid-19 en Algérie, les appréhensions autour du vaccin AstraZeneca, la campagne de vaccination anti-Covid…

Après une période d’accalmie, les contaminations au Covid-19 sont reparties légèrement à la hausse en Algérie. Faut-il s’inquiéter ?

En épidémiologique, lors d’une épidémie, ce n’est pas une ligne droite. On a des accélérations, des ralentissements, des stabilisations. En Algérie, on a constaté une légère tendance à la hausse depuis une semaine.

Mais sur le plan épidémiologique, ce n’est pas très significatif. Ce n’est pas un rebond, mais il faut surveiller cette augmentation pour qu’elle ne prenne pas des proportions.

Il y a une aussi une hausse du nombre de décès dus au Covid-19…

Oui, dans la courbe d’une épidémie, ces choses sont normales. Il suffit qu’il y ait un petit relâchement dans la population que cela se répercute sur ces chiffres.

Ce n’est pas tellement l’augmentation qui pose problème mais c’est ce que nous faisons pour la freiner. Ce n’est pas la première fois en Algérie qu’on constate une augmentation sur une semaine. L’essentiel c’est que les mécanismes soient en place pour maîtriser la situation.

Quels sont ces mécanismes ?

Cela fait plus d’un an depuis que l’Algérie a mis en place des mécanismes de surveillance, de prise en charge et de contrôle de cette épidémie.

Il y a le respect des mesures de prévention mais il y a aussi la vaccination qui n’a pas réellement démarré en Algérie. Pourquoi ?

Je ne sais pas. Pour moi, la vaccination a démarré en Algérie…

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La vaccination a démarré mais le rythme est très lent. L’OMS appelle à une équité dans la distribution des vaccins, mais cela tarde à se concrétiser…

Ces appels sont vis-à-vis de la communauté internationale et des producteurs de vaccins pour que l’Afrique ne soit pas oubliée.

Parce que tant que l’épidémie n’est pas maîtrisée en Afrique, il ne faut pas que les pays occidentaux pensent qu’ils vont s’en sortir. C’est pour cela que l’OMS rappelle fréquemment à ses donateurs et aux pays développés qu’il faut qu’il y ait une équité dans la distribution des vaccins.

Je pense que ces appels sont bien compris et qu’ils prendront les dispositions afin que l’Afrique puisse bénéficier des doses de vaccins de façon équitable.

L’OMS a promis des vaccins aux pays à revenus faibles via le dispositif Covax. Un quota était prévu, mais il été réduit. Pourquoi ?

Il y a eu une demande mondiale très forte sur les vaccins. On devait livrer une certaine quantité qui a été divisée par deux, mais le quota global de l’Algérie n’a pas été limité. C’est au niveau du la répartition qu’il y a eu un changement, mais le quota de l’Algérie demeure le même.

Le vaccin AstraZeneca a été suspendu par certains pays à cause des effets indésirables, rares mais graves. Que dites-vous aux personnes qui hésitent ou refusent à se faire vacciner avec ce vaccin ?

Je suis épidémiologiste. Je travaille à l’OMS depuis des décennies. Je connais les campagnes de vaccination. Je connais les vaccins que l’OMS utilise dans le monde.

Les effets indésirables, ce n’est pas nouveau. Tous les vaccins que nous utilisons pour vacciner nos enfants ont eu des effets indésirables. Sauf que cette fois-ci, c’est une pandémie mondiale. Tous les flashs sont braqués dessus. C’est pour cela que les effets indésirables sont amplifiés. Sinon, les effets indésirables liés aux vaccins contre la rougeole, contre le BCG, ils ont toujours existé.

Maintenant, il faut faire la part des choses. Il y a eu combien d’effets indésirables par rapport au nombre total de doses administrées ? Si vous avez une dizaine d’effets indésirables sur des millions, il faut faire la part des choses.

Je ne dirais pas que dix vies ne valent pas la peine d’être vécues, mais qu’est-ce que vous direz de dix vies par rapport à des millions de vies qui auraient pu être perdues sans ces vaccins. C’est là qu’il faut savoir raison garder et faire son appréciation en fonction des bénéfices que donne ce vaccin par rapport aux éventuels effets indésirables.

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Faut-il continuer à utiliser ce vaccin ?

Bien sûr qu’il faut continuer à utiliser ce vaccin, surtout en Afrique où nous n’avons pas d’autres. Certains pays européens peuvent se permettre de faire un break et utiliser d’autres vaccins, mais chez nous en Afrique, beaucoup de pays n’ont pas d’autres alternatives que ce vaccin.

Vous n’allez pas arrêter ce vaccin parce qu’il y a eu dix cas qui ont enregistré des effets indésirables quelque part. Chez nous, heureusement, ce vaccin n’a provoqué aucune perte en vie humaine ou aucun effet indésirable sérieux. Nous conseillons de continuer de vacciner avec ce vaccin.

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