En Algérie, l’euro poursuit sa hausse face au dinar sur le marché noir des devises, dopé par le retour à l’importation des véhicules de moins de 3 ans.
Alors qu’il s’échangeait à 215 dinars algériens en janvier dernier, l’euro a atteint mercredi 1er mars la valeur de 224,5 dinars. Ce dimanche 5 mars, la valeur de la monnaie unique européenne a encore augmenté face au dinar sur le marché noir des devises en Algérie.
Un euro s’échange désormais à 225 dinars, un seuil historique que la monnaie unique n’a jamais atteint en Algérie. Sur le marché officiel interbancaire, un euro est cédé à 144,91 dinars, selon les cotations de la Banque d’Algérie.
L’euro poursuit sa hausse face au dinar sur le marché noir des devises
Selon les cambistes, la hausse de l’euro sur le marché noir des devises en Algérie est due en partie à l’entrée en vigueur lundi 27 février de la réglementation relative à l’importation des véhicules de moins de 3 ans.
Cette réglementation précise que la transaction d’achat du véhicule de moins de trois ans doit se faire avec les devises propres de l’acheteur.
Il était prévisible que les personnes intéressées par l’acquisition d’une voiture de moins de trois ans allaient se ruer vers le marché parallèle de la devise pour financer leur transaction.
Concrètement, l’acheteur est dans l’obligation de se diriger vers le marché parallèle pour avoir la somme de la voiture qu’il a ciblée en euro puis la déposer en banque pour faire la transaction. Dans ce contexte, le retour à l’importation des voitures d’occasion est un beau cadeau aux barrons qui contrôlent le marché noir des devises.
La hausse de l’euro sur le marché noir des devises est une mauvaise nouvelle pour les Algériens qui veulent importer des véhicules de moins de trois ans. Ces derniers qui coûtent déjà cher ne seront pas à la portée de la majorité des Algériens.
Véhicules de moins de 3 ans : des prix prohibitifs
Sur le site spécialisé français L’Argus, on peut trouver une Peugeot 208 essence, année 2023 avec 20 km au compteur, pour près de 15.500 euros (hors taxes), ce qui signifie que son prix en Algérie, au taux actuel de l’euro sur le marché des devises, dépasserait 3,5 millions de dinars, sans compter les frais de transport et les taxes à payer pour son dédouanement.
Autre exemple : une Renault Clio V, année 2022, avec 14.900 km au compteur, pour près de 15.500 euros hors taxes, soit près de 3,5 millions de dinars, sans compter les taxes et les frais de transport.
Sur le même site, on peut trouver une Volkswagen T-roc pour 26.500 euros en hors taxes, soit près de six millions de dinars, sans compter les taxes et les droits de douane ainsi que les frais de transport.
Avec un euro à 225 dinars sur le marché noir, un véhicule qui coûterait 10.000 euros en France, reviendrait en Algérie à 2,25 millions de dinars. À cette somme, il faut ajouter les droits de douane, la TVA et autres taxes à payer en Algérie, soit près de la moitié de son prix en hors taxes.
Pour les véhicules, le Code des douanes algérien comprend 30 % de droits de douane, 2 % de taxe TCS, 19 % de TVA en plus de la TVA au même taux sur les 32 % des droits de douane et de la TCS, soit 6,08 % de la valeur déclarée du véhicule. En tout, l’importateur d’une voiture d’occasion essence devra s’acquitter de 57,08 % de la valeur du véhicule en hors taxes (sans TVA). Cette valeur est calculée au taux de change officiel de l’euro qui est actuellement de 144,91 dinars.
Toutefois, ces taxes pourraient changer en fonction de la nature du moteur du véhicule et de sa cylindrée.
Dans un communiqué publié mercredi 1er mars, la Direction générale des douanes a indiqué que les véhicules d’occasion de moins de trois ans bénéficieront de réduction des droits et taxes à hauteur de 80 % pour les véhicules électriques qui coûtent plus chers à l’achat et qui nécessitent une infrastructure de chargement dont l’Algérie est dépourvue.
Pour les véhicules à moteur à piston alternatif, à allumage par étincelle (essence) ou hybride (essence et électrique), dont la cylindrée est égale ou inférieure à 1800 cm3, la réduction est de 50 %.
Enfin pour les véhicules du même type dont la cylindrée est supérieure à 1800 cm3, la réduction est de 20 %.